Au milieu de l’hiver, l’OBNL Les Ateliers a pu annoncer qu’il allait accueillir une quinzaine d’artistes dans des ateliers permanents. Du nombre, il y a les photographes Louis Laliberté et Francis Gagnon (qui immortalise le Festif!), Pierre Bouchard, Jimmy Perron et Karine Locatelli, qui rêvait depuis des années de produire entourée de ses pairs à la Maison Mère — fort inspirant projet hybride logé dans l’ancien couvent des Petites Franciscaines de Marie.
Après la constitution d’un C.A. et le remplissage de beaucoup de paperasse, le projet est né. Le premier élan fut quelque peu ralenti par la COVID, mais la directrice Marilyne Busque-Dubois n’a pas chaumé pour trouver des idées qui tisseraient des liens entre le tout nouveau centre et la communauté. Animations au marché public, murale, installation de land-art marionnettique (!), dessins sur les colonnes de rue… l’art se déconfine avec profusion sous son égide.
Elle ouvre les portes toutes grandes aux artistes professionnels en art actuel, littéraire ou interdisciplinaire qui souhaitent s’offrir une résidence à leur convenance.
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Marie-Claude Drolet et Marie-Fauve Bélanger, de Québec, ont passé tout le mois de juillet à la Maison Mère pour travailler avec Karine Locatelli, dans le grand atelier commun.
«On trouvait qu’il y avait des liens entre nos pratiques sur le paysage et on voulait se prévoir un temps de recherche, ensemble», souligne Marie-Fauve. Toutes trois ont l’habitude d’aller recueillir du matériel de création en multipliant les balades en nature. «On a fait des cueillettes, de la pêche, des croquis sur la plage», note Marie-Claude. Leurs promenades sur le chemin des Sœurs, derrière la Maison Mère, leur a donné envie d’y présenter leur travail final, le 30 juillet.
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Nouveau pleinairisme
«On poursuit la tradition pleinairiste, qu’on a surtout vue en peinture, mais qui s’applique bien à plusieurs médiums. Faire comme René Richard et le Groupe des Sept le faisaient et partir avec un sac à dos, ses outils, du matériel limité, puis travailler de plus grands formats de retour à l’atelier, ça nous nourrit beaucoup», explique Karine.
Elle dessine et brode des cartographies patientes, traçant des paysages de toile qui peuvent se faire sculpture, au sol ou suspendue (comme dans l’œuvre qu’elle présente au Moulin de la Chevrotière à Deschambault).
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Marie-Claude, elle, fait des expérimentations avec le cyanotype, une technique photographique, avec des éléments collectés sur L’Isle-aux-Coudres. Elle reprend aussi ses ciseaux de sculpteure pour creuser des matrices qui lui servent à imprimer sur l’imposante presse ancienne qui trône dans Les Ateliers.
Marie-Fauve, inspirée par les traces laissées par les arbres au sol, dans les sentiers couverts d’épines, et par les chablis, ces troncs secs et tortueux qui s’empilent pêle-mêle, a tracé des motifs sur des plexiglas bleutés. Reste ensuite à trouver une manière de les placer en forêt, pour que la lumière y passe et qu’il se produise une danse des ombres, un éclat de magie.
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Chacune s’inspire de la nature, de ses plus minuscules détails à ses plus imposants éléments, puis joue avec les matériaux, les textures, les teintes.
Leur projet d’exposition commune a été déposé dans plusieurs centres d’artistes. On devrait donc voir le tout circuler. En attendant, on peut les suivre sur le Web à mariefauvebelanger.com, marieclaudedrolet.com et karinelocatelliartsvisuels.com.
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LA LÉGERETÉ DE CRÉER
Le centre de production en art actuel Les Ateliers occupent plusieurs espaces dans la Maison Mère, un chaleureux dédale où logent aussi le Mousse café, l’espace de cotravail La Procure, l’Auberge des Balcons, la boulangerie artisanale À chacun son pain et bien d’autres organismes.
Audrée Demers-Roberge a pu s’installer pour une semaine dans un atelier niché dans une des ailes, non loin de l’ancien «Bureau de bricolage» aménagé pour l’une des religieuses qui avait la vocation artistique. Les lieux, dont les fenêtres s’ouvrent sur les clochers et les champs environnants, sont à la fois chargés d’histoire et bien vivants.
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«C’est tellement cool d’avoir accès à une résidence facilement! s’extasie l’artiste de Québec. Ça donne une légèreté à la création.» Même bref, le passage à Baie-Saint-Paul lui a redonné du souffle. Après une résidence au Sénégal en janvier et en février, le confinement avait eu sur elle l’effet d’une chape de plomb. «Je n’ai pas beaucoup créé, pas beaucoup travaillé. La pression de productivité que je m’étais toujours imposée n’avait plus aucun sens», raconte-t-elle.
On ne s’en douterait pas en la voyant créer ses peintures-collages mariant les coquillages du Sénégal, les algues de Charlevoix et les vernis à ongles brillants oubliés par son colocataire.