Pas de gondole sous le sapin pour l’ouverture du Mont-Sainte-Anne

La station de ski du Mont Sainte-Anne a annoncé mercredi l’ouverture de 25 pistes sans sa principale remontée mécanique, uniquement pour les détenteurs d'un abonnement.

À moins d’un spectaculaire revirement de situation, le Mont-Sainte-Anne ouvrira jeudi sans la télécabine. Le ras-le-bol des skieurs et planchistes se fait sentir.


La station a annoncé mercredi l’ouverture de 25 pistes sans sa principale remontée mécanique, uniquement pour les détenteurs d'un abonnement. Mercredi, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a confirmé au Soleil qu’elle n’avait toujours pas donné son approbation pour une remise en fonction des gondoles.

«L’interdit d’usage de la remontée mécanique (télécabine aérienne) imposé par la RBQ est toujours en vigueur. Sauf pour les travaux, bien sûr. L’équipe de spécialistes et d’experts mandatés par l’exploitant (MSA) poursuivent leurs travaux. D’ailleurs, des tests de charge ont été réalisés en présence de la RBQ la semaine dernière. Aucune date pour la remise en service de la télécabine n’a été, et ne peut être, avancée», écrit le porte-parole Sylvain Lamothe dans un échange de courriels.

Le Mont-Sainte-Anne a rencontré des problèmes majeurs l’hiver dernier avant même la déclaration d’urgence sanitaire.

Le 21 février, un arrêt brusque de la remontée mécanique avait fait 21 blessés, quelques vitres des cabines s’étaient notamment brisées. Un homme avait témoigné à La Tribune s’être retrouvé à l’extérieur d’une cabine qui vacillait dans tous les sens.

Le mercredi 11 mars, un second arrêt brusque provoquait l’évacuation de 32 skieurs qui se trouvaient dans la gondole. Heureusement, ce second événement n’a fait aucun blessé grave. Depuis, la télécabine est hors fonction.

L’absence de la télécabine s’ajoute à la pression déjà exercée par la pandémie sur la capacité d’accueil et de remontée des skieurs. Une situation qui fait rager les abonnés qui ont payé le plein tarif sans savoir si la télécabine allait être en fonction.

«Les dirigeants font preuve de condescendance envers les clients avec des communications truffées de promesses, de demi-vérités et de manipulations verbales pour couvrir et justifier leur non-responsabilité en tout. Le contrat que nous signons est abusif, est c'est "à nos risques et périls". RCR profite en plus cette année de l’effet COVID avec ses contraintes imposées où nous sommes disposés à accepter un demi-service à plein tarif.» 

Stéphanie Houde exprime bien ce que ressentent des centaines d’autres usagers du MSA. Elle est porte-parole du groupe Facebook Dynamisons le Mont-Sainte-Anne qui compte 1900 membres. Tout l’automne, ils ont eu l’impression de ne jamais s’être fait donner l’heure juste sur l’avancement des travaux de la télécabine.

Le 14 décembre, elle écrivait une lettre au directeur de la montagne, Maxime Cretin. Elle demandait notamment de retarder la date limite du 19 décembre pour un remboursement de l’abonnement étant donné que la station n’avait pas ouvert le 5 décembre comme prévu. Mme Houde réclamait aussi de revoir la grille de remboursement liée aux exigences sanitaires dans le contexte de services réduits. La direction n’a pas fait suite à ces demandes.

Même si la télécabine était remise en fonction, seulement 30 des quelque 80 cabines seraient accessibles. Ce qui réduit encore plus la capacité de remontée. 

La station de ski du Mont Sainte-Anne a annoncé mercredi l’ouverture de 25 pistes sans sa principale remontée mécanique, uniquement pour les détenteurs d'un abonnement.

Des démissions

Comme si ça ne suffisait pas, Le Soleil a appris que le responsable de la maintenance a remis sa démission à l’automne. La direction de l’expérience client a aussi quitté ses fonctions. Il est pour l’instant impossible de savoir officiellement les raisons de ces départs. Mais ça ne peut qu’alimenter la machine à rumeur sur le climat qui règne.

À la fin novembre, on apprenait aussi la constitution de l’organisme Les Amis du Mont-Sainte-Anne. Le groupe, qui a pour porte-parole Yvon Charest, ex-président et chef de la direction d’Industrielle Alliance, se dit à la défense de la montagne et du développement de ses activités, qu’il juge délaissée et en manque d’investissement.  

Son groupe, constitué majoritairement de gens d’affaires, va jusqu’à dire à RCR de laisser sa place de gestionnaire à quelqu’un d’autre s’il n’a aucun intérêt à investir dans la montagne. M. Charest a déjà confié au Soleil qu’il serait possible, selon lui, de trouver de nouveaux investisseurs.

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