Course au PQ: Guy Nantel va demeurer provocateur

Guy Nantel 

Le Parti québécois choisira son nouveau chef le 9 octobre, deux ans après la démission de Jean-François Lisée. Au cours des quatre dernières semaines de cette course marathon, Le Soleil vous présentera les quatre candidats en lice pour mener le PQ aux élections générales de 2022. Aujourd’hui : Guy Nantel


Guy Nantel aime provoquer. Provoquer des réflexions, des réactions. «Confronter sur des questions où on est trop prudent, sur des dossiers qu’on n’ose pas toucher», explique-t-il. Et il va continuer même s’il est élu chef du Parti québécois, dans deux semaines.

«Je trouve que c’est nécessaire de le faire et c’est comme ça que la population fait confiance à un politicien», affirme-t-il en entrevue au Soleil.

«C’est moi qui ai le plus d’attention médiatique dans cette course-là et ce n’est pas pour rien», continue l’humoriste de tout juste 52 ans, que le grand public a d’abord connu comme gagnant de la Course destination monde de 1993-1994, puis dans sa carrière scénique de monologuiste.

«Dans le genre d’humour que je fais, il y a beaucoup de deuxième degré qui fait réagir les gens. Je n’ai jamais caché que j’aime la provocation. Ça fait avancer dans l’art ou la politique», indique celui dont la mère était péquiste et le père, libéral. «C’est pour ça que les débats, ça ne me fait pas peur!»

Quand l’idée de voir M. Nantel se porter candidat à la direction du Parti québécois a fait surface, à la fin de 2019, d’aucuns ont justement cru à une simple provocation. Une dizaine de mois plus tard, force est de constater qu’il a gagné en crédibilité.

«Mais il ne faut pas que mon personnage porte ombrage à mon contenu», souligne-t-il encore, souhaitant que «les idées qui sont dans une plate-forme de 32 pages, réfléchies, discutées, débattues en équipe avec des spécialistes», prennent plus de place dans les reportages et analyses à son sujet.

«Une grosse machine qui t’avale»

Celui qui s’est démarqué par le ton social et politique de son humour se décrit comme «un philosophe humoristique». «Quelqu’un qui veut faire passer une réflexion, qui veut faire avancer le niveau de conscience, de compréhension des enjeux.»

Il assure avoir été le premier surpris de voir «des gens connus impliqués dans la politique» le solliciter pour le poste de futur chef du PQ. On l’avait déjà approché avant pour se lancer en politique, mais «jamais en 100 ans» il ne s’était posé la question avec sérieux jusque-là.

Il trouve dans l’univers politique «quelque chose de très prenant et passionnant».

C’est moi qui ai le plus d’attention médiatique dans cette course-là et ce n’est pas pour rien

«C’est différent du milieu dans lequel je suis [l’humour], où on impose notre rythme. Surtout que j’écris tout seul mon spectacle et je n’ai pas vraiment de metteur en scène. C’est plus moi qui dis à mes producteurs et gérants : “Je vais être prêt telle date” et tout s’organise autour de moi.

«La politique, c’est une grosse machine qui t’avale et tu pars dans un tourbillon, poursuit M. Nantel. Ç’a été un apprentissage. C’est sûr qu’il y a de la fatigue au bout de cette course, une fatigue psychologique. Tu es toujours en train de réfléchir! Même pendant le confinement du printemps, j’étais toujours, toujours en train de me dire : “Comment je pourrais améliorer ça, il faudrait que je perfectionne ça, je trouve que je ne passe pas bien cette idée-là”.

«C’est ça la politique, il y a toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose à faire avancer. C’est ça que j’ai le plus appris pendant ces mois-là. Un spectacle, un livre, un film, à un moment donné, c’est fini. Mais la politique, c’est en temps réel», constate-t-il, sans s’en plaindre.

Redresser le bateau péquiste

M. Nantel assure que tout cela ne le changera pas.

«Je ne vais pas me donner un rôle parce que “maintenant, je suis un chef”. Il n’y a pas de cassette! En politique, tu n’es pas seul à décider, mais s’il y a une chose avec laquelle je suis profondément en désaccord, je n’irai jamais défendre ça. C’est hors de question, ce n’est pas dans ma nature», tranche-t-il.

Il plaide le droit à l’erreur pour les politiciens. Mais que ces derniers aient aussi l’humilité de reconnaître les bons coups de leurs adversaires.

«Ce ne sera pas de la petite partisanerie nounoune du style “nous autres on est des champions, les autres sont des pourris”, promet-il. Le monde est écœuré d’entendre ces affaires-là! Il ne faut pas travailler dans le sens de la partisanerie, mais dans le sens de la population.»

En fin de compte, selon lui, sa notoriété en fait le candidat de choix pour refaire du PQ un parti gagnant.

«Ce que j’appelle gagner, ce n’est pas juste de gagner l’élection en 2022. C’est aussi de gagner le pari qu’on va le redresser, le bateau, qu’on va avancer. Si on est l’opposition, on va être la première opposition et on va avoir un nombre respectable de députés. On va se faire respecter à nouveau en tant que parti politique.»

Guy Nantel souligne que sa connexion avec la population québécoise n’a pas d’égal parmi ses trois adversaires à la chefferie.

«Le fait d’être un gars du peuple, un gars simple, qui a eu une vie bien ordinaire même si je suis une personnalité connue. Je suis né dans les HLM, j’ai vécu là pendant 16 ans et j’ai fait mon chemin. Je pense que j’incarne bien la pensée de beaucoup de Québécois», conclut-il.