«Hélène Cloutier et moi sommes passées à deux doigts d’aller à Salt Lake City», confie l’athlète native de Saint-Ferréol-les-Neiges. «Nous avions établi les standards olympiques pour aller aux Jeux. Je les avais faits en géant et Hélène en slalom. Le Comité olympique canadien avait cependant ses propres standards qui étaient plus élevés. Et il était intraitable quant à leur réalisation.»
Mélissa raconte que sa mère et le père de Hélène s’étaient même présentés devant les tribunaux pour plaider la cause des deux planchistes. Ils avaient offert de défrayer leurs frais de voyage. De son côté, Denis Coderre, le ministre fédéral du Sport à l’époque, avait écrit au COC pour lui demander de revoir sa décision. Certain que ses deux planchistes réussiraient à se qualifier à la dernière minute, Martin Jensen, de la fédé canadienne de snowboard, leur avait fait faire leurs uniformes aux couleurs de l’équipe canadienne. Mais le COC est demeuré sur sa position.
«Ce fut une décision difficile à accepter. Surtout que le COC a ensuite changé ses critères de sélection. Ils sont devenus plus lousses. Pour moi, aller aux Jeux, ça aurait le top du top. Et aux Jeux, tout peut arriver. Ce n’est pas toujours le favori qui gagne. Mais en même temps, les gars qui étaient avec nous les ont eu leurs standards. En quelque part, c’était donc à nous d’aller plus vite. Mais ce fut très décevant. C’était mon rêve d’aller aux JO. J’aurais aussi voulu y aller pour mes parents qui m’avaient tellement appuyée dans ma carrière. Je voyais ça comme un bonbon pour eux.»
D’abord en ski
C’est à une carrière de skieuse que Mélissa se destinait. Membre de Skibec, elle avait pris part à ses premières compétitions FIS. Trop jeune pour aller étudier dans une université américaine où elle aurait souhaité poursuivre sa carrière, elle se laissa tenter par la pratique du surf des neiges à la suite d’une blessure, un sport où, à l’époque, les athlètes bénéficiaient de plus d’autonomie. Et après une saison de compétitions couronnée de succès, elle ne reprit jamais sa carrière de skieuse.
«Ma décision a peut-être surpris un peu mes coachs de ski. Mais tout le monde m’a supportée. Mes parents ont été les premiers à le faire. À l’époque, plusieurs jugeaient que le monde du snow était moins sérieux. Mais au contraire, les athlètes avec qui j’étais étaient très disciplinés et ils s’entraînaient sérieusement. Je me suis cependant aperçu avec le temps qu’il nous manquait une structure comme celle du ski pour nous permettre d’arriver à un autre niveau.
«Heureusement, l’association de snowboard a peu à peu reçu l’aide nécessaire pour nous soutenir et nous offrir une meilleure structure. Et grâce à David Ruel, un pionnier qui a mis le Québec sur la map sur la scène du surf des neiges, on a commencé à performer au niveau national et international.»
C’est à la suite d’une blessure en 2002 que Mélissa remit sa carrière en question. Obligée de demeurer à l’écart de la compétition et de l’entraînement pendant plusieurs mois, elle décida de retourner sur les bancs d’école suivre un cours intensif d’un an (février à février) en production vidéo. Sachant qu’elle ne pourrait s’investir à fond dans sa carrière à l’automne, Mélissa s’était résignée à écourter sa saison 2002-2003 et à laisser sa place sur la formation qui prendrait part aux compétitions internationales pour s’entraîner et se concentrer sur des épreuves au Québec et au Canada. Mais quand elle ne put s’entendre avec l’équipe nationale, elle décida de quitter définitivement l’équipe nationale. Elle a par la suite pris part à quelques compétitions régionales et provinciales.
«Juste pour m’amuser, parce que j’avais encore le goût de la compétition. Je suis déçue de la manière dont ma carrière s’est terminée. J’aurais aimé que l’on trouve un compromis. Mais je ne pouvais pas passer de longs mois sans rien faire en me disant : «J’attends de me remettre». Il fallait que je me trouve quelque chose à faire le temps que ma blessure soit guérie. Et ça faisait un certain temps que mes parents me suggéraient de retourner à l’école. Ma décision m’a cependant emmenée à autre chose, ce que je ne regrette pas du tout. Et je suis fière de ce que j’ai accompli. Ce fut vraiment une belle période. Mon seul regret, c’est de ne pas toujours avoir donné mon 150 %. J’aurais pu mieux performer si j’avais voulu.
«Mais c’est certain que j’ai un petit pincement au cœur quand je vois des athlètes avec qui j’ai compétitionné gagner des médailles aux Jeux olympiques, je me dis que j’aurais peut-être dû persévérer. Mais si je l’avais fait, peut-être que je n’aurais pas connu tout le beau monde que j’ai connu après ma carrière et vécu les expériences que j’ai vécues. J’ai aujourd’hui deux petits cocos et c’est certain que s’ils veulent vivre leurs passions, qu’elles soient dans le sport ou non, je vais les backer comme mes parents l’ont fait pour moi. Je vais leur donner la chance de vivre ce que j’ai vécu.»
Sa carrière terminée, Melissa, s’est ensuite initiée au Ultimate Frisbee. Rapidement, cette activité récréative est devenue pour elle un moyen de renouer avec la compétition de haut niveau et de rivaliser avec la crème du sport au niveau provincial. Au niveau professionnel, son diplôme en production vidéo lui a permis de faire un stage dans une boîte de production. Là, elle y a découvert l’infographie. Elle est donc retournée à l’école afin d’obtenir un diplôme de graphiste. Après avoir travaillé pour l’agence de pub Hatem+D puis à son compte, elle a rejoint l’entreprise familiale.
«Mon père m’a fait en 2007 une offre que je ne pouvais pas refuser, soit de revenir travailler aux Chalets Montmorency, une entreprise située au mont Sainte-Anne qui célébrera son 45e anniversaire l’année prochaine. Je suis directrice du marketing. Je m’occupe notamment de tout ce qui touche le côté pubs et placements publicitaires. Ma sœur Jessica est directrice générale. Même si mon père est encore présent, c’est vraiment ma sœur et moi qui gérons l’entreprise.»
Ayant été obligée de renoncer à l’Ultimate Frisbee à cause de ses obligations familiales et professionnelles, Melissa n’a pas cessé de bouger pour autant. N’ayant jamais remisé sa planche à neige, elle a aussi renoué avec le ski. Elle a aussi découvert le vélo de montagne qu’elle pratique assidûment.
«Je dirais que mon besoin de compétition s’est éteint avec ma retraite du Frisbee. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me mesurer aux autres. La compétition, je la fais avec moi-même. Ainsi en vélo de montagne, ce que j’aime c’est d’être capable de faire des pistes de plus en plus toughs, avec des degrés de difficultés toujours plus grands et des obstacles toujours plus nombreux.
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QUESTIONS/RÉPONSES
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Q Fait marquant?
R Ma huitième place aux Championnats du monde lors de l’épreuve de slalom géant de Madonna di Campiglio, en Italie, en 2001.
Q Entraîneur marquant?
R David Ruel à cause de la manière dont il me coachait. Il me fâchait et il me brassait la cage un petit peu. Il me challengeait vraiment avec la manière dont il s’exprimait. C’était parfois difficile, mais ça fonctionnait. Ça me poussait à me dépasser, car je voulais l’impressionner.
Q Personnalités marquantes?
R Mes parents. Peu importe la direction que j’ai prise, ils ont toujours été là pour m’appuyer et m’encourager. Des fois, je me demande comment ils ont fait pour me suivre de même. J’ai été très chanceuse de pouvoir compter sur eux.
Q Ce qui te manque le plus?
R Partir et l’aventure.
Q Ce qui te manque le moins?
R D’être trop longtemps loin de la maison. Ça peut sembler contradictoire avec ce qui me manque le plus. Mais même si j’aimais partir en voyage, un moment donné, j’étais tannée d’être loin de chez moi.
Q Plus grande qualité d’athlète?
R De ne jamais abandonner. J’étais pas mal persévérante.
Q Dans 10 ans?
R J’espère pouvoir avoir réalisé mon objectif qui est de faire un voyage de ski et un voyage de vélo par année avec toute ma famille.
Q Rêve?
R Passer plus de temps avec ma famille, avec mes enfants. Parce qu’en ce moment, je ne les vois pas beaucoup, beaucoup.