L’équipe de chercheurs de la Faculté de médecine et de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval vient de recevoir une subvention de 2,2 M$ du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 pour mesurer les effets du virus sur les travailleurs de l’alimentation.
Dans un communiqué diffusé mercredi par l’Université Laval, le professeur Denis Boudreau, de la Faculté des sciences et de génie, explique que bien qu’on sache que les travailleurs de l’alimentation sont soumis à un risque élevé d’infection à la COVID-19 en raison de leurs contacts quotidiens avec un grand nombre de personnes, il n’y a pas encore de données précises sur leur taux d’exposition et sur la réponse immunitaire que cette exposition entraîne.
L’équipe suivra donc au cours des 24 prochaines semaines 450 travailleurs de l’alimentation provenant d’épiceries, de restaurants et de bars des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Un groupe de 150 travailleurs en quincaillerie sera également étudié pour fins de comparaison, précise l’Université Laval dans son communiqué.
«Les chercheurs prélèveront des échantillons sanguins afin de déterminer la présence d’anticorps contre le virus de la COVID-19 et d’établir la prévalence de l’infection chez ces travailleurs à risque, qu’il s’agisse d’infections symptomatiques ou non. Des prélèvements successifs après 12 et 24 semaines permettront de mesurer l’incidence de l’infection au cours des six mois que durera l’étude», détaille-t-on.
En plus des techniques sérologiques traditionnelles, les chercheurs utiliseront une méthode de détection optique mise au point par le professeur Boudreau et ses collègues Jean-François Masson et Joëlle Pelletier, du Département de chimie de l’Université de Montréal.
«Cette technologie, appelée spectroscopie par résonnance de plasmons de surface, utilise un faisceau lumineux pour détecter les anticorps du virus capturés sur une mince pellicule métallique. Cette technique permet d’évaluer rapidement la qualité de la réponse antivirale et l’affinité des anticorps pour le virus», explique Denis Boudreau, qui est aussi chercheur au Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval.
Un deuxième volet de l’étude aura pour objectif de mieux comprendre la réponse de l’ensemble du système immunitaire lors de l’infection au SARS-CoV-2, indique encore l’Université Laval dans son communiqué.
«Les chercheurs s’intéresseront tout particulièrement à l’immunité innée, qui permet une réponse rapide et non spécifique contre les agents infectieux, et à l’immunité cellulaire, qui peut protéger une personne contre une infection même en l’absence d’anticorps décelables. Ils étudieront le rôle joué par des cellules impliquées dans ces deux types d’immunité, les neutrophiles et les lymphocytes T, dans la qualité de la réponse immunitaire de chaque individu lors d’une infection au SARS-CoV-2», précise-t-on.
Selon la Dre Sylvie Trottier, de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, c’est la qualité de la réponse immunitaire dans son ensemble qui permet à plus de 80% de la population infectée au SARS-CoV-2 de ne pas développer de complications.
«Nous savons toutefois encore peu de choses au sujet de cette réponse. Nos analyses fourniront de nouveaux indices sur la manière dont les personnes sont outillées pour faire face à l’infection et pourraient contribuer à identifier des facteurs associés au risque de développer une infection sévère», expose la responsable du volet clinique de l’étude.
La Fédération du commerce de la CSN et l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, qui regroupent la majorité de membres du secteur de l’alimentation et des quincailleries du Québec, seront mises à contribution pour faciliter le processus de recrutement des participants.