«Nous nous opposons au projet de la Ville de Québec qui permettrait la construction de plus de 1000 logements dans des tours allant jusqu’à huit étages sur 60% du Boisé Neilson, un milieu naturel d’intérêt répertorié par la Ville.» Telle est la position d’un nouveau regroupement de citoyens, Les Amis du Boisé Neilson, sur le projet planifié par l’administration Labeaume.
Depuis juillet, quelques dizaines de personnes se mobilisent pour assurer la conservation «intégrale» du boisé. Samedi, des membres se sont portés à la défense de l’«écosystème forestier exceptionnel» en tenant une corvée de nettoyage et un kiosque d’information.
Les élus municipaux de l’arrondissement ont même accepté de les rencontrer, lundi prochain. Le porte-parole des Amis du Boisé Neilson, Daniel Desroches, souhaite entamer avec eux un «dialogue constructif».
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«N’est-il pas intriguant qu’un écosystème forestier exceptionnel soit soumis à un projet de développement sans autre réflexion ni étude sur ses conséquences sociales et environnementales?» se questionne le résident de Sainte-Foy.
En contexte de dérèglement climatique, ajoute-t-il, «aucune ville ne peut se permettre de perdre 25 hectares boisés à haute valeur écologique.»
De 29 à 9,8 hectares conservés
Selon des documents consultés, dont le Répertoire des milieux naturels d’intérêt de Québec datant de 2014, il n’y a pas de projet de conservation pour le Boisé Neilson dans son ensemble. En 2005, l’entièreté du boisé du secteur de Sainte-Foy figurait pourtant parmi les milieux naturels d’intérêt ciblés par la Ville de Québec.
Puis, en 2009, il semble que cet intérêt lui a été retiré au moment de l’adoption du Plan d’aménagement d’ensemble. Cette année, l’administration municipale a confirmé aller de l’avant avec un développement immobilier, une «menace imminente pour le boisé», estime Daniel Desroches. Le projet figure toujours dans le Schéma d’aménagement et de développement révisé, en vigueur depuis février.
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Selon Les Amis du Boisé Neilson, ces nouvelles constructions s’étendront sur 60% du boisé, soit 15 des quelque 24 hectares restants.
«La Ville a retiré au boisé un intérêt de conservation indéniable. Les boisés Marly et des Compagnons sont conservés, mais pourtant ici [Neilson], il y a une valeur écologique supérieure», pointe-t-il.
«Le projet de développement repose sur une étude qui ignore quelque chose d’important: nous sommes face à un écosystème forestier exceptionnel. Il y a des vestiges de forêt ancienne, une forêt rare et c’est aussi un refuge pour la diversité. Il y a des espèces à statut menacé dans le boisé, des arbres centenaires et bicentenaires. C’est très précieux ça», défend le porte-parole du mouvement citoyen.
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Deux secteurs du boisé demeurent pour l’instant conservés, un humide et l’autre forestier. Un compromis «insuffisant» toutefois, aux yeux des Amis du Boisé Neilson.
«La Ville voudrait prolonger la rue des Compagnons en traversant le boisé pour rejoindre de l’autre côté l’avenue des Compagnons. Quand un développement s’installe, la biodiversité s’en va et ensuite on développe tout parce qu’il n’y a plus rien», s’inquiète le porte-parole de l’organisation, lui-même professeur en éthique environnementale.
Le projet de tramway impliquera lui aussi la coupe d’environ 1700 arbres, rappelle-t-il, en plus d’encourager la densification du secteur. Tout juste à côté du boisé, une tour de condos de luxe est en construction.
D’autres organismes comme le Comité des arbres de Ste-Foy et Québec Arbres s’étaient déjà positionnés eux aussi en défaveur du projet de développement résidentiel. Une pétition a aussi récolté l’appui de plus de 1600 signataires.
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POURQUOI PAS UN «PARC NATIONAL URBAIN»?
Toujours à la recherche de compromis, Daniel Desroches voit l’administration de la Ville de Québec comme un «futur partenaire» pour la création d’un «parc national urbain».
À son sens, les milieux boisés Neilson, des Compagnons et Marly pourraient tous constituer des points d’intérêt, reliés avec la plage Jacques-Cartier et le sentier des Grèves, notamment.
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«On s’attache aux derniers boisés qu’il reste, surtout en contexte de changements climatiques. Tant qu’il y a des arbres debout ici, je vais mobiliser les citoyens et je ne vais pas arrêter. Seule la pression sociale va permettre de rectifier cette erreur importante», conclut M. Desroches.