N’eût été une certaine COVID-19, nous aurions dû pouvoir prendre part à ce parcours à la fois ludique et instructif dès juin. Une deuxième tentative était prévue en octobre. Pas de chance là non plus, nouveau confinement. La prise trois nous arrive enfin ce jeudi. «Et cette fois, c’est la bonne», se réjouit le directeur général du MCQ, Stéphan La Roche, heureux de pouvoir enfin accueillir le public dans cette exposition créée à Paris, mais adaptée pour le public d’ici.
«On trouvait important de le faire et c’était d’autant plus facile que les Québécois et les Canadiens sont parmi les meilleurs au monde dans le domaine, observe M. La Roche. Les gens vont découvrir non seulement les effets spéciaux, mais aussi les talents d’ici qui se cachent derrière de grandes productions d’Hollywood ou d’Europe.»
Très orienté vers la participation des visiteurs, le rendez-vous a également été quelque peu modifié afin d’accueillir le public dans le respect des normes sanitaires imposées par la pandémie.
«Les gens vont pouvoir vraiment profiter de l’exposition en toute sécurité, malgré la COVID, assure le patron du MCQ. On a transformé les interactifs, on fournit un stylet pour pouvoir toucher aux boutons en toute sécurité. Il y a toutes sortes d’expériences à faire. On le fait avec la distanciation et ça se passe bien.»
En trois temps
Effets spéciaux! nous guide à travers trois étapes cruciales dans la réalisation d’un film : le bureau où naissent et se conceptualisent les idées, le plateau de tournage où sont captées les images et le studio où la magie trouve sa forme finale en postproduction.
Le tout se déploie avec un souci de mettre en exergue des procédés qui ont évolué au fil des innovations technologiques afin de servir l’imaginaire des réalisateurs. «Entre Georges Méliès et Denis Villeneuve», résume-t-on au MCQ.
L’univers de ce dernier nous accueille d’ailleurs dès la première salle, avec les illustrations créées par Martine Bertrand pour exprimer le langage des extraterrestres du film Arrival. Tout juste à côté, nous découvrons des dessins de Stéphane Dupuis documentant la transformation de l’acteur Jeff Goldblum dans le remake de La mouche par David Cronenberg. Un travail qui a valu au maquilleur et prothésiste québécois un Oscar en 1987.
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Dès le début de l’exposition, l’expertise d’ici est mise de l’avant. Et on voit vite qu’elle ne date pas d’hier avec ce clin d’œil au film de l’ONF Notre univers (1960), qui a semble-t-il influencé Stanley Kubrick dans l’élaboration de son 2001, l’Odyssée de l’espace...
Sur le plateau
La deuxième section, la plus imposante de l’exposition, nous amène sur un — ou plutôt des — plateau de tournage, où maints procédés, des plus anciens aux plus actuels, sont explorés : des machines ancestrales qui visaient à créer une illusion de mouvement aux trucages numériques qui ont donné vie au personnage de Gollum au grand écran.
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Les visiteurs sont invités à se prêter eux-mêmes au jeu en essayant l’arrêt de caméra à la Méliès, en déambulant devant un écran vert, en expérimentant la capture de mouvement du corps et des expressions du visage ou en s’adonnant à un exercice de plongée verticale.
Un bracelet muni d’un code à scanner permettra à chacun de garder une trace de sa visite et de repartir avec sa propre bande-annonce rassemblant les divers effets spéciaux dans lesquels ils ont tenu la vedette.
Dans cette même salle, le travail de maquilleurs est à l’honneur dans ce que l’expert en effets spéciaux Éric Falardeau, qui a contribué à la mise sur pied de l’exposition, a qualifié de «petit musée des horreurs».
Si la réplique par Erik Gosselin de l’actrice Sonia Vachon dans 5150, rue des Ormes capte l’attention et «trône» bien en évidence, des créations plus sanglantes (et pas nécessairement pour les yeux des tout-petits) sont à contempler plus à l’écart, avec des éléments des films Saint-Martyr-des-Damnés ou Blood Quantum.
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«Actuellement, on est reconnu pour notre expertise en effets visuels, mais aussi pour nos maquilleurs et prothésistes d’effets spéciaux, explique Éric Falardeau. Plusieurs sont reconnus mondialement. Ils ont commencé à la fin des années 80 ou au début des années 90 et se sont mis à travailler sur de méga-productions tournées à Montréal ou des films en coproductions tournés ici. On s’est retrouvé avec tout un bassin de créateurs qui ont contribué à mettre Montréal et le Canada sur la map. Aujourd’hui, quand des studios américains viennent tourner ici, ils savent qu’ils vont avoir des techniciens de grand renom. Si X-Men est tourné à Montréal, c’est eux qu’on appelle.»
Présents «partout»
Finalement, la dernière partie de l’exposition lève le voile sur le studio où les images et les effets sonores tombent en place et créent l’illusion sous les bons soins de graphistes et de spécialistes de l’informatique. C’est là que se créent des mondes apocalyptiques ou surnaturels… Mais c’est aussi là que se corrigent de petites imperfections ou disparaissent des éléments indésirables. Ne l’oublions pas : si on est tenté d’emblée de les associer au fantastique, à la science-fiction ou à l’horreur, les effets spéciaux sont partout…
«Dans une comédie romantique, aujourd’hui, il peut y avoir 150 plans avec des effets spéciaux qu’on ne voit pas, explique Éric Falardeau. On va enlever des bouts de rues, on va faire des effets cosmétiques sur le visage… Si ma mémoire est bonne, il y avait une soixantaine de plans avec des effets numériques dans Le parc Jurassique. En 20 ans, on est passé de ça, dans un film spectaculaire à effets spéciaux, à des films qui n’ont pas l’air d’avoir d’effets spéciaux, alors qu’ils sont partout...»
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Présentée par Netflix, l’exposition Effets spéciaux! se déploie au Musée de la civilisation jusqu’au 25 avril. Billets horodatés en vente au boutique.mcq.org/tickets
Afin de prolonger l’expérience, le MCQ propose pour la relâche une «Boîte à effets» vendue au coût de 24 $ et qui invite les familles à réaliser leurs propres effets spéciaux à la maison. Un site Web sera aussi mis en ligne prochainement.