Parmi ceux qui affutent leur argumentaire dans l’espoir de convaincre les candidats d’adhérer à leur cause, les citoyens militants des Amis du boisé Neilson ont fait un gros X sur le 7 novembre. «On va revenir à la charge bientôt», annonce le porte-voix du mouvement populaire, Daniel Desroches. «On va mettre un peu plus de pression.»
En fait, il a déjà commencé à fourbir ses armes. Vous avez peut-être lu le même Daniel Desroches dans Le Soleil, début février, lancer un cri de ralliement pour défendre les arbres de la capitale.
Le prof de philo et ses amis de la Pointe-de-Sainte-Foy veulent maintenant obtenir une nouvelle confirmation que la forêt du boisé Neilson sera protégée contre les promoteurs immobiliers propriétaires de plus de la moitié du terrain.
En fait, la Ville a déjà adopté un zonage de préservation pour l’ensemble du carré vert situé entre le chemin des Quatre-Bougeois, le boulevard Pie-XII, le boulevard Neilson et la rue Valentin. Le seul usage permis est celui de parc, confirment les documents d’urbanisme municipaux.
C’est quoi le problème ?
Quel est le problème alors ? Les Amis du boisé Neilson constatent la vente récente d’un lot au coin de l’avenue des Compagnons et du boulevard Neilson. Les arpenteurs y étaient récemment. Et un feuillet remis aux élus du conseil municipal que nous avons consulté confirme la transaction.
Les militants ne critiquent pas cette vente. Ils se doutaient qu’un entrepreneur allait y ériger des habitations. «Ce n’est peut-être pas la fin du monde», concède M. Desroches.
Il craint cependant que ce soit un prélude au morcèlement du reste du boisé.
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«C'est clair !»
«On leur a dit qu’il n’y avait pas d’intention d’avoir de développement à cet endroit. […] Il n’y a pas de développement prévu et on n’a pas l’intention d’autoriser de développement.»
Au téléphone, la conseillère municipale du district de la Pointe-de-Sainte-Foy, Anne Corriveau, semble un peu excédée. L’élue d’Équipe Labeaume dit ne plus trop savoir comment se faire comprendre par les Amis du boisé Neilson. «C’est clair ! La position de la ville, aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de développement.»
Mais, Mme Corriveau, serez-vous candidate aux prochaines élections municipales pour porter ce dossier ? La réponse, cette fois, n’est… pas claire. Élue en 2013 et 2017, Anne Corriveau attend que le maire Régis Labeaume se positionne avant de s’avancer. «Je suis en politique avec M. Labeaume, c’est M. Labeaume qui m’a amenée en politique.»
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Pas de rachat des terrains privés
La Ville de Québec assure que l’ensemble du boisé Neilson est protégé. L’administration municipale n’a cependant pas l’intention de racheter les grands terrains appartenant à des entrepreneurs privés qui se trouvent dans cette forêt urbaine.
Chef d’équipe aux communications, David O’Brien note que le boisé «bénéficie d’un zonage de conservation». Il ajoute que les promoteurs immobiliers propriétaires de lots dans ce quadrilatère ne pourront construire sans obtenir l’aval de la mairie.
«Tout développement qui requiert l’ouverture d’une rue, peu importe le secteur de la Ville, ne peut être réalisé qu’avec l’accord des instances décisionnelles de la Ville qui a la discrétion d’y procéder ou non», explique-t-il. «Ainsi, le fait de pouvoir développer un terrain n’est jamais garanti, peu importe le secteur.»
Il réitère la position officielle : «La Ville n’a pas l’intention d’autoriser le développement ou encore d’acheter des terrains.»
5 proprios, 7,7 millions $
Nous avons recensé 8 terrains composant le boisé Neilson. La Ville en détient trois.
Il reste donc 5 proprios privés que nous avons identifiés. La valeur de leurs lots au rôle d’évaluation municipal atteint 7,7 millions $, même s’ils n’ont pas, dans l’état actuel de la réglementation municipale, le droit de construire de bâtiments dessus.
- Industrielle Alliance : 2,48 millions $
- GM Développement : 1,09 million $
- Groupe Jacques : 1,345 million $
- W. Rourke : 1,745 million $
- Gouverco : 1,02 million $