La communauté musulmane de Québec demande l'interdiction des armes de poing

Le maire de Québec, Régis Labeaume et le cofondateur et porte-parole du CCIQ, Boufeldja Benabdallah, en décembre dernier, lors de l’inauguration d’une œuvre d’art rendant hommage aux victimes de l’attentat à la Grande Mosquée de Sainte-Foy

À quelques heures de la commémoration de l’attentat du 29 janvier 2017 à la Grande Mosquée de Sainte-Foy, le Centre culturel islamique de Québec demande à Ottawa d’interdire les armes de poing comme celle utilisée par le tueur le soir de la tragédie.


Le cofondateur et porte-parole du CCIQ, Boufeldja Benabdallah, a fait cette requête dans une lettre adressée mardi au premier ministre Justin Trudeau. D’emblée, il reconnaît les efforts du gouvernement fédéral pour interdire les armes d’assaut du type que le tueur avait en sa possession ce dimanche soir de janvier 2017. Heureusement, elle s’est enrayée, évitant peut-être un drame encore plus horrible. 

Cependant, le porte-parole rappelle que le tueur a alors utilisé une arme de poing et cinq chargeurs de dix balles pour enlever la vie de six personnes, en «blesser cinq autres dont un devenu paraplégique, en plus de traumatiser 35 rescapés, incluant trois enfants».

M. Benabdallah justifie l’urgence d’interdire ce type d’armes étant donné sa prolifération à travers le pays. Il cite des données du gouvernement fédéral selon lesquelles il y en avait plus d’un million en circulation en 2019. C’est 630 000 supplémentaires comparativement à 2012, soit plus que le double, souligne-t-il.

Du même souffle, il rappelle la promesse du Parti libéral du Canada faite en 2015 de «débarrasser nos rues des armes de poing et des armes d’assaut». Depuis ce temps, «on ne peut que déplorer l’absence totale de progrès législatif en lien avec les armes de poing», ajoute M. Benabdallah. Pendant cette période, il semble y avoir une course pour se procurer une arme avant que le fédéral n’agisse pour en empêcher la vente, déplore encore le porte-parole du CCIQ.

Commémoration virtuelle

Plus que jamais, il est essentiel de rappeler l’événement tragique à la mémoire collective et de parler du vivre-ensemble, maintient le cofondateur. «On ne fera jamais l’économie de cette expression —vivre ensemble—. On a créé une dynamique malheureusement à travers un événement tragique. Il faut en parler, en parler beaucoup pour qu’il en reste un peu. Chaque année, on doit faire le bilan de ce qu’on a fait.» 

En cette année de pandémie, les rassemblements de 15 000 personnes comme on a connu par le passé ne peuvent avoir lieu. Ainsi, le CCIQ a organisé une commémoration et des conférences sur deux jours les 29 et 30 janvier. Les activités peuvent être visionnées en ligne via la page Facebook du Centre culturel. Les détails de la programmation s’y trouvent.

Même si la pandémie semble avoir écarté des médias certains autres sujets polarisants comme l’islamophobie, plusieurs «continuent à dire des bêtises», observe M. Benabdallah. «C’est pour ça qu’on doit compléter la commande sociale du vivre-ensemble. Nous devons agir dans la continuité des principes, des mandats, des missions qu’on se donne.»

Pour 2021, il souhaite faire un pas de plus, en allant plus loin dans la reconnaissance de l’égalité des droits pour tous, notamment dans les entreprises où certains préjugés sont encore tenaces, conclut-il.