Un nouveau lexique spécialisé français-innu au Cégep de Baie-Comeau

Julie Maltais, responsable du projet, aux côtés d’une projection de la page d’accueil du Lexique spécialisé des études collégiales en français-innu. Photo cégep de Baie-Comeau

BAIE-COMEAU – Afin notamment de donner les meilleurs outils de réussite possible à tous ses étudiants, pas seulement ceux qui ont le français comme langue maternelle, le Cégep de Baie-Comeau a lancé mardi la première partie de son Lexique spécialisé des études collégiales français-innu. Pour l’instant, trois programmes d’études et 450 mots sont concernés mais à terme, on retrouvera 1 500 mots et le vocabulaire utilisé dans six autres programmes.


Cette première phase de ce lexique a nécessité plus de deux ans de travaux et des milliers d’heures d’efforts de toute une équipe, dirigée par Julie Maltais, conseillère pédagogique à l’amélioration et à la valorisation du français au cégep.

Il faut bien sûr comprendre que pour des étudiants innus, «il peut s’avérer particulièrement difficile de comprendre des termes français abstraits qui désignent des réalités complexes qui ne font pas partie de son vocabulaire d’usage», a soutenu la responsable du projet.

Le chef de la communauté innue de Pessamit, Jean-Marie Vollant, a bien illustré cette réalité en expliquant que les Innus n’ont pas de culture écrite. «Ce sont des images. Tout part de la nature», a-t-il lancé. Ainsi, les Innus ont plusieurs expressions pour décrire la neige, la pluie ou le vent.

Les trois programmes retenus au départ sont Techniques d’éducation spécialisée, Techniques d’éducation à l’enfance et Sciences humaines, là où se trouve en plus grand nombre la soixantaine d’étudiants innus de l’établissement. Les enseignants de ces programmes ont ensuite été invités à dresser une liste de mots susceptibles de créer des problèmes de compréhension à leurs étudiants innus.

Cette liste a ensuite été transmise à trois traductrices de Pessamit, Hélène St-Onge, Adélina Bacon et Louise Canapé, qui ont ainsi donné vie en innu à des mots jamais traduits auparavant. Par la suite, l’illustrateur Frédéric Fontaine a illustré les concepts, afin de faciliter la compréhension des Innus qui, comme on le disait, pense en termes d’images et non de mots.

«On retrouve donc beaucoup plus qu’une série de définitions générales, a lancé Mme Maltais. On retrouve aussi la prononciation des mots dans les deux langues et l’image permet de faire un lien avec le concept.»

La responsable a d’ailleurs fait valoir qu’une étudiante innue lui a confié qu’elle aurait vraiment aimé que ce lexique existe aux débuts de ses études, «car elle n’aurait pas eu besoin de constamment demander aux autres étudiants de lui traduire ce que disait le professeur».

Pour réaliser ce projet, qui atteindra son terme en août 2022, le cégep a décroché une aide financière de 246 278 $ du programme Le français au cœur de nos ambitions de l’Office québécois de la langue française. Afin que ce lexique soit accessible au plus grand nombre, le cégep privilégie la voie numérique. Pas obligé d’étudier à Baie-Comeau pour y accéder. Le lien est ici

Julie Maltais et son équipe de collaborateurs ont encore bien du boulot en perspective avec ce lexique, car six autres programmes y seront éventuellement intégrés, soit Soins infirmiers, Techniques de comptabilité et de gestion, Soins préhospitaliers d’urgence, Technologie du génie civil, Technologie de l’électronique industrielle et Techniques policières. Au final, on retrouvera près de 1 500 mots traduits, imagés et conceptualisés en innu.

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