Le petit prince est toujours vivant: à lire avec le cœur

Les auteurs Thomas De Koninck et Christine Michaud abordent doucement et sans torture le sens de la vie, le bonheur, la beauté ou encore le divin.

Baigné par le conte original, Le petit prince est toujours vivant pose dix grandes questions existentielles. Christine Michaud et Thomas De Koninck affrontent les tabous et abordent doucement et sans torture le sens de la vie, le bonheur, la beauté ou encore le divin. De quoi apaiser les adultes cherchant parfois des réponses qui se cachent sous le bout de leur nez.


«On a toujours besoin de s’interroger sur le sens de la vie et tout ce qui gravite autour. Mais ce qui est extraordinaire, c’est la capacité qu’ont déjà les enfants à poser les questions les plus profondes», affirme d’entrée de jeu Thomas De Koninck, professeur émérite à la Faculté de philosophie de l’Université Laval, en entrevue au Soleil.

Qu’est-ce que la beauté? Qu’est-ce qui nous donne envie de vivre? Qu’est-ce qu’une vie heureuse? Qu’est-ce qu’aimer?

Comme des enfants, les auteurs de Le petit prince est toujours vivant posent des questions qui laisseraient bouche bée bon nombre d’adultes. Or, devant ces bouches entrouvertes et ces paumes levées vers le ciel, Christine Michaud et Thomas De Koninck répliquent les mots «amour» et «amitié». Comme des enfants sages ­— et non pas naïfs.

«Éric-Emmanuel Schmitt fait l’analogie avec Mozart. La musique de Mozart est très simple en apparence, naïve on pourrait dire. Mais c’est une musique qui est belle, profonde et loin d’être superficielle. Paraît-il qu’elle est d’ailleurs très exigeante pour les orchestres [qui la jouent]. La question du sens de la vie, de la mort, c’est loin d’être naïf. Parce que si vous ne trouvez pas de sens à la vie... Qu’est-ce que vous faites? Vous vous autodétruisez», assure M. De Koninck.

Voilà donc ce qu’offre l’ouvrage : des réponses qui paraissent simples au premier abord, mais qui, une fois étayées et construites, ramènent à soi, à notre vie et à ce que nous en ferons. Loin du «guide rapide et efficace pour être heureux», l’œuvre de 200 pages, qui allie philosophie pure et psychologie positive, fait réfléchir et aide le lecteur à mettre en lumière certains pans de son existence.

Bien que ce type de questions existentielles soient généralement d’ordre personnel, le livre porte un fort aspect social et fait écho aux enjeux actuels, communs au monde entier. Même s’ils sont conscients des défis auxquels l’humanité fait face, Christine Michaud et Thomas De Knoninck prônent l’émerveillement et la nécessité de voir ce qu’il y a de bien autour de nous.

«C’est peut-être un effort qui nous est demandé de voir les élans de solidarité à travers tout le plus sombre qu’on perçoit, mais moi je crois profondément qu’il est possible de refaire le lien, de se reconnecter à ça [la solidarité]. On en a besoin plus que jamais. Mais il va aussi falloir que tout le monde s’y mette parce que c’est comme ça qu’on pourra atteindre un point de bascule et faire changer les choses», insiste Mme Michaud, également conférencière et animatrice.

Le livre illustre et propose de petits gestes simples, qui partent de soi, mais qui feront effet boule de neige devant le grand «défi humain» à nos portes, selon les auteurs.

Plongeon dans l’œuvre de Saint-Exupéry

Si l’ouvrage contient plusieurs citations de grands philosophes connus — Socrate, Aristote, Kant, Pascal, Camus, etc. —, il met davantage en lumière l’œuvre tout entière de Saint-Exupéry. Non seulement y cite-t-on Le Petit prince, mais aussi Citadelle, Vol de nuit, Terre des hommes, Pilote de guerre et plusieurs autres.

Selon Mme Michaud, les thèmes abordés dans le fameux Petit prince sont pourtant universels à l’ensemble des œuvres de Saint-Exupéry. Fait méconnu de son époque et d’aujourd’hui, Antoine de Saint-Exupéry a publié tout au long de sa vie.

Bien humblement, Le Petit prince est toujours vivant «rend ses lettres de noblesse à ce génie philosophique et littéraire». «Avant d’écrire, j’ai relu toutes les œuvres de Saint-Exupéry justement parce que je trouvais important de me baigner dans son univers, de voir quel type d’homme pouvait avoir écrit Le Petit prince. Je voulais savoir ce qui l’animait et quelles étaient ses grandes questions à lui», indique Mme Michaud.

«Le Petit prince a été traduit en près de 400 langues et dialectes. […] Saint-Exupéry est un génie. La justesse, la clarté et la profondeur de ses réflexions sont extraordinaires, lance avec passion M. De Koninck, passionné. Le succès immense de l’œuvre en témoigne. Je pense qu’il n’y a que la Bible qui ait été traduite autant de fois, sinon davantage. C’est un succès qui transcende tout. Et ce n’est pas seulement parce que c’est un conte de fées. Il y en a plein des contes du genre.»