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«J’étais alors à Fredericton, le club-école des Nordiques», indique Donnelly qui jusque-là avait partagé son temps entre la Ligue américaine et la Ligue nationale. «Les choses n’allaient pas tellement bien pour moi. J’étais convaincu que je n’avais pas ce qu’il fallait pour évoluer chez les pros. J’avais donc décidé de prendre ma retraite et de devenir policier. J’étais tellement décidé à tout abandonner que j’en avais même parlé à André Savard, qui était mon coach avec l’Express. Il m’avait alors dit d’y penser deux fois avant de prendre une telle décision.»

Écoutant le conseil de son entraîneur, l’ex-homme fort décida finalement de se donner une dernière chance. Il connut une excellente fin de campagne et la saison suivante (1986-1987), il mérita avec un poste avec les Nordiques. C’était le début d’une longue carrière «André (Savard) me parle encore de cette histoire quand je le rencontre. Il faut croire qu’il voyait en moi quelque chose que je ne voyais pas. Jamais, je n’aurais pensé jouer au hockey aussi longtemps. À l’époque, j’étais convaincu que ma carrière ne durerait même pas cinq ans.»

Choix de troisième ronde de St. Louis au repêchage de 1981, le 62^e au total, Donnelly ne passa qu’une saison dans l’organisation des Blues. Le 19 août 1983, il fut envoyé avec Claude Julien aux Nordiques en retour des droits sur l’entraîneur Jacques Demers, toujours sous contrat avec l’organisation québécoise.

«Être échangé contre un coach, c’était pour moi un peu embarrassant. Et j’avoue que j’ai été sous le choc quand j’appris la nouvelle. Mais les choses ont très bien tourné. Michel Bergeron m’a donné ma chance... une deuxième et même une troisième. C’est grâce à ça que j’ai pu revenir avec l’équipe après avoir été rétrogradé quelque fois dans la LAH. Michel a cru en moi, il m’a fait confiance et il m’a aidé à devenir un hockeyeur professionnel. Grâce à lui, j’ai pu poursuivre une carrière dans la Ligue nationale.»

Donnelly savoura chacun des moments qu’il passa à Québec. Les Nordiques alignaient des joueurs spectaculaires comme Peter Stastny, Michel Goulet et Dale Hunter, mais aussi des jeunes comme Paul Gillis, Jeff Brown, Mark Kumpel, Dave Shaw, Mike Eagles, Mike Hough, Randy Moller, etc..

«On était une belle gang et on avait beaucoup de plaisir ensemble. C’était tellement des bons gars avec j’ai développé de belles amitiés. Plusieurs sont encore aujourd’hui dans la business. C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je les revois.

«Je vais toujours me souvenir du but compté par Peter Stastny en séries contre les Whalers. Il s’était fait accrocher et il avait perdu un gant. Cela ne l’avait pas empêché de partir en break away et de compter. Quel souvenir! J’ai eu beaucoup de plaisir à cette période.»

La carrière de Donnelly avec les Nordiques prit fin en décembre 1988 quand il fut échangé aux Jets de Winnipeg en retour de Mario Marois. L’ailier droit qui pouvait aussi évoluer comme défenseur joua ensuite avec les Sabres puis les Stars avant de finir sa carrière en Autriche.

«J’essayais d’avoir un nouveau contrat avec une équipe de la LNH, mais ça ne fonctionnait pas. Un ami, que j’avais connu dans la LAH à Fredericton et qui était coach en Europe, me proposa d’aller évoluer en Europe. J’y ai finalement joué quatre années.»

C’est au lendemain de la saison 1999-2000 que Donnelly prit sa retraite du hockey. «J’étais rendu vieux (rires). Et c’était la première fois que j’aimais mieux m’entraîner que de jouer des matchs. Je savais que c’était le temps que j’arrête. À la fin des séries, ce fut terminé pour moi. Et je n’ai pas eu de problème à tourner la page sur ma carrière. J’ai joué 18 ans pro. Ce fut toute une aventure. J’étais heureux quand ma carrière a commencé et je l’étais aussi lorsqu’elle s’est terminée.»

Donnelly ne cache pas que, compte tenu de son style de jeu robuste, il avait été chanceux d’avoir pu éviter les blessures sérieuses lors de son passage chez les pros. Pourtant, celui qui traînait une réputation de bagarreur, n’avait jamais reculé devant personne était le temps de jeter les gants.

«J’ai grandi dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, un quartier anglophone d’où sont aussi originaires, Doug Harvey, Sergio Momesso, Marco Scandella, Steven Fletcher et Brian Johnson. Quand on jouait au hockey mineur, on n’affrontait pas des équipes de quartiers anglophones du West Island ou de Verdun. On jouait contre des formations francophones de l’est de Montréal comme Ahuntsic, Saint-Michel, etc. On n’avait pas le choix d’être tough quand on était sur la patinoire. Les gars des autres équipes nous détestaient parce que nous étions des «têtes carrés». Il fallait donc être capables de nous défendre.»

Toujours dans le monde du hockey

De retour au pays, Donnelly ne resta pas éloigné du hockey bien longtemps. Lors de son passage avec les Jets, il avait confié à Mike Smith, le dg de l’équipe, qu’à la fin de sa carrière de joueur, il aimerait beaucoup devenir recruteur. Smith lui avait alors dit de lui écrire le jour où il accrocherait ses patins et qu’il lui trouverait un emploi. Quelques semaines après s’être installé à Montréal, le Montréalais envoya donc une lettre à Smith qui était alors dg des Blackhawks. Et celui-ci tint la promesse faite plusieurs années avant.

«J’ai été vraiment chanceux d’être engagé par les Blackhawks. Et j’ai été choyé de pouvoir travailler avec un homme ayant autant d’expérience que Michel Dumas. Nous sommes rapidement devenus de bons amis et nous le sommes toujours aujourd’hui. On garde le contact et on s’envoie des courriels. Il m’a donné de la mer.... à quelques occasions, mais je le méritais. Nous avons un peu en quelque part une relation de type père-fils.»

Vingt ans après avoir été engagé par Mike Smith, l’ex-Nordiques est toujours recruteur avec les Hawks. Au cours des années, il a pu célébrer trois conquêtes de la Coupe Stanley, la première étant, selon lui, la plus spéciale. Il mentionne que ce fut comme un rêve qui se réalisait même si, reconnaît-il, la sensation qu’il aurait éprouvée aurait été encore plus satisfaisante s’il avait gagné la coupe en tant que joueur.

«Je suis chanceux que Mike (Smith) m’ait fait confiance. J’ai atterri à la bonne place, au bon moment. Tout ça à cause de la transaction qui m’avait envoyé des Nordiques aux Jets.

Cet échange a changé ma vie. Car si j’étais demeuré à Québec, je n’aurais pas connu Mike.»

Le Montréalais indique qu’il ne sait pas s’il aurait pu vivre sans hockey. Une chose est sûre, il ignore ce qu’il aurait fait s’il n’avait pas eu un job de recruteur. Il dit lui-même qu’il aurait probablement dû gagner sa vie en faisant un travail qu’il n’aurait pas aimé. Maintenant au seuil de la soixantaine, il espère demeurer dans le monde du hockey jusqu’au moment de sa retraite dans six ans.

«La business change. On verra ce qui arrivera. Je prends les années une à la fois. Et j’ai encore beaucoup de plaisir à faire ce que je fais. Surtout que mon fils Dillon, qui a porté les couleurs des Remparts, est aussi recruteur. Il travaille pour les Panthers. Comme je ne couvre plus le junior, je ne connais plus les joueurs comme c’était le cas dans le temps. Je ne peux donc pas l’aider à ce niveau. Mais avec mon expérience, je peux lui donner un coup de main quand vient le temps de composer avec certaines situations plus difficiles. Mais je le laisse maître de sa destinée. Il va faire ses erreurs comme j’ai fait les miennes. Ce que je veux, c’est essayer de le guider de la même manière dont Michel Dumas m’a guidé. Ce que j’ai reçu de Michel, je vais lui donner.»

QUESTIONS/RÉPONSES

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Q Ton plus beau souvenir?

R J’avais été rappelé par les Nordiques pour jouer un match au Forum contre le Canadien. Et je savais où mes parents et mes amis seraient assis. Pendant la période d’échauffement, je regardais en direction de leurs sièges afin d’être certain qu’ils me voyaient bien sur la patinoire. Will Paiement m’avait abordé et il m’avait dit : «arrête de regarder dans les estrades et montre-leur que tu peux jouer dans cette ligue. Ne t’occupe pas d’eux, occupe-toi de toi». Ça m’a réveillé et j’ai connu un bon match. Je dirais aussi le Canadien alors que j’étais avec les Nordiques. Mais j’en ai tellement d’autres...

Q Performance mémorable?

R Je pense que c’est le match où j’ai je me suis battu avec Chris Nilan. Ce fut comme une révélation. C’est là que j’ai réalisé que j’étais assez bon pour me mesurer aux gars les plus tough de la ligue et que j’avais le désir de le faire. C’est à ce moment que je me suis dit que je pouvais jouer à temps plein dans la ligue, car j’y avais ma place.

Q Ce qui te manque le plus?

R La gang et toutes les amitiés que j’ai développées avec des joueurs à Québec, mais aussi à Buffalo. Il y a beaucoup d’anciens Sabres et d’anciens Nordiques qui sont encore impliqués dans le hockey. Nous sommes toujours très heureux de nous revoir. On a toujours plein de souvenirs à partager, des événements qui se sont produits avant et pendant et après les matchs.

Q Ce dont tu ne t’ennuies pas?

R Recevoir des coups de poing au visage. Ça ne me manque pas du tout. Ces coups de poing, je laisse d’autres personnes les recevoir.

Q Idoles de jeunesse?

R Certainement Bobby Orr. Les Bruins étaient une de mes équipes préférées quand j’étais jeune.... mais ils ne le sont plus. Et Doug Harvey, un gars natif de mon quartier (Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal). Il était plus vieux que moi mais il était la fierté de NDG.

Q Entraîneur marquant?

R Michel Bergeron. Il m’a poussé et il m’a donné les opportunités de jouer. C’est grâce à lui que je suis devenu un meilleur joueur. Il était dur avec moi. Mais il l’était avec tous les gars. Quand il commençait à crier après un joueur, il n’arrêtait pas. Michel m’a poussé à jouer au maximum de mes possibilités et il m’a permis de devenir un hockeyeur professionnel.

Q Dans 10 ans?

R À la retraite. Pour le moment, je n’ai pas de plans. Je verrai à ça lorsque je serai rendu là.

Q Rêve?

R Je pense avoir réalisé ce dont je rêvais en jouant aussi longtemps au hockey et en y étant demeuré après ma carrière de joueur. Je laisse maintenant la vie m’emporter et on verra où ça me mènera. Je souhaite simplement demeurer en santé et avoir une belle vie dans laquelle je prendrai soin de mes gars Regan et Dillon et je les aiderai.

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