Celle qui oeuvre à La Voix de l’Est a eu l’idée de ce livre en jasant de l’avenir de la profession avec la journaliste indépendante Gabrielle Brassard-Lecours.
«On se rendait compte que, souvent, les voix qui se faisaient entendre, c’était celles des journalistes d’expérience qui ont vécu l’âge d’or des médias, et on sentait une espèce de nostalgie chez eux. Nous, on a encore l’impression d’être des débutants — malgré nos dix ans d’expérience — qui ne connaîtront jamais la stabilité. On voulait parler de notre vision de ce que devrait être le journalisme de demain, explique Marie-Ève. On parle toujours d’une crise perpétuelle, mais il y a aussi du bon à travers ça. Le journalisme aura toujours un avenir et il y aura toujours un besoin pour l’information. La beauté, c’est que cette information peut se réinventer.»
Pour alimenter cette réflexion, les deux femmes ont fait appel à d’autres représentants du métier, des «jeunes loups» qui en avaient aussi long à dire : Thomas Deshaies, Michaël Nguyen, Bouchra Ouatik, Émélie Rivard-Boudreau et Naël Shiab y partagent chacun à leur façon leurs perceptions et leurs aspirations.
«On voulait des journalistes de moins de 40 ans avec de l’expérience dans le domaine, tant des gars que des filles, qui provenaient de profil différent, tout en respectant la diversité», ajoute la jeune femme pour expliquer ce choix de collaborateurs.
La pige en région, la lutte aux fausses nouvelles, l’importance du slow information, le financement des médias, le journalisme de données, la passation des connaissances et la création de nouveaux médias viennent ainsi étayer la réflexion. Marie-Ève Martel, pour sa part, plaide pour l’intégration de l’éducation aux médias dans le système scolaire québécois.
Avenir de la profession
Bien qu’assez niché, le livre pourrait néanmoins intéresser bien des gens, croit-elle. «C’est d’abord un livre qui s’adresse à la relève, aux jeunes qui veulent se diriger vers le journalisme et aux personnes qui s’inquiètent pour l’avenir de la profession», affirme Marie-Ève Martel, en faisant remarquer que des écoles de journalisme ont déjà démontré de l’intérêt.
Tenir la barre de ce collectif avec Gabrielle Brassard-Lecours lui a permis d’élargir «ses angles morts». «Ç’a été un projet rassembleur. Comme codirectrice, ça m’a nourrie de lire le point de vue des autres, des points de réflexion auxquels je n’avais pas pensé.»
Et de quelle couleur est l’avenir des jeunes journalistes, selon elle? «Leur avenir est plus brillant qu’à l’époque où moi j’ai commencé. Quelqu’un qui veut vraiment pratiquer ce métier a plein d’opportunités pour le faire, que ce soit par un blogue, à la pige ou en lançant son propre média... Aujourd’hui, le modèle est moins traditionnel. C’est la quête d’information qui guide les journalistes plus que le fait d’avoir une carrière de 8 à 5.»
Publié chez Somme Toute, Prendre parole arrivera en librairie le 20 avril.
Quant à Marie-Ève Martel, elle est déjà plongée dans un autre projet, individuel cette fois. Elle signera Privé de sens - Plaidoyer pour un meilleur accès à l’information au Québec, la suite d’Extinction de voix, dont la publication est prévue pour le 6 octobre 2021.