Le sondage en ligne réalisé par Navigator auprès de 1200 adultes québécois montre que 86% des répondants affirment se sentir très bien (27%) ou plutôt bien (59%).
Malgré ce sentiment de bien-être chez une majorité de répondants, un important contraste est observé entre la première vague de la pandémie et la deuxième, qui a forcé le retour de mesures plus restrictives dans le but de freiner la transmission du virus.
Alors que 28% des répondants ont affirmé se sentir un peu ou beaucoup mieux qu’au printemps, 43% des personnes sondées se sentent moins bien que lors de la première vague.
Les Québécois «s’ajustent» et «font le mieux qu’ils peuvent» pour affronter la crise et ses dommages collatéraux, analyse André Turcotte, directeur associé chez Navigator, qui constate que le portrait de la santé mentale des Québécois est «loin d’être idéal» en ces temps de pandémie.
Les jeunes adultes de 18 à 24 ans sont ceux qui vont le moins bien. Dans cette tranche d’âge, 22% des répondants ont indiqué se sentir «plutôt mal» ou «très mal», alors qu’ils ne sont que 7% à se sentir ainsi chez les 65 ans et plus.
C’est dans la région de Montréal – durement touchée par la pandémie – qu’une dégradation de l’état de santé mentale s’est fait le plus sentir avec l’arrivée de la deuxième vague. Sur les quelque 500 répondants de la région métropolitaine, 46% ont affirmé qu’ils allaient moins bien que lors de la première vague. C’est au Saguenay–Lac-Saint-Jean que cette proportion est la plus faible, à 35%.
L’ennui
La mise sur pause des activités sociales et des rassemblements n’est évidemment pas sans conséquence. Dans 46% des cas, les répondants au sondage ont indiqué souffrir d’ennui, tandis que la solitude ébranle 29% des personnes sondées.
La dépression frappe aussi 15% des répondants, tandis qu’ils sont 13% à affirmer avoir des excès de colère.
Relations
Les familles subissent aussi les contrecoups de la pandémie dans leur quotidien. Alors que 16% des répondants ont affirmé que les relations avec les membres de leur bulle familiale vont mieux qu’avant la pandémie, 27% des personnes sondées ont indiqué que les relations au sein de leur bulle vont moins bien qu’avant l’arrivée de la COVID-19 au Québec.
Le constat est similaire pour les relations amoureuses. Sur l’ensemble des répondants, 11% estiment que leur couple va mieux qu’avant la pandémie, alors qu’ils sont 26% à remarquer que ça va moins bien.
En ce qui concerne les relations avec les membres de la famille qui n’habitent pas sous le même toit, l’impossibilité de les voir autrement que virtuellement se fait aussi sentir, puisque 39% des répondants ont indiqué que ces liens vont moins bien qu’avant la pandémie, alors que seulement 11% des personnes sondées estiment qu’ils vont mieux.
Des liens brisés
Alors que les critiques sur les directives sanitaires et les théories conspirationnistes ont fusé de toutes parts depuis le printemps dernier, des fractures idéologiques ont été observées dans bien des relations amicales ou familiales.
«Avez-vous perdu, ou vous êtes-vous éloigné de certains amis ou membres de votre famille à cause de leurs idées au sujet de la pandémie?» Telle est la question à laquelle 34% des Québécois sondés ont répondu par l’affirmative.
André Turcotte soulève que cet «isolement idéologique» est particulièrement présent chez les 18 à 24 ans. Chez ces jeunes adultes, 45% des répondants ont indiqué que des relations avec des amis ou des membres de leur famille ont été chamboulées pour des raisons idéologiques liées à la COVID-19. Plus l’âge avance, plus ce taux baisse, pour se fixer à 24% chez les 65 ans et plus.
«C’est presque la moitié des Québécois entre 18 et 24 ans qui disent avoir perdu ou avoir moins de contacts avec leurs amis ou leur famille à cause de cet isolement idéologique, donc c’est important pour tout le monde, mais c’est vraiment important pour ce groupe en particulier, souligne M. Turcotte. […] Les autres résultats nous ont montré aussi qu’ils s’ennuient plus que les autres, donc un petit peu d’attention doit être portée sur ce groupe entre 18 et 24 ans qui semble être plus affecté que les autres par la pandémie, par l’isolement et tout ça.»
Ce survol de l’état de santé mentale des Québécois à travers les résultats du sondage montre, selon André Turcotte, qu’il ne faut donc «pas minimiser l’impact que [la pandémie] a eu sur la vie de tout le monde», aux quatre coins de la province.
Méthodologie
Le sondage de la firme Navigator a été réalisé en ligne du 29 janvier au 1er février 2021 avec 2300 Québécois de 18 ans et plus. L’échantillon provincial est de 1200 participants. Les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de Sherbrooke, de Québec, de Trois-Rivières et de Gatineau ont été «suréchantillonnées», afin d’assurer un échantillon représentatif de 300 participants dans chaque région. «L’échantillon provincial et les échantillons régionaux sont représentatifs de la population selon les informations les plus récentes de Statistique Canada», précise Navigator. Puisqu’il s’agit d’un échantillon web, il n’y a pas de marge d’erreur. Toutefois, la marge d’erreur pour un échantillon probabiliste équivalent serait de plus ou moins 3 points de pourcentage pour l’échantillon provincial et de plus ou moins 4,9 points de pourcentage pour un échantillon régional de 300 répondants.
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