Canadian Bacon se pose à Sans galerie fixe pour l'été

Phelipe Soldevila et William Gilbert dans le bureau de Sans galerie fixe.

On accède à Sans galerie fixe par une ruelle, sur la côte d’Abraham, où un des personnages de Phelipe Soldevila a établi son royaume. En descendant quelques marches, on entre dans le vaste espace d’exposition en devenir, qui accueillera pour les trois prochains mois des électrons libres du collectif à géométrie variable Canadian Bacon.


L’étage appartient à Bloc Solutions, une plateforme qui permet de générer et de gérer des baux en ligne. La salle donnant sur la rue a accueilli pendant quelques années un studio de yoga. Puisqu’il habite juste en face et qu’il connaît bien le propriétaire, Phelipe Soldevila a commencé à lorgner l’étage vide quand la pandémie et le confinement ont forcé Canadian Bacon à annuler plusieurs expositions (qu’ils nommaient depuis quelque temps Grands Projets Secrets) ce printemps.

Depuis six ans, le collectif et ses expositions-évènements, qui tiennent généralement en une fin de semaine dans des locaux en jachère, font courir les amateurs de peinture et d’imprimé aux influences urbaines. Ils viennent regarder les œuvres (et souvent en acheter) tout en profitant du mixte musique, bouffe et alcool des vernissages haut en couleur.

À l’avant-plan, une sculpture de Jobarts et, à l’arrière, des imprimés d’artistes internationaux.

«Avec la COVID, on ne peut plus faire d’évènement de grande envergure. Il a fallu réfléchir à une manière différente de diffuser, expose William Gilbert, à la barre de ce nouveau projet avec Phelipe Soldevila. Les situations les plus difficiles amènent les projets les plus ambitieux.»

Ils accueillaient environ 1200 personnes en un week-end, ils se sont dit qu’en ralentissant le flot des visiteurs, ils pourraient fort probablement réussir à en attirer une centaine par semaine — un calcul rapide les a convaincus d’ouvrir une galerie pour 12 semaines.

Des toiles attendent déjà d’être accrochées.

Dans les règles

«J’ai toujours l’impression qu’on est un petit élément perturbateur dans la présentation de l’art dans la ville de Québec. On a notre style un peu plus bum, moins protocolaire, mais là, il faut vraiment prendre au sérieux toutes les recommandations du gouvernement, avance Phelipe Soldevila. Les gens qui trouvaient qu’on faisait trop de bruit pendant nos événements, on les sent déjà dans notre nuque. On sera irréprochables.»

Désinfectant à mains, des portes distinctes pour l’entrée et la sortie, équipement réglementaire, des billets pour limiter le nombre de personnes lors du (ou plutôt des) vernissages… les trentenaires ont fait leur devoir pour présenter une version plus «mature» des expos pop-up qui ont fait leur renommée. Pas question toutefois de tomber dans les manières guindées. «On veut accueillir les gens à 2 mètres, mais à bras ouverts, dans le contexte le plus propice possible pour voir de l’art», dit le duo.

Sans galerie fixe, l’espace qu’occupera le collectif Canadian Bacon, cet été, donne sur la côte d’Abraham.

Les œuvres d’une trentaine d’artistes (voire plus) seront exposées sur les murs de Sans Galerie Fixe. Des petits formats de Matel, des toiles d’Olivier Moisan-Dufour, d’Olivier Desserres, de Louis-David Létourneau-Gagnon, de François Lapierre et des deux organisateurs attendent déjà que les murs soient secs pour y être accrochées. Des toiles et sculptures de Jobarts et des collages de Jacques Bref, faits à partir d’anciennes affiches pour apprendre l’anglais aux Québécois, nous tombent déjà dans l’œil. S’y ajouteront des collages de Kaël Mercader, ainsi que des œuvres de Maude Demers, Élie Dubois-Sénéchal, Catherine McInnis, entre autres.

«Vu que c’est une galerie, on peut ressortir des œuvres plus anciennes, pas juste la plus récente production, note William Gilbert. On veut avoir le meilleur de chaque artiste.» Les œuvres vendues pourront être emportées sitôt payées et de nouvelles prendront leur place.

D'autres oeuvres en attente à Sans galerie fixe

Artistes d'ailleurs

Dans la plus petite salle, aménagée en bureau, Phelipe Soldevila a affiché des imprimés d’artistes internationaux qu’il a collectionnés au fil du temps et qu’il compte remettre sur le marché. «On vient pour la plupart de l’art de la rue, je voulais remettre ça de l’avant», note-t-il. On trouvera notamment des œuvres des Américains Andy Warhol et Shepard Fairey (OBEY) et de la Française Kashink.

L’ouverture de Sans Galerie Fixe, au 729, côte d’Abraham, est prévue le 11 juillet 2020 et le vernissage le samedi suivant. Les détails seront publiés sur la page Facebook de Canadian Bacon.