Ces patients sont ceux qui, pour la plupart, se retrouvent aux soins intensifs et ont besoin de l’assistance d’un respirateur parce que l’infection se situe dans les voies respiratoires et dans le système cardiovasculaire. C’est là que, de l’avis du professeur Blier, la COVID-19 «peut faire des dégâts».
«Le problème, avec la COVID et le virus responsable de la COVID, le SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère] 2, c’est qu’il amplifie les réponses inflammatoires. En fait, il provoque, chez certains individus, une explosion de la réponse inflammatoire. Certains patients gèrent bien le processus inflammatoire. Mais, il y a des patients qui, pour toutes sortes de raisons qu’on commence à essayer de comprendre, une fois qu’ils sont infectés, le processus inflammatoire s’emballe.»
La recherche exploratoire de l’équipe de Pierre Blier, qui assume aussi la direction du laboratoire de physiologie évolutive et intégrative du département de biologie, de chimie et de géographie de l’UQAR, est de tenter de prévenir, sur le plan cellulaire, l’effet que provoque le virus, plutôt que de le détruire. «On essaie de prévenir les processus qui sont provoqués ou exacerbés par le virus.»
Les mitochondries
L’équipe de chercheurs croit que la façon de diminuer l’inflammation passe par les mitochondries qui, en mots simples, représentent la petite structure cellulaire qui nous permet de respirer. «C’est un centre de contrôle des infections, souligne le professeur pour qui le fonctionnement, l’évolution et la régulation des mitochondries constituent le domaine de recherche. On s’est aperçus, dans les vingt dernières années, que les mitochondries avaient une fonction importante dans l’induction de l’inflammation. En fait, ils ont un rôle dans les processus inflammatoires. Donc, si on a besoin d’oxygène, il faut aller alimenter ces toutes petites structures-là que sont les mitochondries.»
L’équipe dirigée par le professeur Blier ne travaille pas sur des patients. Elle travaille sur des modèles cellulaires en provoquant un stress équivalent à celui de l’infection de COVID-19 dans les cellules qui proviennent des poumons ou de vaisseaux sanguins.
L’objectif de ces travaux ne vise pas à développer un médicament. «Ce sont des molécules qui sont des antioxydants», précise Pierre Blier. Les résultats de cette recherche devraient être connus dans six mois. C’est l’Institut de cardiologie de Montréal, avec qui l’équipe de l’UQAR travaille, qui détient l’autorité d’émettre un avis concernant le potentiel d’utilisation des produits actuellement en développement. «Ce sont des produits qui sont considérés comme des suppléments alimentaires ou des produits de santé naturels qui sont déjà reconnus aux États-Unis par la FDA (Food and Drug Administration) et au Canada par Santé Canada. Donc, on n’aurait pas les tests préliminaires pharmacologiques à passer avant d’envisager la possibilité de les utiliser chez les humains puisque ce ne sont pas des médicaments et qu’ils n’ont pas d’effet toxique reconnu. Ce sont des molécules qui ont déjà été étudiées depuis longtemps dans un autre contexte.»