Des dizaines de citoyens de la Pointe-de-Sainte-Foy ont encore une fois revêtu leurs bottes et se sont salis pour nettoyer le boisé Neilson, samedi. Les Amis du boisé Neilson espèrent que cette mobilisation saura convaincre la Ville de Québec d’une «préoccupation» de conserver le milieu naturel.
«Pour la communauté, l’importance de conserver le boisé Neilson fait certainement consensus», déclare Daniel Desroches, porte-parole du regroupement citoyen.
Développement?
Il continue de plaider pour que la forêt urbaine ne disparaisse pas au profit de projets résidentiels. Mais un immeuble à condos a déjà émergé de terre à l’extérieur, bien que tout près du périmètre du boisé, et un terrain à l’angle de l’avenue des Compagnons et du boulevard Neilson a été vendu.
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La Ville de Québec lui assure qu’aucun développement n’est prévu à cet endroit et qu’il n’est pas non plus dans les plans d’autoriser quelconque projet dans le carré vert entouré du chemin des Quatre-Bourgeois, des boulevards Pie-XII et Neilson et de la rue Valentin. Dans une réponse adressée au Soleil en mars dernier, le porte-parole David O’Brien garantit que nul ne peut construire sans l’aval de la mairie.
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Malgré cela, M. Desroches ne démord pas.
«Les citoyens s’inquiètent quand on voit où est rendu le développement. Alors, après ça va être quoi? Tranquillement, ça avance et il reste juste le périmètre du boisé Neilson, parce que tout autour a été vendu ou développé.»
En plus, le tracé du tramway prévoit que les rails passeront non loin de la forêt. Pour M. Desroches, le compromis semble simple: «le transport structurant oui, mais en faisant le maximum pour les arbres», défend-il.
Le danger, anticipe ce professeur en éthique environnementale, c’est que le tramway ne devienne un prétexte pour «densifier» les alentours.
La canopée c’est un patrimoine naturel qui appartient à une communauté. Le développement c’est une chose, mais la forêt de nos enfants, ce n’est pas moins important.
«La Ville de Québec a défini le secteur du boisé Neilson comme un secteur prioritaire de développement. Ça ne veut pas dire qu’il y a des projets sur la table ni qu’elle a l’intention qu’il en ait, mais il faut admettre qu’il pourrait y en avoir», rétorque-t-il.
D’autant plus que des promoteurs immobiliers détiennent plus de la moitié du terrain. Avec la règlementation en place, «ça pourrait aller très vite», puisque «le seul usage permis est celui de parc, mais il s’agit d’un usage qui est transitoire, en attente d’un nouveau zonage», continue de craindre le militant.
«Optimisme»
Avec maintenant plus de 5500 signataires d’une pétition pour la conservation de l’«écosystème forestier exceptionnel», il croit toutefois que l’administration Labeaume a entendu quelques-uns des arguments du groupe les Amis du Boisé Neilson.
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La conseillère du district de Limoilou et membre du comité exécutif Suzanne Verreault a promis, le 3 mai dernier, d’engager prochainement un dialogue avec les citoyens. Ces derniers envisagent donc l’avenir avec plus d’«optimisme» que par le passé.
«La main tendue pour entamer un dialogue sur la forêt urbaine, j’y crois. J’ai espoir qu’il pourrait être constructif». Le cadre de la discussion n’a par contre pas encore été déterminé.
Pour lui, le dossier de conservation de la canopée urbaine pourrait même devenir un enjeu électoral, en vue du prochain scrutin municipal de novembre.
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Des élus de divers paliers de gouvernement et des candidats à la mairie de Québec ont d’ailleurs soutenu l’initiative de citoyens samedi, lors d’une corvée de nettoyage. Un «message clair qui atteste l’attachement de la communauté fidéenne au boisé», selon l’instigateur du mouvement. Et pas seulement dans ce boisé, ajoute le porte-parole, mais pour toute la canopée urbaine, constate-t-il. L’abattage d’arbres sur le site de la future maison des aînés près de l’église Saint-Louis-de-France et le long du boulevard Hochelaga a aussi fait jaser.
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«À partir du moment où des candidats commencent à en parler, parce que ça devient une préoccupation collective, la cause avance et il y aura peut-être des engagements pour faire plus et faire mieux», envisage M. Desroches, qui demande à ce que la coupe d’arbres s’accompagne d’une «justification publique».
Pour les prochaines fois.
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CE QU’ILS ONT DIT
Joël Lightbound, député fédéral de Louis-Hébert
«La forêt urbaine est une richesse collective et il faut en prendre soin. Il faut aussi éviter qu’elles rétrécissent davantage […] J’ai été élevé sur le boulevard Neilson dans un appartement où on n’en avait pas trop grand, mais ma mère me disait tout le temps que les parcs, la plage Jacques-Cartier, le boisé Neilson, ce sont une richesse collective. […] Ça a une valeur inestimable, il faut en prendre soin.»
Jean Rousseau, conseiller du district du Cap-aux Diamants et chef de Démocratie Québec
«C’est un boisé qui a survécu à tous les aléas du climat, il est magnifique, il est extraordinaire. Mais il est fragile, il est en danger. Quand on pose la question, on nous dit qu’il y en a en masse des espaces verts, ceux-là ne sont pas trop d’intérêt et ça ne paraîtra pas. C’est ça le problème, on a toujours une excuse. Les plus belles initiatives ici à Québec c’est des initiatives citoyennes. Le boisé des Compagnons, c’est des citoyens qui ont fait en sorte qu’on soit sensibilisés et qu’il y ait des mesures de protection qui soient mises de l’avant. Sans les citoyens, il n’y a pas de boisé.»
Bruno Marchand, chef de Québec Forte et Fière
«Vous avez notre appui, on sera là parce qu’on y croit. Chez moi, à Limoilou, ma mère ramassait les samares qui tombaient des arbres et le voisin descendait chaque fois pour lui dire ‘’Thérèse, arrête de faire ça, la Ville va le faire’’. Et ma mère répétait chaque fois, «la Ville, c’est moi». Pour moi c’est toute la force de la ville qu’on veut construire avec vous: cette ville citoyenne, cette ville engagée, cette ville où les projets partent de la base et rayonnent et ont un impact pour les citoyens.»
Anne-Marie Thivierge, candidate de Transition Québec dans le district du Plateau
«Je suis intervenante dans la vie et écologiste convaincue, donc je vois tout l’attrait pour la santé mentale. On en parle beaucoup en temps de COVID, la santé mentale c’est important. Ça vient tous nous nourrir humainement. Transition Québec, c’est un parti qui est résolument écologiste.»
Jean-François Gosselin, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de Ville de Québec et chef de Québec 21
«Ce que vous démontrez par votre mobilisation, ça fait en sorte que les élus on est sensibles à ça. Ne vous arrêtez jamais aux belles paroles, les belles paroles doivent devenir des actions concrètes. Je veux vous remercier pour ce que vous faites pour les arbres partout en ville, on a une belle ville, de beaux cours d’eau, donc c’est important de les préserver et que les citoyens soient impliqués et disent haut et fort qu’ils veulent préserver leur ville à l’échelle humaine. Ça va être un enjeu électoral, mais il n’y aura pas de débat là-dessus. On va en avoir sur d’autres enjeux, mais sur celui-là on est d’accord.»