Après la mort de Paul, Typhaine Leclerc a ressenti le désir de se renseigner sur sa douleur et de lire des témoignages de parents ayant vécu une expérience semblable.
«Quand j’étais dans le plus profond du deuil, j’avais besoin de lire les histoires d’autres personnes. […] Ce n’est peut-être pas tout le monde qui a ce besoin-là, mais moi j’avais vraiment besoin de lire et d’écouter d’autres histoires», explique-t-elle. Pour partager, elle aussi, son vécu et peut-être aider à sa manière, Typhaine a décidé d’écrire ce qui lui passait par la tête et par le cœur.
Le Web est alors devenu un lieu pour exprimer ce qu’elle ressentait, pour raconter son expérience et la courte vie de Paul, son marcassin. Un surnom qui signifie concrètement «le petit du sanglier qui suit encore sa mère» : «Quand on attendait Paul, on projetait ce qu’on pensait qu’il allait être. On s’imaginait aller dans la forêt avec lui. On était dans cet univers-là. Et quand il est né, il grattait toujours et se rentrait le nez dans notre cou. Donc rapidement on l’a appelé notre petit marcassin», confie l’autrice qui n’a pas hésité une seconde avant de faire de ce surnom le titre de son blogue, puis de son récit.
Mais pourquoi alors imprimer ces billets, ces publications et ces poèmes sur papier? «Pour rendre le tout plus accessible», répond l’autrice qui a retravaillé la forme de ses écrits pour créer un ouvrage poétique retraçant ses six dernières années de guérison.
Le marcassin envolé est avant tout un touchant témoignage plutôt qu’un «guide sur la survie». Puisque chacun vit ce genre d’épreuve différemment, soutient-elle. Malgré tout, la jeune femme offre son histoire au public comme une lueur d’espoir. Parce qu’elle est convaincue qu’il «est possible de survivre».
L’importance du soutien extérieur
«Je pense que le fait d’en parler aide éventuellement à sentir qu’on n’est plus dans la survie et qu’on se sent mieux, qu’on a réussi à intégrer cet événement-là à qui on est et à la vie qu’on mène», affirme-t-elle.
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«Il y a toute une culture autour du “penser positif”, se battre contre les défis que la vie met devant nous. On nous demande de trouver rapidement du sens quand on fait face à des événements difficiles, déplore Typhaine. Il y a une attente sociale face au fait de rester positif. Mais, parfois, ce dont on a besoin, c’est d’avoir le temps de s’écrouler, d’être dans la peine sans qu’un apprentissage ne ressorte nécessairement de ça.»
Selon elle, il est important de vivre le deuil à sa manière, de tester différentes ressources [psychologue, écriture, lecture, groupe d’échange, etc.], de se donner le temps, mais surtout d’«avoir le soutien des gens autour de nous» sans que cet entourage impose sa positivité.
«C’est quelque chose que j’ai essayé d’intégrer dans le livre : les proches ont vraiment un rôle important à jouer pour que le deuil se fasse sereinement. Quand on a de l’amour et du soutien autour de nous, ça fait vraiment une grande différence.»
Même s’ils ne trouvent pas les mots.