Traversées: les chemins de la découverte *** [VIDÉO]

Les participantes vont traverser le parc Kuururjuaq, au Nunavik, d'est en ouest.

CRITIQUE / Les médias regorgent d’histoires d’exploits sportifs hors du commun — par des professionnels ou des athlètes surentraînés. Rarement de gens ordinaires qui veulent se dépasser. C’est tout ce qui suscite l’intérêt de Traversées, une expédition où les trois participantes vont surtout découvrir, dans le Grand Nord du Québec, des ressources insoupçonnées et leur profonde identité.


Florence Pelletier et Caroline Côté sont partenaires d’ultra-marathons en sentier. Et coréalisatrices. En 2017, elles prennent part à une course à travers le parc Kuururjuaq, au Nunavik, documentée dans le court Qamaniq.

Une expédition qui inspirera cette idée un peu folle : traverser le parc national d’est en ouest, reproduisant ainsi le chemin emprunté par les Inuit pendant des millénaires. Une ballade de 70 km dans la nature sauvage et de 90 km en rafting, sans aucune ressource extérieure, mis à part un guide de rivière pour la dernière partie. Elles le feront avec trois inconnues...



Des sportives, mais qui n’ont pas l’expérience en expéditions extrêmes des deux documentalistes. Dominique Cormier va l’apprendre à la dure. Quelques heures après leur arrivée, la Montréalaise de 51 ans vit une crise de panique où elle se demande ce qui lui a pris de s’embarquer dans ce projet.

Les inquiétudes de Katrena Cooper, 21 ans, et de Christine Bérubé-Martin, 32 ans, se révèlent de nature plus existentielle. La première, une Inuite de Kuujjuaq qui étudie à Montréal, vient de perdre un proche et se désole du désintérêt des Québécois pour sa culture. La deuxième, une métisse de Maria, a vécu une enfance tumultueuse marquée par le racisme dont elle n’apaise les tourments qu’en nature.

Les deux femmes vont rapidement se lier, ce qui exclut un peu de facto Dominique, qui pourrait être leur mère (elle a deux filles). Des confessions pendant le périple, mais aussi lors d’entrevues subséquentes confèrent au long métrage une profondeur qui lui aurait fait défaut.

Le courage et la détermination du trio (les réalisatrices ont un rôle plus effacé) sont admirables, mais la marche contient ses moments redondants. Par contre, on ne se lasse pas de contempler les paysages à couper le souffle de ce Québec où la très grande majorité d’entre nous n’a jamais pris pied.



Christine Bérubé-Martin et Katrena Cooper vont rapidement se lier d'amitié.

Pour filmer le documentaire, les cinq protagonistes étaient accompagnées du directeur photo Samuel Trudelle. Dans les circonstances, il tire vraiment son épingle du jeu. Et la petite équipe a su faire preuve de créativité malgré l’aspect cinéma direct. On pense notamment à cette caméra immergée pendant la narration poignante de Katrena du moment où Dominique et elle sont tombées à l’eau…

Reste qu’on retiendra de ce documentaire que trois inconnues, ainsi que Florence Pelletier et Caroline Côté, auront tissé des liens très forts dans l’adversité et que seul l’esprit de groupe leur aura permis de passer au travers. Une leçon valable pour tous les aspects de la vie en société alors que plusieurs préconisent plutôt un individualisme forcené.

Traversées est présenté sur les plateformes du Clap et des cinéma du Parc, Beaubien et du Musée

(Spira)

Au générique

Cote : ***
Titre : Traversées
Genre : Documentaire
Réalisatrices : Florence Pelletier, CarolineCôté
Durée : 1h16