[GÉRER LA CRISE] Brio, boutique de management: faire face au changement

Brio, boutique de management

La pandémie de coronavirus a tout changé pour les entrepreneurs d’ici qui en ont souffert, mais qui ont aussi rebondi dans la tempête, faisant parfois jaillir de nouvelles façons de faire. À l’heure de la seconde vague, nous poursuivons les rencontres de cette série «Gérer la crise».


Entreprises : Brio, boutique de management

Type d’entreprise : firme spécialisée dans la transformation organisationnelle

Contact : Caroline Ménard, présidente

Q    Votre situation avant la crise

   Notre entreprise a été fondée en 2005 par Mme Sylvie Charbonneau. Elle compte aujourd’hui plus d’une soixantaine de conseillers et elle a aidé plus de 300 entreprises depuis sa fondation. Nous avions déjà des clients à Québec avant même d’y ouvrir un bureau plus tôt en septembre. Mais on avait le goût d’avoir une présence accrue. Et dans le contexte, on trouve que c’est un beau signal à lancer au marché que d’être là dans les moments difficiles. Notre bureau est dirigé par Mme Joanne Desjardins et il compte une dizaine d’employés

Q    Quels changements a apportés la pandémie?

R    Les gens cherchent un sens nouveau, de l’autonomie, plus de collaboration, plus d’agilité. C’est la culture à faire évoluer. Certains appellent ça «l’expérience employé». Mais ça met le gestionnaire sous pression. En plus on est dans une dynamique de travail à distance qui est quand même nouvelle. Sans compter tout le passage au numérique et le fait que certains se questionnent de plus en plus au sujet de comment alléger leurs structures, donc repenser les milieux de travail, l’organisation hiérarchique, etc.. C’est ce que j’appelle le questionnement des paradigmes.

Gérer des employés à distances fait référence à la confiance, à l’autonomie, à la mise en place de processus de gestion par résultats au lieu de gérer sur la présence et la tâche. Ce sont des modalités complètement différentes. Et si comme employeur, j’ai des besoins de tout contrôler, de tout surveiller, et que je n’ai rien prévu au niveau de la gestion à distance, je suis vraiment mal pris.

Q    Outre les enjeux économiques, quels sont les plus grands défis des gestionnaires?

R    C’est de garder la mobilisation et de bien gérer dans l’isolement. C’est bien le télétravail. Tout le monde, je pense, y a gagné en terme de liberté. Mais comment garde-t-on la mobilisation, que l’on cultive habituellement quand l’on est ensemble, et que l’on brise l’isolement?

Il y a aussi des défis pour les organisations qui n’étaient pas prêtes à faire le saut en télétravail. Oui, une fois que les gens ont été installés à la maison, les entreprises ont dit «nous y sommes arrivées». Mais elles doivent s’assurer qu’elles ont les bons mécanismes de gestion et qu’elles tirent le maximum de la situation.

Je pense qu’il y a une opportunité extraordinaire actuellement de faire évoluer la culture des organisations parce que justement on est sous pression. Les choses avancent vite. Après une accalmie, la tension reprend. Mais est-ce que l’on a appris de ces opportunités-là pour mettre en place des mécanismes d’apprentissage organisationnel? On a fait des choses extraordinaires dans les derniers mois. Il faut voir ce qui s’est passé et comment nous avons changé nos comportements pour que les choses fonctionnent encore mieux quand viendra le temps de se remettre en action rapidement.

Q    Les entreprises sont-elles plus prêtes pour une deuxième vague?

   Même si certaines avaient repris certaines rencontres en présentiel, la plupart des entreprises sont restées en télétravail. On est donc plus prêt parce que les dispositifs de travail à distance sont déjà en place. 

Ceci dit, est-ce que l’on est prêt à vivre encore de l’isolement en sachant que celui-ci pourrait durer quelques mois? Je pense qu’il y a déjà une certaine fatigue qui s’est accumulée dans les entreprises. Il va falloir être très vigilants. Prendre soin de ses gens dans les prochains mois parce que si la crise avait à durer, ça pourrait être risqué pour certaines personnes.

Pour aider les gens à briser leur isolement, je crois que les employeurs ou les employés doivent recréer ce que j’appelle des rencontres improbables comme les rencontres à la machine à café ou dans l’ascenseur. Même s’il y a un peu moins de spontanéité, il faut essayer de les recréer avec des lunchs virtuels, des pauses-café virtuelles le matin, etc. Et c’est étonnant ce que l’on peut faire avec les outils technologiques dont on dispose aujourd’hui. Il ne faut pas sous-évaluer tout ce qui peut se faire de façon très efficace et agréable en virtuel, si on est bien accompagné et bien équipé technologiquement,

Q    Sentez-vous que de plus en plus d’entreprises s’ouvrent à aller chercher de l’aide?

   Oui, vraiment. Je pense qu’il y a de l’ouverture. Il y en avait déjà dans les grandes entreprises, mais je sens qu’il y en a aussi dans l’entreprise manufacturière et dans les secteurs de la PME. J’espère que l’on va avoir un attrait. On parle beaucoup d’achat local. Je souhaite aussi que nos entreprises québécoises aient un intérêt pour l’achat de services locaux.

Q    Peut-on dire que quelque part, la crise a eu du bon?

R    C’est une crise dans précédent et une situation inquiétante. Mais je pense qu’elle a du bon pour toutes les entreprises. Il y a une opportunité d’apprentissage, de changer des façons de faire qui étaient nécessaires. Je pense qu’il faut saisir cette opportunité-là et c’est ce à quoi on s’affaire avec nos clients en les aidant avec beaucoup de bienveillance à tirer tout ce qui peut y avoir comme apprentissages afin de pouvoir gagner des points et de rester en tête de peloton.

Caroline Ménard, présidente de Brio, boutique de management, une firme spécialisée dans la transformation organisationnelle