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Plus que des gardiennes d’enfants

Que feraient les parents de jeunes enfants sans les services de garde de l’école à 7h le matin, le midi, entre 15h et 18h, lors des nombreuses journées pédagogiques ou lors de la semaine de relâche?

CHRONIQUE / Au nom de l’enseignante s’ajoute celui de l’éducatrice du service de garde pour de nombreux enfants. Mme Sandra cohabite avec Mme Magalie dans son quotidien. Mais même si plus de 60 % des écoliers ont besoin de ce service avant et après les heures de cours ainsi que le midi, et même si certains y passent presque autant d’heures qu’en classe, le travail du personnel des services de garde scolaire n’est souvent pas reconnu à sa juste valeur. Cela pourrait nous jouer des tours.


«Ce ne sont pas des gardiennes d’enfants, mais bien des éducatrices. C’est un service éducatif», soutient Diane Miron, directrice générale de l’Association québécoise de la garde scolaire (AGGS). 

Qu’est-ce que les parents de jeunes enfants feraient sans les services de garde de l’école à 7h le matin, le midi, entre 15h et 18h, lors des nombreuses journées pédagogiques ou lors de la semaine de relâche? 

Les heures passées au service de garde peuvent être très agréables et stimulantes si l’équipe est compétente et dynamique. Si le personnel se contente de faire de la surveillance, les enfants risquent de trouver le temps long.

Le télétravail va peut-être inciter des parents à délaisser les services de garde scolaire. Mais pour plusieurs, ceux-ci demeureront essentiels pour concilier travail et famille. Encore faut-il que du personnel soit au poste pour assurer le service.

Là aussi, des écoles manquent de personnel. C’était le cas avant la pandémie. Dans certains établissements, le ratio d’une éducatrice pour 20 enfants ne peut pas être respecté faute de personnel. «Il grimpe à 25, à 30», rapporte Mme Miron. 

À cause de la pandémie, à cause que des éducatrices décident de faire de la suppléance dans les classes pour pallier la pénurie d’enseignants, mais aussi parce que les conditions d’exercice ne sont pas attrayantes, le manque de main-d’œuvre dans les services de garde risque de s’accentuer. 

«Horaire brisé. Semaine de travail variant entre 8 et 35 heures. Manque de reconnaissance. Pas pris au sérieux par le reste de l’équipe-école. Manque de formation et d’encadrement», résume la directrice générale qui rappelle que la situation est déplorée depuis des décennies. 

Si le personnel se fait rare, les places disponibles au service de garde des écoles pourraient donc aussi se raréfier.

Mme Miron souligne que le règlement sur les services de garde en milieu scolaire est minimaliste et qu’en plus, il date de 1998. 

Le profil de la clientèle a pourtant changé au cours des 22 dernières années. Le nombre d’enfants avec des difficultés d’apprentissage et de comportement est en hausse. Les maternelles 4 ans ont été développées. Le nombre d’immigrants a aussi augmenté dans les écoles.

Les services de garde doivent donc composer avec des enfants de 4 à 12 ans dont les besoins et les difficultés ne s’estompent pas lorsqu’ils sortent de la classe.

Mme Miron prône davantage de formation continue pour permettre aux éducatrices et aux éducateurs d’être à la fine pointe des connaissances sur le développement de l’enfant et des meilleures pratiques.

Présentement, une formation en technique d’éducation à l’enfance est exigée pour être responsable d’un service de garde. Une attestation d’études professionnelles de 350 heures de formation et de 40 heures de stage est requise pour les autres membres du personnel. 

Mme Miron ne cache pas que le niveau de formation minimale exigé peut expliquer pourquoi la collaboration entre le service de garde et l’équipe-école est parfois difficile et pas aussi étroite qu’elle le mériterait dans certains milieux.

Québec doit lancer sous peu une vaste campagne pour recruter du personnel dans le réseau scolaire. La directrice voit l’initiative d’un bon œil à condition que le ministère de l’Éducation améliore les conditions de travail et valorise le rôle joué par les éducatrices.

Elle estime que les écoles pourraient mettre davantage les éducatrices à contribution pour épauler les enseignants. 

Dans le plan de 16 pages détaillant les règles à suivre dans les écoles en temps de pandémie, le ministère n’a consacré que six paragraphes aux services de garde. 

Comme si leur apport était négligeable. Comme si le personnel et les utilisateurs de ce service pouvaient davantage prendre des risques avec leur santé et leur sécurité. Comme si l’école et le service de garde ne formaient pas un tout.