Deuxième titre le plus regardé sur Netflix au Canada mardi, Le Serpent s'inspire librement de l'histoire du tueur en série Charles Sobhraj et de celle qu'on présente comme sa complice, la Lévisienne Marie-Andrée Leclerc. Bien réelle, l'affaire hautement sordide remonte aux années 70 et avait été suivie comme un feuilleton dans les journaux.
Ce Serpent, qui porte bien son surnom, c'est un psychopathe qui se fait appeler Alain, accessoirement marchand de pierres précieuses français, qui charme ses victimes en leur faisant miroiter beaucoup d'argent, avant de les droguer, de les faire disparaître de manière atroce et de voler leur identité.
Secrétaire médicale, Marie-Andrée Leclerc a fait sa connaissance lors d'un voyage en Inde en 1975. Elle est soudainement envoûtée par ce «Alain». Dès lors, ils entretiennent une correspondance enflammée.
«Je me languis de tes caresses et de tout ce que les prochaines semaines nous réservent», lui écrit-elle dans une de ses lettres roses, avant de tout quitter pour lui. Elle accepte même de changer son prénom pour Monique dans cette vie empruntée que ce playboy veut lui offrir, une alternative rêvée à son existence banale.
Elle découvre rapidement les véritables intentions de son gourou, qui utilise toujours le même stratagème diabolique. Et elle choisit de rester malgré tout. «Marie-Andrée hurle pour que tout s'arrête mais Monique, elle, n'a pas le choix», se dit-elle à elle-même.
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En parallèle, on suit l'enquête d'un diplomate hollandais en Thaïlande, Herman Knippenberg (Billy Howle), sur la disparition d'un jeune couple de touristes dans des circonstances vraiment étranges. Prise au sérieux par personne, la disparition de hippies ne suscite que rires et moqueries, jusqu'à ce que Knippenberg mette la main sur un journal intime, qui confirme ses soupçons. Le personnage est à peu près le seul vraiment attachant et sa quête pour trouver le coupable y est pour beaucoup dans l'intérêt de cette série.
Cette histoire est un film en soi. Il n'y a qu'à relire les journaux de l'époque pour comprendre à quel point le sort de Marie-Andrée Leclerc, condamnée ou défendue de part et d'autre, a fasciné la population.
Il faut souligner la qualité de la reconstitution d'époque, looks inclus, tout comme la trame musicale, qui nous sert Gainsbourg, Aznavour et Dutronc. Tahar Rahim, proclamé meilleur acteur aux César en 2010 pour son rôle dans le film Un prophète, excelle dans le rôle du Serpent. Chacune de ses apparitions donne froid dans le dos.
Bien que le suspense ne manque pas, la série abuse des sauts dans le temps, sans qu'on en sente réellement la nécessité. «Trois mois plus tard, quatre mois plus tôt...», tout ça devient parfois étourdissant.
À défaut d'engager une actrice québécoise – il n'en manque pourtant pas –, il aurait été tout simple de faire doubler les propos en français de l'actrice britannique dans un québécois potable. Mais chez Netflix, ces considérations sont secondaires; ils ont dû se dire: qui, à part les Québécois, feront la différence? On engage de vrais Français, de vrais Britanniques, de vrais Thaïlandais... mais une vraie Québécoise?
Si le doublage ne vous incommode pas, c'est pour une fois l'option la plus sage; la version française biffe le faux accent de Jenna Coleman. Reste que «Monique» de Lévis parle alors avec un accent français mais compréhensible. À vous de voir.
Revenue à Québec parce qu'elle souffrait d'un cancer incurable, Marie-Andrée Leclerc est décédée à 38 ans en 1984. Encore aujourd'hui, la véritable nature de son implication dans les meurtres de Sobhraj fait débat. Quant au Serpent, il est toujours en vie et purge une sentence à vie dans une prison népalaise.
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