«La série animée l’Agent Jean! fait maintenant partie du catalogue de Zodiak Kids, un des grands distributeurs internationaux de contenu jeunesse», explique le président et producteur exécutif de l’entreprise ayant pignon sur la rue Saint-Joseph. «Cette entreprise est responsable de la vente de l’Agent Jean à l’international, notamment lors du Kidscreen [l’événement annuel le plus important de l’industrie du divertissement pour enfants] présenté à compter du mois de février.»
Détenteur d’un baccalauréat en animation culturelle et d’une maîtrise en gestion et en entrepreneuriat technologique et s’intéressant à l’entrepreneuriat culturel, M. Sylvain a eu la piqûre pour la production dans la boîte spécialisée dans la création de jeux vidéos et d’animation où il travaillait en communications, marketing et distribution. Il explique que ce fut le début d’une histoire d’amour avec la production et l’animation, un médium qui l’a vraiment séduit de par toutes les possibilités qu’il offre.
«On peut raconter des histoires avec toutes sortes de moyens et toutes sortes de manières. On a des contraintes complètement différentes de celles du tournage en scènes réelles. Mais on peut imaginer les univers dont on a envie, mais on peut aussi s’inspirer d’univers existants.»
M. Sylvain avait commencé à travailler en tant que producteur exécutif sur la série l’Agent Jean!, une série inspirée sur la bande dessinée du même nom écrite et dessinée par Alex A., quand la boîte où il travaillait a décidé de recentrer ses activités sur le jeu vidéo. Il a alors décidé de reprendre les destinées de l’Agent Jean! avec deux partenaires et le trio a créé Happy Camper Média. «J’avais le sentiment que j’avais trouvé la voie dans la production et j’avais des collègues qui avaient envie de continuer le projet.»
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C’est lors de l’ouverture d’Happy Camper Média que M. Sylvain a mis en ligne les 10 capsules de 90 secondes de l’Agent Jean! qui avaient été produites avant qu’il quitte son ancien employeur. Et le public a tout de suite été au rendez-vous.
«On savait que l’Agent Jean! était un grand succès de l’édition jeunesse et on se doutait qu’il y aurait de l’appétit pour une série animée. Mais on avait besoin de se le confirmer. Peu de temps après la mise en ligne des capsules, une nouvelle commande est arrivée pour une quarantaine de capsules supplémentaires de 90 secondes. On a donc travaillé sur ce projet et parallèlement sur un format de sept minutes que l’on vient de lancer sur TOU.TV. On parle de la production qui totalisera 80 épisodes dont 30 devront être livrés d’ici la mi-mars. Les 50 autres épisodes devront être livrés progressivement jusqu’à la fin de l’été 2022.»
Un travail d’équipe
La production de la série d’animation l’Agent Jean! est un travail d’équipe. Plusieurs artisans de Happy Camper Média travaillent sur le projet, mais aussi des représentants de la maison d’édition Presse Aventure et Alex A., l’auteur et le dessinateur de la BD à succès.
«On travaille de manière très proche. Parce qu’ils ont des communautés Facebok et qu’ils prennent part à des salons, les gens de chez Presse aventure et Alex A. avaient une connexion avec le public. Ça nous permettait d’avoir beaucoup d’aiguillage sur ce que les jeunes aimaient et sur ce qu’ils aiment moins au niveau de l’humour ou dans les bandes dessinées, par exemple. De plus, on a la chance d’avoir Alex à nos côtés. On peut donc le questionner, savoir si on respecte l’ADN de son univers, etc..»
On peut raconter des histoires avec toutes sortes de moyens et toutes sortes de manières. On a des contraintes complètement différentes de celles du tournage en scènes réelles. Mais on peut imaginer les univers dont on a envie, mais on peut aussi s’inspirer d’univers existants
Selon M. Sylvain, l’arrimage entre le domaine littéraire et la production s’est fait de façon naturelle. Il a expliqué qu’un médium comme la BD pouvait s’apparenter au dessin animé. Le défi fut plutôt de faire la transition entre un ouvrage de 100 pages et une production, surtout quand elle n’a que 90 secondes, tout en s’assurant de respecter l’ADN de l’œuvre et les codes de l’animation.
M. Renaud Sylvain ne le cache pas, il a ressenti un certain stress quand est venu le temps de présenter le premier épisode de l’Agent Jean! à son créateur sur papier. «Mais c’était un stress positif. Et comme il y avait eu plusieurs étapes d’approbations tout au long du processus de création et que l’on s’était beaucoup parlé, on était certains de ne pas avoir d’énorme surprise à la fin. On avait pu s’ajuster en cours de route.»
Succès de la littérature jeunesse, l’Agent Jean! l’est aussi au niveau des émissions jeunesse. La série compte d’ailleurs toujours de plus en plus de fans. Elle a aussi attiré l’attention l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision qui lui a remis deux Gémeaux.
«Recevoir une récompense c’est toujours quelque chose que l’on accepte avec beaucoup de bonheur. Ça nous fait plaisir parce que ça rejaillit sur les équipes. Et ce qui est intéressant avec les Gémeaux c’est que ce sont nos pairs, les producteurs et les artisans de l’industrie, qui votent. De savoir que les gens qui font le même métier que nous reconnaissent notre production a une valeur et des qualités, ça fait grandement plaisir. Mais il ne faut pas s’asseoir sur nos lauriers. Il fait continuer à regarder vers l’avant.»
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Comptant une dizaine d’employés en juillet 2019, Happy Camper Média en a aujourd’hui 45. En plus de produire la série de l’Agent Jean!, elle travaille aussi sur deux autres succès québécois de la littérature jeunesse, soit Dragouille, une œuvre pour les jeunes du primaire, et la Petite Dragouille, qui s’adresse aux enfants du préscolaire. L’entreprise a aussi eu un premier appui en développement pour une histoire originale. Elle s’est aussi lancée dans la baladodiffusion de l’Agent Jean! et à créer des jeux Web.
«On a aussi commencé à s’intéresser à tout ce qui est service. On veut rendre notre expertise disponible à des producteurs qui n’ont pas de studio d’animation.»
Parlant de la croissance fulgurante de son entreprise, M. Sylvain a indiqué que le défi était de s’assurer de prendre les bouchées une à la fois et de la bonne manière.
«Pour moi c’est plus excitant que déstabilisant. On est conscient qu’il faut que l’on fasse les choses rondement pour que l’on puisse perdurer dans le temps. Notre croissance s’est stabilisée d’une certaine manière parce que nous avons des projets qui s’étendent jusqu’en 2022. Ça nous donne une période pour se donner des moyens pour bien s’organiser et de préparer un plan pour la suite des choses.
«Nous voulons emmener chez nous une personne qui sera responsable du développement des talents. On veut que les gens qui sont chez nous puissent tracer leur plan de carrière , apprendre ce qu’ils ont en vie d’apprendre et pousser plus loin leurs compétences.»