Sarah-Jeanne Labrosse: merci aux ados…

«À n’importe quel âge, on devrait être en contact avec des ados», affirme Sarah-Jeanne Labrosse.

Pour de nombreux téléspectateurs, Sarah-Jeanne Labrosse est la Donalda des Pays d’en haut, l’égérie de la compétition de danse Révolution ou celle qu’on découvrira bientôt comme imitatrice au Bye Bye. Pour maints ados, elle est devenue une sorte de marraine à la barre des événements Mammouth, qui donnent justement la parole aux jeunes: des artistes qui les branchent, des phénomènes qui les touchent, des enjeux qui les préoccupent, etc. C’est justement à eux que la comédienne et animatrice a souvent pensé pendant cette année difficile qui arrive à son terme.


«On leur en a trop demandé, estime-t-elle. Je pense que les gens en sont de plus en plus conscients. Les profs, les parents… Je pense que le système comprend davantage qu’on ne peut pas tout mettre sur les jeunes. Je trouve qu’ils ont eu une capacité d’adaptation impressionnante. 

«Ce n’est pas parfait, ce n’est pas 100 % des jeunes… Mais ce n’est pas 100 % des adultes non plus qui ont réussi à s’adapter, à suivre les règles et à essayer de nuire le moins possible. Ça allait pour toutes les générations, mais on parlait beaucoup des jeunes au début.»

À un âge où la vie sociale ou le sport s’avèrent souvent primordiaux, les ados ont écopé pendant le confinement. «C’est tellement une période qui peut être chaotique et où tout prend de l’ampleur. On ne se connaît pas encore… Je ne sais pas comment j’aurais géré ça, sérieusement», confie Sarah-Jeanne Labrosse. 

Les finissants du secondaire ont été privés de leur bal, sacrifice que l’équipe de Mammouth — des spéciaux télévisés animés par elle-même et Pier-Luc Funk — a souhaité adoucir en organisant une fête virtuelle. Un deuxième coup de chapeau leur a été lancé il y a quelques semaines avec la traditionnelle soirée Mammouth, qui revient sur l’année dans la perspective des jeunes. 

Les finissants du secondaire ont été privés de leur bal, sacrifice que l’équipe de <em>Mammouth</em> — des spéciaux télévisés animés par elle-même et Pier-Luc Funk — a souhaité adoucir en organisant une fête virtuelle.

«On leur demande énormément de maturité et de sagesse, reprend la comédienne et animatrice. Il faudrait qu’ils soient raisonnables. On mise sur eux et on dépend d’eux parce qu’ils sont le futur… C’est énormément de pression sur leurs épaules. Ça ne veut pas dire qu’il faut les laisser à eux-mêmes, ne plus les encadrer, ni les informer comme il faut. Mais à partir du moment où un jeune est bien informé, qu’il connaît les enjeux et les conséquences de ses gestes, ça va…»

Un lien précieux

En temps normal, Sarah-Jeanne Labrosse se rend dans des écoles pour prendre le pouls des étudiants. COVID-19 oblige, la communication s’est faite cette année par les réseaux sociaux. Il n’en demeure pas moins là un lien qui nourrit beaucoup cette artiste, qui souhaite le maintenir le plus longtemps possible. 

«J’aimerais garder ça toute ma vie, assure-t-elle. Je ne sais pas si je vais réussir à le faire, mais je pense qu’à n’importe quel âge, on devrait être en contact avec des ados. On le perd en vieillissant, on s’entoure de gens de notre âge. On oublie d’avoir des amis ou des connaissances vraiment plus jeunes. Si on n’en a pas, juste de s’intéresser à ce que les ados ont à dire, ce contact-là pour moi est super important.»



On leur demande énormément de maturité et de sagesse. Il faudrait qu’ils soient raisonnables. On mise sur eux et on dépend d’eux parce qu’ils sont le futur… C’est énormément de pression sur leurs épaules.

Elle dit ainsi rester à l’affût des enjeux qui les touchent, de leur humour, de leurs intérêts. «C’est excessivement important de rester connecté sur tout ça et de ne pas juste vieillir entouré de gens qui nous ressemblent sans se faire challenger par les idées de la prochaine génération», tranche-t-elle.

En ces temps toujours difficiles, Sarah-Jeanne Labrosse garde un regard positif sur une tranche d’âge pas si lointaine en ce qui la concerne — elle n’a pas encore la trentaine —, mais qu’elle apprend à connaître année après année. 

«Depuis le début, j’ai envie qu’on leur fasse confiance et moi, je leur fais beaucoup confiance, avance-t-elle. J’ai plus envie de les remercier que de les mettre en garde. […] Autant j’essaie de les influencer à suivre les règles comme il faut, autant je vois que plus ça va, plus ils le font au mieux de leurs capacités. Donc oui, je les remercierais de tenir le fort et je leur dirais que je suis désolée que ça leur arrive. C’est une charge de responsabilité énorme...»

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LES PROJECTEURS SUR TEL-JEUNES

Quand on lui demande ce que lui réserve 2021, Sarah-Jeanne Labrosse ne manque pas de choix au chapitre professionnel : Les pays d’en haut sera de retour à l’écran, tout comme Passion poussière, l’émission de rénovations qu’elle anime. Un flou demeure quant à l’avenir de la compétition de danse Révolution… «J’aimerais vraiment ça pour le milieu de la danse que ça revienne, parce qu’il souffre beaucoup en ce moment», note-t-elle.

Mais davantage que ses propres projets, c’est sur l’organisme Tel-jeunes — un service de soutien confidentiel qui prête l’oreille aux problèmes de la jeunesse depuis 1991 et dont elle agit à titre de porte-parole — qu’elle veut braquer les projecteurs. 

«S’il y a une chose à ploguer, ça serait ça», lance-t-elle. 

On peut joindre Tel-jeunes par téléphone (1 800 263-2266), par texto 514 600-1002, par clavardage ou par courriel via le site teljeunes.com

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SARAH-JEANNE LABROSSE SUR...

En cette année particulière qui se termine, nous avons sondé la comédienne Sarah-Jeanne Labrosse sur sa perception d’événements ou de personnalités qui ont alimenté les gros titres (ou pas assez…) dans la dernière année. 

La «performance» du Dr Horacio Arruda



«On a eu une année complètement hallucinante dans laquelle il a fallu s’ajuster de mois en mois. C’est ça qu’il fait», exprime Sarah-Jeanne Labrosse au sujet du Dr Horacio Arruda. 

«Je pense qu’on a été excessivement exigeant envers lui en début de pandémie. J’ai l’impression qu’on s’accroche à ses erreurs pour se déculpabiliser de ne pas faire ce qu’il demande ou de ne pas le croire. Mais je pense qu’il fait de son mieux et que ce n’est pas pire pantoute, la gestion de la crise. 

«Je trouve ça plate qu’on lui remette encore son doute sur le masque en pleine face. Sa façon de le voir a évolué par rapport à des recherches et des statistiques. Il y a des humains derrière un gouvernement. C’est normal que le trajet ne soit pas sans détour, qu’il ne soit pas parfait. On a eu une année complètement hallucinante dans laquelle il a fallu s’ajuster de mois en mois. C’est ça qu’il fait.»

La crise environnementale

«Ç’a été un enjeu peu éclipsé par la pandémie. Il y a eu un relâchement, mais il est complètement contextuel. C’est exceptionnel, ce qu’on vit en ce moment et il y a plein de problèmes de pollution qui viennent avec la pandémie. Mais il y en a d’autres où ça va mieux. Les avions volent moins, par exemple. 

«Il y a des décisions qui ont été prises en lien avec l’environnement qui sont intéressantes. C’est dans super longtemps, mais ne serait-ce que les autos [sans essence]. Et le plastique à usage unique va être banni éventuellement. Mais c’est lent. Avec la pandémie, c’est retombé au bas de la liste. 

«Je pense qu’avant, on était dans un beau virage collectif. On était de plus en plus sensibilisés. Ce qu’on pouvait faire individuellement, c’était plus clair pour tout le monde. Ça l’est encore, je ne pense pas qu’on ait désappris. 

«C’est effectivement un sujet qui prend moins de place, parce que l’autre sujet est trop bruyant, avec raison. Mais ça va revenir et je ne pense pas que les jeunes l’oublient non plus. Ils sont sortis dans les rues pour marcher pour l’environnement. Ils s’en souviennent.»

Les décès tragiques de George Floyd et de Joyce Echaquan

«Je trouve ça très violent. On a l’habitude de lire ou de voir des situations comme ça à l’international. Sur les réseaux sociaux, on a accès à énormément de vidéos qui témoignent de racisme systémique ou de brutalité, mais ça se passe souvent loin de nous. 

«Ça n’empêche pas le fait qu’il y en ait ici, mais on dirait qu’on n’y a pas accès directement. Ça reste un peu plus abstrait quand ce n’est pas dans notre réalité et qu’on vit dans le grand privilège blanc. 

«Ça [le racisme systémique] reste un peu plus abstrait quand ce n’est pas dans notre réalité et qu’on vit dans le grand privilège blanc.» -Sarah-Jeanne Labrosse

«On a beau vouloir être un allié et assumer qu’il existe un racisme systémique, de voir des exemples comme la vidéo de Joyce, c’est d’une telle violence… C’est super triste que ce soit nécessaire pour que les gens comprennent que ça existe.

«Je trouve ça dommage qu’on ait besoin de ces vidéos-là comme preuve, ici, pour que ça prenne de la place dans l’espace médiatique ou public. Ça devrait déjà être des débats qui sont toujours là et qu’on soit en train de les régler plus que de redire que ça existe.»

La vague de dénonciations en ligne de l’été dernier

«Je ne sais pas si on est rendu ailleurs, mais je pense que ça peut donner du courage aux victimes. Ça serait bien qu’on croie les victimes encore plus et qu’elles n’aient pas à souffrir si elles dénoncent en public. 

«Je pense que cette vague nous a aussi montré énormément de violence. Les commentaires sur les réseaux sociaux, il y avait de la laideur là-dedans. Mais ça brasse quand même beaucoup de choses qui doivent être brassées. 

«Ça montre qu’il faut vraiment de l’éducation à la sexualité à l’école. Ça pourrait régler énormément de problèmes qu’on parle de consentement et d’agressions. Ça pourrait devenir une évidence pour tellement de jeunes si c’était intégré à l’éducation scolaire et que ce n’était pas laissé dans les mains des parents.»

Et l’optimisme, dans tout ça?

«Bien oui, je suis optimiste. Oui à cause de l’adolescence. Les jeunes à qui je parle sont d’une ouverture et d’une tolérance incroyables. Je ne parle pas pour tout le monde, je ne veux pas sonner utopique. Mais il y a quand même une ouverture collective énorme qui se passe en ce moment, une acceptation de l’autre.

«C’est ça qui me rend optimiste. Je pense qu’il y a vraiment quelque chose qui se passe dans cette génération, où les gens osent être eux-mêmes, où les jeunes trouvent la beauté chez les autres dans leurs différences.

«C’est intéressant, c’est riche… On est tellement chanceux d’être un peuple qui est de plus en plus métissé. Je pense que les jeunes le savent. Donc oui je suis optimiste face au racisme, au sexisme, à l’homophobie...»

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CINQ COUPS DE COEUR CULTURELS DE SARAH-JEANNE LABROSSE

SÉRIE DOCUMENTAIRE

1. L’ombre et la lumière

«C’est vraiment cool. C’est une super belle enquête que Véronique Cloutier mène sur le succès et sur l’importance qu’on accorde à la popularité. Je trouve que c’est bien aussi pour les jeunes de regarder ça et de voir à quel point il y a des acteurs ou des animateurs qui veulent être populaires à tout prix. Qu’est-ce qui arrive quand tu perds ça, cette visibilité-là? C’est très intéressant.»
À voir sur ICI tou.tv

SÉRIE TÉLÉ

2. Le jeu de la dame

<em>Le jeu de la dame</em>, sur Netflix

«C’est une série super attirante. L’ambiance visuelle est malade et la comédienne principale est tellement bonne...»
À voir sur Netflix

MUSIQUE 

3. Flore Laurentienne – Vol. 1

«C’est un album qui a bercé mon confinement. J’aime tellement son ambiance musicale, ça n’a rien à voir avec rien. Je l’écoute en auto, ça me donne envie de faire de la route pendant longtemps. Ça m’apaise. Il n’y a pas de mots, ce n’est pas trop chargé. Ça fait du bien : pas de paroles, pas de messages à passer. C’est toi qui décides de ce que ça te fait, dépendamment de la journée. C’est le fun.» 

4. Sad Hunk, Bahamas

<em>Sad Hunk, Bahamas</em>

«J’ai vu dans mon palmarès Spotify des chansons que j’ai le plus écoutées cette année, c’est vraiment ça qui s’est démarqué. Le chanteur et compositeur Afie Jurvanen est canadien et c’est juste ses tounes qui sont ressorties. Ça aussi, ç’a vraiment bercé mon confinement.» 

MAGAZINE

5. BESIDE

«J’ai beaucoup apprécié le dernier numéro de ce magazine, qui offre une réflexion absolument incroyable sur notre territoire québécois.» Propos recueillis par Geneviève Bouchard