«Il existe des cours, des programmes pour encadrer les jeunes joueurs de hockey, de football, de baseball, de soccer, les jeunes qui pratiquent à peu près tous les sports au Québec. Mais à part l’Académie esports de Montréal, il n’y avait pas grand-chose pour former les jeunes gamers. La pandémie de COVID-19 m’a aussi amené à lancé mon programme 100 % en ligne», explique au Soleil l’entrepreneur qui a cumulé des certificats en science politique, administration et droit à l’Université Laval.
Lancé cet été, Gamer Mentor a décroché il y a quelques semaines une bourse de 3000 $ de la Jeune chambre de commerce de Québec. «Il s’agit d’un programme de 14 semaines pour les 13 à 17 ans à raison de trois séances d’entraînement de deux heures par semaine et une séance d’une heure par semaine sur les bonnes habitudes de vie comme une saine alimentation, avoir de bons cycles de sommeil et gérer sa colère. Nous offrons aussi un camp mensuel», explique-t-il.
Former l’humain
Gamer Mentor engage pour l’instant trois entraîneurs et possède une chaîne commentée sur la plateforme de diffusion en continu Twitch afin de développer la stratégie. «On demande aussi que nos jeunes maintiennent une moyenne académique de 70% pour demeurer dans le programme. Nous visons à former de meilleurs gamers, mais surtout de meilleurs êtres humains», insiste Arcand, qui place le développement personnel, l’acquisition de compétences et le tutorat au centre de son programme avec l’entraînement aux jeux vidéo.
«Ce projet est beaucoup inspiré de ma jeunesse, parce que j’ai constaté que les parents étaient mal outillés par rapport aux jeux vidéo. Moi, je pouvais passer des heures là-dessus. C’est la seule chose sur laquelle je demeurais concentré. À l’école? Oublie ça! Je jouais aussi au football, mais le gaming était mon premier amour», avoue-t-il en précisant cependant qu’il n’a jamais été un joueur d’élite. «J’ai fait partie du “top 8 %” des meilleurs joueurs en Amérique du Nord à Starcraft 2, mais c’est tout!»
«Par contre, mes entraîneurs ont joué à un haut niveau, ils ont fait de grosses compétitions et ont une très bonne connaissance de jeux vidéo comme Rainbow Six et Call of Duty», poursuit Mathieu Arcand, ajoutant que son programme est aussi affilié à la High School Esports League, une ligue de esports américaine qui regroupe 3000 écoles. «Quand nous aurons suffisamment de jeunes inscrits, le but sera de créer des équipes qui pourront participer dans cette ligue et éventuellement remporter des bourses.»
Un rêve
Tous les participants au programme ne deviendront pas nécessairement des gamers ou des streamers professionnels comme Philippe «Vulcan» Laflamme, ce Sherbrookois qui excelle lors de compétitions internationales du jeu vidéo League of Legends, mais Mathieu Arcand souhaite leur fournir un encadrement pour pratiquer leur loisir dans un environnement sain. «Souvent, les parents ne savent pas quoi faire quand leur ado lance la manette contre le mur ou lorsqu’ils entendent ce qui se dit entre les participants. Ce sont aussi des questions que nous abordons dans le programme.»
Selon son concepteur, un programme comme Gamer Mentor devient encore plus nécessaire dans un monde où les jeux vidéo prennent de plus en plus de place et où certains joueurs d’élite gagnent leur vie en s’adonnant à leur jeu préféré. «Les jeux vidéo sont la deuxième industrie la plus lucrative mondialement après le marketing Web. Les jeunes voient un gars comme Tyler “Ninja” Blevins qui a signé un contrat de 30 millions $ sur la plateforme de diffusion en continu Mixer, et rêvent de ça. Et pourquoi pas? Il y a maintenant des universités américaines qui donnent des bourses pour les gamers comme pour les autres sports», indique-t-il.
De son côté, Mathieu Arcand rêve de voir se développer l’entreprise qu’il vient de lancer pour en faire une organisation de esports en bonne et due forme. «J’aimerais éventuellement avoir des locaux, un endroit où les jeunes pourraient s’entraîner, un gymnase et offrir l’accès à des nutritionnistes et des spécialistes pour la préparation mentale», termine-t-il au sujet de ses projets futurs.