Plaidoyer pour une université dont on peut réellement être fièr·e

L'Université Laval est une institution dite «carboneutre».

POINT DE VUE / Comme la plupart d’entre vous le savent peut-être déjà, l’Université Laval est une institution dite «carboneutre»*. Elle se considère comme exemplaire pour son offre diversifiée de cours en développement durable et se vante d’être une université verte et innovante – quelle chance d’étudier dans une telle institution! Or, certaines actions de l’Université ne semblent pas concorder avec l’image projetée, ce qui nous amène à remettre en question le fondement de ces affirmations.


Ce que plusieurs ne savent peut-être pas, c’est que l’Université Laval détient toujours des placements dans les énergies fossiles, et ce, malgré la promesse faite en 2017 de s’en retirer. Et d’ailleurs, la « carboneutralité » de l’Université Laval n’en est pas réellement une puisqu’elle exclut à peu près tout de son calcul – les mers de parking sur le campus, ça vous dit quelque chose? D’autant plus qu’il ne s'agit pas d’une carboneutralité zéro émission, mais bien d’une compensation réalisée en une étape facile : l’Université Laval achète la forêt Montmorency avant son annonce de carboneutralité, 397 km2 de forêt compensent alors pour les tonnes de carbone émises. Et voilà, le tour est joué! L’Université Laval est désormais une institution verte!

Ce n’est pas tout. D’une part, l’Université Laval compense en moyenne 27 000 tonnes de GES (en CO2 équivalent) annuellement pour se qualifier de carboneutre, mais elle est aussi partenaire de GNL Québec, une entreprise qui propose un projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel en plein milieu du fjord du Saguenay, allant de pair avec un projet de gazoduc qui, au total, représente l’émission de pas moins de 8,5 millions de tonnes de CO2, soit plus de 300 fois la compensation dont l’UL se vante. D’autre part, l’Université Laval se dit «ni pour ni contre» le projet Laurentia, un projet visant à transborder près de 700 000 conteneurs annuellement à Québec. Cependant, la rectrice, Sophie d’Amours, ne se gêne pas de promouvoir le projet Laurentia dans une vidéo promotionnelle du Port de Québec, qualifiant le projet d'«ambitieux». Plutôt contradictoire, non?

Que faire lorsque notre université adopte des positions qui vont exactement à l’encontre de ce que l'on souhaite pour notre futur? Ça fait déjà des années que la population étudiante s’indigne et demande mieux. Mme d’Amours, vous souvenez-vous du 15 mars 2019? du 27 septembre 2019? Des milliers d’étudiant·es sont allé·es jusqu’à faire la grève pour passer un message : il faut agir pour l’environnement, maintenant. Que faut-il faire de plus pour être écouté·es?

Pendant que des positions contestant les actions et orientations environnementales de l’UL s’accumulent dans nos associations, l’Université Laval, quant à elle, continue de s’enliser dans des projets qui vont à l’encontre des efforts nécessaires pour limiter les impacts de la crise climatique. Pour une université dont les slogans sont #FiertéUL et UL pour toujours, il n’y a actuellement pas de quoi être fier·e de porter la mention «Université Laval» sur son CV pour toujours.

En tant qu’étudiant·es, nous écoutons la science lorsque le GIEC nous dit qu’il faut faire des efforts considérables pour assurer un avenir viable. De la même façon, nous écoutons la science lorsqu’on nous demande de respecter les mesures sanitaires. Pourquoi alors l’Université Laval écoute-t-elle la science en ce qui concerne la COVID-19, mais pas pour assurer la santé de la planète? Les étudiant·es font leur part d’efforts et il est plus que temps que l’Université Laval fasse la sienne.

Pour que nous puissions réellement être fière·es de porter l’UL pour toujours, il faut :

 - Que l’Université Laval et toutes ses entités retirent leurs placements des énergies fossiles;

- Que l’Université Laval cesse de s’engager dans des projets dont l’acceptabilité sociale n’est pas démontrée ou qui vont à l’encontre de la lutte aux changements climatiques, incluant les cas de GNL Québec et Laurentia;

- Que l’Université Laval rétablisse un lien de confiance avec sa communauté. 

Écoutons la science.

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* Signé par plus de 200 étudiant·es, diplômé·es ou tout·e autre membre de la communauté de l’Université Laval. 

La liste complète des signataires est disponible ici

* https://www.ulaval.ca/developpement-durable/action-climatiqu