Le vaccin d'AstraZeneca suspendu pour les moins de 55 ans au Québec

Le vaccin d'AstraZeneca suspendu pour les moins de 55 ans au Québec

Après avoir clamé sur tous les fronts que le vaccin d’AstraZeneca est efficace et sécuritaire, les autorités fédérales et provinciales en suspendent maintenant l’utilisation pour les personnes de moins de 55 ans.


Cette décision fait suite à une nouvelle recommandation du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), dévoilée lundi.

Le CCNI relève que «des cas rares et graves de caillots sanguins» ont été répertoriés en Europe, principalement chez des femmes de moins de 55 ans, à la suite de l’administration du vaccin. Les complications sont survenues de quatre à 16 jours après la réception du vaccin.

Aucun cas de ce genre n’a été répertorié au Canada jusqu’à présent.

Santé Canada, de son côté, n’a pas mis à jour les renseignements sur le produit pour refléter les nouvelles recommandations du CCNI. «Je peux comprendre que ça puisse porter à confusion, à première vue», a admis Supriya Sharma, conseillère médicale en chef à Santé Canada.

«Mais je pense qu’on est tous sur la même longueur d’onde, dans le sens que ce sont des cas très rares et nous devons continuer de les surveiller. (...) Il est raisonnable de prendre une pause pendant qu’on évalue la situation», a-t-elle expliqué.

Santé Canada a annoncé qu’il obligera les fabricants d’AstraZeneca et de Verity Pharmaceuticals/Serum Institute of India à fournir «une évaluation approfondie des avantages et des risques du vaccin selon l’âge et le sexe dans le contexte canadien».

Ce n’est qu’après ces nouvelles données que le Canada décidera s’il peut administrer le vaccin de nouveau aux moins de 55 ans.

En attendant, l’Agence de la santé publique du Canada recommande aux personnes de moins de 55 ans qui ont reçu le vaccin dans les 20 derniers jours de surveiller leurs symptômes.

Elles doivent consulter un médecin si elles ressentent de l’essoufflement, une douleur thoracique, un gonflement des jambes, une douleur abdominale persistante ou une apparition soudaine de maux de tête sévères, entre autres.

Le CCNI souligne que les décisions entourant la deuxième dose de vaccin aux personnes de moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose d’AstraZeneca «seront déterminées sur la base des données et recherches les plus récentes».

Les provinces, elles, ont déjà annoncé tour à tour qu’elles allaient se conformer à la nouvelle recommandation du CCNI. Elles en avaient été informées lors d’une rencontre, dimanche soir, et n’ont pas attendu l’annonce fédérale avant de décréter une pause dans la vaccination.

Ce n’est pas la première fois qu’AstraZeneca défraie les manchettes au Canada et, encore une fois, le CCNI et Santé Canada ont préconisé des approches différentes.

Le CCNI avait déconseillé aux provinces d’administrer le vaccin pour les personnes de 65 ans et plus, avant de changer d’avis environ deux semaines plus tard. Santé Canada, lui, n’avait pas bougé d’un iota, estimant que les études cliniques n’avaient révélé aucun problème.

Par la suite, les politiciens ont répété sur toutes les tribunes que le vaccin d’AstraZeneca était sécuritaire; les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault ont réitéré publiquement leur confiance envers le vaccin lors d’un point de presse conjoint le 15 mars dernier.

Les ministres de la Santé du Québec, Christian Dubé, et de l’Ontario, Christine Elliott, ont même insisté pour recevoir le vaccin d’AstraZeneca afin de combattre l’hésitation vaccinale.

«Ce vaccin a connu des hauts et des bas. On dirait des montagnes russes. Parce qu’il évolue, nous mettons aussi à jour nos recommandations», a reconnu la Dre Caroline Quach, présidente du CCNI.

À son avis, il faut calculer les bénéfices versus les risques dans cette décision. C’est pourquoi le comité recommande de suspendre la vaccination pour les plus jeunes tout en protégeant les plus âgés pendant que la COVID-19 et les variants gagnent du terrain.

Les conservateurs fédéraux, eux, voient cette affaire d’un autre oeil.

Dans un communiqué de presse, les députés Pierre Paul-Hus et Michelle Rempel Garner ont déploré le fait que les Canadiens reçoivent des «messages contradictoires» du CCNI et de Santé Canada au sujet du vaccin d’AstraZeneca.

C’est très préoccupant compte tenu du fait que des milliers de Canadiens de ce groupe d’âge ont déjà reçu le vaccin


Ils pressent donc le premier ministre Trudeau de faire preuve de plus de clarté sur les conseils de Santé Canada au sujet de l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca et demandent une réunion d’urgence du Comité de la santé pour faire le point sur cette affaire.

Jusqu’à maintenant, le Canada a reçu 500 000 doses d’AstraZeneca produites par le Serum Institute of India. Mardi, 1,5 million d’autres doses d’AstraZeneca doivent être acheminées des États-Unis.