Mimèsis : quand le public réinterprète la collection nationale du MNBAQ [PHOTOS]

Dès le début de la pandémie, le Musée national des beaux-arts du Québec s’est joint au mouvement international #museumchallenge, né sur Instagram.

Du papier hygiénique pour illustrer une coiffure du 18e siècle, un masque chirurgical qui recrée le ciel bleu : la pandémie teinte allègrement les soixante-dix œuvres de Mimèsis. Le projet de confinement, qui ne devait prendre forme que sur les réseaux sociaux, se déplace finalement en salle et sera accessible au public dès le 13 mars.


Dès le début de la pandémie, le Musée national des beaux-arts du Québec s’est joint au mouvement international #museumchallenge, né sur Instagram. Sur ses différentes plateformes, le musée québécois a demandé au public de recréer des œuvres de la collection nationale «avec des objets du quotidien».

Un défi qui a donné lieu à de surprenantes initiatives artistiques, avoue l’équipe du MNBAQ. À l’ombre du pommier (1903) de William Brymner et Horatio Walker, Autoportrait au chat (1945) de Mimi Parent, Mesdemoiselles Turnbull, filles de James Turnbull (1843) de Samuel Palmer et plusieurs autres toiles ont ainsi été reproduites avec beaucoup d’humour. Des gens de partout au Québec ont d’ailleurs participé au projet.

Inaugurée près d’un an, jour pour jour, après la première fermeture de l’établissement, Mimèsis témoigne de «l’appétit» du public pour la culture et l’art, en plus d’incarner «la vision [du MNBAQ] d’un musée à échelle humaine», affirme le directeur général, Jean-Luc Murray, en conférence de presse.

Dispersée dans les différentes salles de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec, Mimèsis a tout de même comporté quelques défis logistiques pour Anne-Marie Bouchard. La conservatrice de l’art moderne du MNBAQ a notamment dû retirer certaines œuvres principales pour installer les réinterprétations du public.

Dès le début de la pandémie, le Musée national des beaux-arts du Québec s’est joint au mouvement international #museumchallenge, né sur Instagram.

En raison de détails techniques, comme la qualité de la photo fournie par les artistes amateurs, l’équipe a opté pour de petits formats. Les œuvres originales, qui ont servi d’inspiration, ne sont d’ailleurs pas toujours présentes à leurs côtés puisqu’il s’agit, dans plusieurs cas, de réinterprétations et non pas de copie conforme.

«Les salles de nos collections permanentes ont toujours été clairement faites dans le but d’être ouvertes à l’interprétation du public. […] Pour nous, c’est une façon de retendre la main au public qui nous a aidés quand nous étions fermés. C’est une relation très importante pour nous», ajoute Anne-Marie Bouchard.

Volet scolaire

Après l’engouement suscité par le #museumchallenge, le MNBAQ a eu envie de lancer un projet similaire auprès des élèves du primaire et du secondaire. Cette fois-ci, les jeunes artistes ont dû s’inspirer de paysages hivernaux québécois.

Photo, collage, assemblage, peinture : l’équipe du MNBAQ a reçu près de 150 projets provenant des quatre coins de la province. Trente-cinq œuvres d’artistes originaires de Québec, Gatineau, Thetford Mines ou encore Natashquan ont été retenues.

Pour certains élèves éprouvant des difficultés scolaires, ce projet aura été une fierté et «leur réussite de l’année», raconte, émue, Justine Boulanger, chargée de contenu numérique.

Devant un choix initial qui ne représentait aucunement leur culture, des étudiants innus de Natashquan ont d’ailleurs eu envie de réinvestir les œuvres classiques en y intégrant une petite parcelle d’eux-mêmes, raconte également la responsable du volet jeunesse de Mimèsis.

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D’après l’Encyclopaedia Universalis, mimèsis est un mot grec qui signifie «création artistique considérée comme une imitation du monde.»