Les mauvais plis des «chiens de pandémie»

On reconnaît les «chiens de pandémie» parce qu’ils sont collés à leur maître en permanence, les moments de séparation ont été rares en raison du télétravail.

Plusieurs chiots ont trouvé un foyer pendant les derniers mois. On reconnaît les «chiens de pandémie» parce qu’ils sont collés à leur maître en permanence, les moments de séparation ont été rares en raison du télétravail.  


Ces fidèles compagnons se sont révélés d’excellents partenaires de confinement. Ils ont été habitués à une présence constante de leur maître à la maison, cadeau du confinement. 

Une routine s’est donc installée. Lorsqu’elle sera brisée avec le retour au travail des propriétaires de chiens, de nouveaux comportements pourront se présenter chez l’animal.  

«On peut retrouver principalement des problèmes d’anxiété. Ils vont pleurer, ils vont japper. Des fois, on veut bien faire, on veut qu’ils soient heureux, mais on peut créer une dépendance affective», soulève Nancy Gallant, éducatrice et coach en comportement canin chez SOS Bien-être canin

Mme Gallant encourage tout de suite les propriétaires de chiens à prévenir la séparation, avec de petites actions au quotidien.  

«On se dit souvent que le chien va s’habituer, mais la peur et l’anxiété, ça ne se règle pas tout seul. Il ne va pas s’habituer. Il aura besoin d’un processus de désensibilisation et ça ne sera pas le temps de le faire quand on sera de retour au travail à temps plein», explique l’experte en comportement canin.  

On peut retrouver principalement des problèmes d’anxiété. Ils vont pleurer, ils vont japper



Nancy Gallant suggère de se séparer de l’animal pendant une période de la journée, lui interdire l’accès à l’étage ou à la pièce du bureau lors des journées de travail.

«Souvent, je vois que le chien suit son maître à la toilette, il l’attend sur le tapis dans la douche. Juste fermer la porte de la salle de bain quand on y va peut être une première étape de séparation», indique Mme Gallant. 

Elle propose de commencer avec une courte séance de séparation, et ensuite augmenter graduellement le temps des épisodes.  

«Il faut faire des exercices de solitude, des petits gestes simples qui peuvent avoir tout un impact.» 

Ces problèmes de dépendance ou d’anxiété peuvent aussi se développer chez des chiens qui font pourtant partie de la famille depuis quelques années.  

«On vient changer la routine chez un chien, même s’il a déjà été habitué à être seul, il devra se réhabituer à l’être. Un chien peut désapprendre des commandes. On a tout changé avec la COVID. Le chien ne comprend plus rien. Il faut laisser un temps d’adaptation. On oublie l’autonomie du chien.» 

Prévenir l’abandon 

La crainte de Mme Gallant est que l'apparition de nouveaux comportements désagréables chez le chien entraînent une vague d’abandon. Depuis plusieurs semaines, elle en fait la sensibilisation pendant ses consultations.  

«On voit ce qui s’en vient, on le voit dans les consultations. Ce sont des comportements que les propriétaires ne voudront pas tolérer, ils n’auront plus le temps de les corriger, donc ils vont préférer se débarrasser du chien», redoute Mme Gallant. 

«Ce n’est pas pour mal faire! Les gens ne le réalisent pas. On peut trouver ça drôle, que le chien te suive partout, mais on prend ça à la légère, c’est maintenant qu’il faut régler ça», ajoute-t-elle. 

Les problèmes de dépendance ou d’anxiété peuvent aussi se développer chez des chiens qui font pourtant partie de la famille depuis quelques années.  

Ces changements chez le chien mélangés avec un soudain manque de temps pour s’occuper de son compagnon pourraient provoquer des abandons. Pour l’instant, on note une pénurie de chien pour l’adoption, ce pourrait être tout le contraire dans quelques mois. 

«On en parle beaucoup. L’anxiété demande beaucoup de travail et de temps d’implication. Ça nécessite un suivi plus long, on ne peut pas laisser le chien seul. Je sensibilise les gens à être prêt à le faire. Aussi bien travailler sur le problème maintenant pendant qu’on est encore à la maison», note Mme Gallant. 

L’experte en éducation canine est demeurée très occupée pendant la pandémie. Les propriétaires en profitent pour dresser un chiot ou corriger de mauvais comportements chez leur vieux compagnon. 

Le problème qu’elle voit le plus souvent depuis le début de la pandémie reste la dépendance à l’humain. Une certaine tendance se dessine, beaucoup de foyers se trouvent dans la même situation, avec un «chien de pandémie» dépendant.   

«Je le vois continuellement, c’est facile à reconnaître. Le chien focus sur l’humain. Il le suit partout et il a de la misère à se comporter une fois seul», termine-t-elle.