Sympathisant d'Atalante: 15 mois de prison pour un crime haineux

Un sympathisant du groupe d’extrême droite Atalante s’est vu imposer une peine de 15 mois de prison pour avoir agressé dans un bar de Québec un client qui se disait antifasciste.

Un sympathisant du groupe d’extrême droite Atalante s’est vu imposer une peine de 15 mois de prison pour avoir agressé dans un bar de Québec un client qui se disait antifasciste.


Louis Fernandez, électricien de 26 ans sans antécédent judiciaire, a plaidé coupable en juin à l’accusation de voies de fait ayant causé des lésions. Il a indiqué que l’organisation d’extrême droite Atalante l’avait contacté et soutenu durant les procédures judiciaires, tout en n’endossant pas les gestes de violence, précise-t-il.

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Sympathisant d’Atalante condamné pour voies de fait

Vers 1h du matin le 15 décembre 2018, Fernandez et trois de ses amis entrent au bar Lvlop de la rue Saint-Joseph, au centre-ville de Québec. Les cheveux rasés, Louis Fernandez estt vêtu d’habits de type paramilitaire et porte des bottillons noirs.

Très intoxiqué par l’alcool, Fernandez s’approche d’un client en lui demandant s’il est un «antifa», le diminutif pour «antifasciste». Le client finit par répondre oui. Un premier individu donne un coup de poing au client. Louis Fernandez va ensuite le projeter au sol. Quand la victime veut se relever, Fernandez lui donne un violent coup de pied au visage.

Il sera arrêté par la police peu de temps après.

La victime de Fernandez, un jeune homme de 24 ans, souffre du syndrôme de choc post-traumatique en plus d’avoir des douleurs continues au cou. Il a dit au tribunal s’être senti forcé de quitter Québec, sa ville natale. «J’adorais cette ville; maintenant, elle me dégoûte», écrit-il dans sa déclaration.

Dans sa décision sur la peine, la juge Réna Émond de la Cour du Québec souligne l’attaque «acharnée et violente» d’un individu impulsif. Elle note aussi que Fernandez manque de considération pour la victime.

Tout comme le procureur de la Couronne Me Matthieu Rochette, qui suggérait la peine de 15 mois de détention, la juge considère que le crime commis par Fernandez était bien motivé par la haine fondée sur la discrimination en raison d’idéologies sociopolitiques, ce qui constitue un facteur aggravant inscrit au Code criminel. «Force est de conclure qu’il existe un lien entre les croyances de l’accusé et ses comportements violents envers la victime», estime la juge Émond.

«Pas un raciste»

Avant de prendre le chemin de la prison, Fernandez avait un petit discours préparé pour la juge.

Il a d’abord dit regretter que son «geste stupide» ait pris une tournure politique.

Le jeune homme d’origine française explique pourquoi, à ses yeux, il n’a rien d’un raciste. «Je ne suis pas raciste car j’admet que n’importe quel peuple a le droit de s’épanouir en tant que peuple, a le droit de vivre selon ses traditions et de vénérer ses ancêtres, énumère-t-il. C’est en ça que je pense que je suis quelqu’un de pas raciste, de très tolérant et justement, moi, j’aime les identités. Je milite pour la mienne, mais j’aime les identités.»

Louis Fernandez a dit avoir le sentiment d’être condamné pour ses idéaux politiques. «Ça ne va pas du tout m’en dissuader, assure-t-il. Je suis encore plus persuadé aujourd’hui que je suis la bonne voix dans mon militantisme politique.»

La juge Réna Émond a écouté la tirade et a invité le jeune homme à relire sa décision de 13 pages, pour en saisir toutes les nuances.

Après sa peine de détention, Louis Fernandez sera en probation durant trois ans.