Très «évocatrice», «imagée» et «accessible», la pièce écrite au 19e siècle était parfaite pour la «forge artistique» que souhaitaient mener les Violons du Roy.
«Le carnaval des animaux était à l’origine programmé dans notre saison. […] L’idée, c’était vraiment de faire vivre aux jeunes une expérience de théâtre musical ou d’œuvre multidisciplinaire donc il y a plusieurs axes», explique Raphaël Dubé, violoncelliste et codirecteur du projet.
La suite de Saint-Saëns se développe en quatorze mouvements distincts dont chacun d’eux est consacré à un animal, souligne le musicien. Guidés par lui, les enfants ont tout d’abord pu décortiquer, explorer et réfléchir sur la poésie de la chanson et sur ses différentes parties.
Crier, bouger, frapper, déchirer du papier ou encore «dessiner avec quatre crayons en même temps» : le deuxième volet du projet était quant à lui réservé à l’expression artistique. Accompagnés par la chorégraphe Annie Gagnon et la scénographe Danielle Boutin, ils ont notamment pu créer une danse et des masques à partir de la pièce musicale.
Tous les élèves de l’école Saint-Jean-Baptiste ont quant à eux été invités à participer à la mise en place de murales colorées pour illustrer les quatorze sections. Ce travail a d’ailleurs été monté par les stagiaires du baccalauréat en enseignement des arts plastiques de l’Université Laval.
Pandémie oblige, les ateliers ont dû être suspendus lors de l’entrée en vigueur des mesures d’urgence dans la capitale. Un événement qui a contraint la plupart des plans de l’équipe.
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Si le concert de vendredi devait rassembler tout le travail des enfants et signer la fin du grand projet multidisciplinaire, la prestation virtuelle en direct du Palais Montcalm servira surtout aux musiciens à échanger avec les jeunes, même à distance.
Chorégraphies, masques et murales seront donc peaufinés lorsque les mesures sanitaires le permettront.
Afin de tout de même «garder des traces» de cette expérience, un «film d’art» est quant à lui en cours de réalisation. Captés et montés par les artistes Alexandre Berthier et Jacynthe Carrier, les extraits vidéo des ateliers éducatifs seront juxtaposés à la prestation musicale des Violons du Roy.
«Désacraliser l’art»
Au fur et à mesure des rencontres, l’école est devenue un réel terrain de jeu pour l’équipe, raconte Bruno Bouchard, artiste multidisciplinaire et codirecteur du projet éducatif.
Pour lui, le chemin qu’ils ont traversé avec les jeunes est plus important que l’œuvre finale.
«On est en train de s’impliquer dans un grand processus artistique auprès de plein d’enfants avec qui on vit toute une expérience. […] On travaille des concepts de contrastes. C’est l’observation de la nature, de la vie. C’est l’idée que pour avoir de la perspective, ça prend beaucoup gens différents, que l’on doit s’accepter comme on est. Finalement, c’est plus que de la musique.»
Si les deux hommes ont mis en place une structure générale, il en revenait aux élèves de «défaire les codes» et de bâtir leurs propres œuvres inspirées du Carnaval des animaux.
«On les guide pour que leur imagination se dévoile et se développe. C’est vraiment ça notre rôle», souligne Raphaël Dubé.
Raphaël Dubé et Bruno Bouchard dressent jusqu’à maintenant un bilan fort positif de cette expérience humaine qui leur permet de s’impliquer non seulement dans leur milieu, mais aussi auprès des jeunes. Bien qu’il soit trop tôt pour parler de la suite de ce projet, le duo affirme avoir adoré inventer ce «véhicule» qu’ils espèrent «réutiliser» dans l’avenir.