La ministre de l'Approvisionnement, Anita Anand, a indiqué que le Canada avait conclu un accord pour acheter jusqu'à 72 millions de doses de leur candidat vaccin expérimental, qui amorce ce mois-ci la deuxième des trois phases d'essais cliniques avant de demander l'approbation de Santé Canada.
Le gouvernement canadien s'est engagé jusqu'ici à verser 1 milliard de dollars pour acheter au moins 154 millions de doses de vaccins de cinq fabricants différents; la majeure partie de cette somme ne sera pas remboursée, même si les vaccins ne se rendent jamais jusqu'à l'étape de l'approbation par Santé Canada.
«Nous devons faire un investissement substantiel afin de nous assurer que le Canada soit bien placé pour garantir l'accès à celui ou à ceux qui auraient du succès», a expliqué la ministre Anand dans une entrevue avec La Presse Canadienne. «Pour ce faire, nous parions sur plusieurs chevaux à la fois.»
Le Canada a signé au fil des semaines des accords avec Moderna, Pfizer, Novavax, Johnson & Johnson et maintenant Sanofi et GlaxoSmithKline, qui sont tous dans le peloton de tête des vaccins les plus «prometteurs». Aucun de ces candidats vaccins n'a terminé les trois phases des essais cliniques avant que Santé Canada puisse se pencher sur leur approbation au pays.
Le médicament remdesivir
Le 3 septembre, Sanofi et GlaxoSmithKline ont annoncé que leur candidat vaccin commencerait les essais cliniques de phases un et deux, avec 440 participants. Les fabricants espèrent que leur vaccin sera prêt pour la troisième et dernière phase des essais cliniques d'ici la fin de l'année - et approuvé par les autorités pour une utilisation au premier semestre de 2021.
Un candidat vaccin de Moderna en est à la phase trois, et Pfizer combine les phases deux et trois sur son candidat. Novavax est en phase deux alors que Johnson et Johnson est en phases un et deux. La plupart des essais cliniques comportent trois phases pour garantir l'innocuité et l'efficacité du vaccin ou du médicament en cours de développement. Chaque phase ajoute plus de volontaires pour rechercher des effets néfastes sur la santé et déterminer si le vaccin induit vraiment la production d'anticorps.
La ministre Anand a déclaré que le Canada avait également signé un accord avec Gilead Sciences et McKesson Canada pour obtenir 150 000 flacons de remdesivir, le seul médicament antiviral qui s'est avéré efficace jusqu'ici pour traiter les patients atteints de la COVID-19. Santé Canada a approuvé cette utilisation à la fin de juillet. Les doses commenceront à arriver dans les hôpitaux canadiens ce mois-ci.
Les pays pauvres
Le Canada s'est également joint à l'initiative internationale de vaccination connue sous le nom de «COVAX», qui rassemble des pays riches et moins riches pour investir collectivement dans des doses de vaccins. Ottawa n'a pas encore précisé le montant de sa contribution, une annonce qui était attendue la semaine dernière mais qui a été retardée. La ministre Anand assure toutefois que le Canada demeure attaché à COVAX et que plus de détails seront bientôt annoncés.
Le Canada a choisi de participer aux deux volets du mécanisme de financement COVAX. Le premier est accessible à tous les adhérents pour avoir accès aux vaccins, et le second est un fonds destiné aux pays moins riches.
La Coalition canadienne pour la recherche en santé mondiale et la Société canadienne de santé internationale ont toutes deux critiqué le «nationalisme vaccinal» du Canada, qui a fait des promesses d'achat de vaccins pour lui-même. Les deux organismes estiment que cette décision entrave les efforts visant à assurer que les candidats vaccins qui auront du succès seront distribués équitablement dans le monde.
GAVI, l'Alliance internationale du vaccin, a déclaré lundi que 64 pays riches avaient rejoint le mécanisme de financement «COVAX», dont le Canada. Les États-Unis n'y ont pas adhéré.