Le BAC réagit à l’article paru récemment sur l’écart du nombre de remboursements de réclamations auprès des assurés pendant la période du confinement obligatoire (entre le 15 mars et le 16 juin), en se basant sur la moyenne annuelle pendant la même période. Hellosafe avançait que plus de 2,7 milliards $ auraient été «économisés» par les assureurs au Canada, dont 650 millions $ seulement au Québec.
Selon des données tirées du Plan statistique automobile géré par le Groupement des assureurs automobiles pour l’Autorité des marchés financiers (AMF) fournies par le BAC, le nombre de sinistres pour les véhicules de tourisme a diminué de 50,6 % au deuxième trimestre de 2020 (1er avril au 30 juin), par rapport à 2019 (82 134 contre 166 348).
Cependant, ces mêmes données renvoient que le coût moyen par sinistre a augmenté de 34,7 % en un an, soit 4434 $ en 2020 contre 3291 en 2019.
«Dans ces données, on parle que des voitures de tourisme. J’ignore si Hellosafe a inclus d’autres données dans leurs statistiques», affirme Pierre Babinsky, directeur des communications et des affaires publiques pour le Bureau d’assurance du Canada.
«Ce que je peux vous dire, c’est que d’une année à l’autre, le coût des sinistres augmente. Même s’il y a moins de sinistres au deuxième trimestre de 2020, les sinistres qui ont eu lieu ont coûté plus cher que ceux l’année passée. Nous, on tient compte aussi de cette différence-là», ajoute-t-il.
Beaucoup de facteurs
M. Babinsky attribue ces hausses de coût à plusieurs facteurs. «À pièce égale, le coût augmente d’une année à l’autre. Même si ce n’est pas une pièce qui est plus technologique qu’une autre. On a aussi des pièces qui ont évolué sur le plan technologique. On peut parler d’un rétroviseur, par exemple, qui, il y a 10 ans, coûtait autour de 200 $. Il coûte aujourd’hui entre 550 et 650 $, dit-il. Un autre exemple, les phares pour les Toyota Corolla ou les Hyundai Elantra, en 2010, pouvaient coûter entre 300 et 500 $. En 2020, on parle d’entre 875 et 1000 $ de coût de remplacement.»
Les systèmes d’aide à la conduite, les caméras avant ou de recul, les différents capteurs ajoutent aux frais de réparation. «Même pour de petites collisions. Ajoutez à ça le coût de la main-d’œuvre dans les ateliers de carrosserie.»
Toujours selon M. Babinsky, les technologies, ça ne concerne pas seulement que l’électronique. «Les différents types d’alliages utilisés dans les châssis des camions, par exemple, l’aluminium, ajoutent aussi des coûts supplémentaires. Chacun demande des techniques et des équipements de soudure différents. Ça coûte très cher aux ateliers de carrosserie de s’équiper pour faire ces réparations.»
Le directeur des communications appuie ses dires sur des données tirées du Groupement des assureurs automobiles, qui avancent que le coût moyen des sinistres au Québec est passé de 3559 $ en 2008 à 4794 $ en 2018. Une augmentation de 35 %. Durant la même période, les primes moyennes d’assurance auto sont passées de 563 $ à 595 $, en hausse de 5,7 %.
Concurrence
Cependant, la concurrence au Québec a gardé le coût des primes d’assurance très bas, selon M. Babinsky. «La prime moyenne la plus basse au Canada [717 $ par année en 2018]. Cela inclut les primes de la SAAQ [Société de l’assurance automobile du Québec, pour les dommages corporels]. À titre comparatif, en Ontario, la prime moyenne était de 1505 $. Même en incluant les primes de la SAAQ, on est la moitié moins qu’en Ontario.»
Il ajoute qu’il est «inévitable qu’on doive augmenter les primes». «Si on met de côté la pandémie, on voit depuis quelques années un resserrement du côté des assurances automobiles. Les assureurs sont obligés d’ajuster le coût des primes en fonction des coûts grandissants des sinistres. Quand l’assureur paie plus en sinistre qu’il récolte en primes, il y a une perte technique à ce niveau-là. Il doit donc compenser et collecter assez de primes s’il veut rester rentable pour payer les sinistres qu’il entrevoit payer l’année suivante. Ça, c’est basé sur des calculs sur plusieurs années, sur des tendances.»