L’annonce du gouvernement envoie un signal inquiétant: celui d’un retour au business as usual et, pire encore, celui d’une diminution des ambitions climatiques sous prétexte de relance économique.
Lors de la célébration du Jour de la Terre en avril dernier, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a rappelé que, malgré les impacts socio-économiques de la pandémie, le monde ne doit pas oublier «l’urgence environnementale plus profonde» à laquelle la planète est confrontée. Il reconnaît que le bilan du virus et «immédiat et épouvantable», mais insiste sur le fait que la crise est aussi un signal d’alarme, «pour bien faire les choses pour l’avenir».
Alors que le Canada ralentit ses démarches en matière environnementale, d’autres pays profitent au contraire de la crise sanitaire pour répondre à la crise climatique. L’Union européenne propose un plan de relance de 750 milliards d’euros (1,15 milliard $) pour sortir de la crise auquel seront attachées des conditions environnementales. La France a annoncé 8 milliards d’euros (12,3 milliards $) pour accélérer la transition vers les voitures électriques. La Chine s’engage à investir 500 millions $ dans les bornes de recharge pour les véhicules électriques. Le Danemark veut investir dans la rénovation des bâtiments. Ces exemples montrent que la relance économique peut être utilisée comme un levier dans la lutte aux changements climatiques.
Si plusieurs se réjouissent de la diminution des gaz à effet de serre pendant le «grand confinement», ce qui promet un bilan honorable en 2020, relancer l’économie sans considérer les conséquences environnementales augmentera le risque de la crise climatique. Grâce à la crise financière de 2007-2008, les émissions de gaz à effet de serre avaient aussi ralenti à l’échelle mondiale en 2009. En 2010, toutefois, ces émissions ont atteint de nouveaux sommets, notamment parce que les gouvernements ont stimulé l’économie sans considérer les conséquences environnementales.
La période post-pandémique sera donc déterminante en ce qui concerne l’atteinte — ou pas — des objectifs d’émissions de l’Accord de Paris de 2015, qui devaient limiter le réchauffement climatique à 2 °C, voire à 1,5 °C. Le temps n’est ni au report des ambitions ni à la complaisance.