Le directeur général Johann Girault, flanqué de quelques ouvriers, s’affairait mercredi, dans un concert de scies électriques, à construire la vingtaine de bacs qui verront sortir de terre d’ici l’automne carottes, laitue, tomates et autres concombres. De la pierre concassée et une toile géotextile au fond, du terreau, de l’eau et du soleil, et il ne restera plus qu’à attendre les premières pousses.
Les jardins du bassin Louise sont implantés à l’endroit même qui a accueilli pendant plus de 30 ans le marché du Vieux-Port. L’édifice a été rasé au sol en décembre après la décision de la Ville de transférer les activités au Grand Marché, sur le site d’Expo Cité. L’administration Labeaume a investi quelque 90 000 $ afin de permettre aux Urbainculteurs d’élargir sa mission de promotion de l’agriculture urbaine.
«C’est un lieu exceptionnel pour nous, on est emballés. On ne s’attendait pas à avoir quelque chose d’aussi grand», s’enthousiasme M. Girault. Ça fait sens par rapport à ce qu’il y avait ici avant.»
Au terme du projet, en 2022, les Jardins compteront une soixantaine de bacs, d’une quinzaine de mètres de longueur. Des conteneurs transformés en salles pour les travailleurs bénévoles, du mobilier urbain, une fresque, peut-être une serre, l’endroit sera aménagé pour attirer le plus grand nombre.
«On veut que ce soit beau, que ce soit un lieu attirant afin que les gens prennent plaisir à venir. Il n’y aura pas de clôture, on va pouvoir se balader comme dans un espace vert nourricier», souligne Johann Girault, dont le parcours professionnel s’inspire de ses parents et grands-parents, horticulteurs et cultivateurs de la Provence.
Les légumes récoltés serviront, dans un premier temps, à nourrir les bénéficiaires d’organismes communautaires, comme La Maison Mère-Mallet et Le Pignon bleu, mais il n’est pas exclu qu’un comptoir soit éventuellement installé pour la vente au public.
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Du jamais vu
La crise sanitaire et le confinement ont créé un véritable engouement pour le jardinage. Les potagers en façade ont poussé un peu partout en ville. Les Urbainculteurs, un organisme fondé il y a dix ans, sont aux premières loges pour constater ce phénomène du retour à la terre et à la nature.
«C’est incroyable, on n’a jamais vu ça. Ce printemps, nos ventes annuelles ont été multipliées par cinq en seulement deux mois, ça donne une idée», mentionne M. Girault. On a eu de la difficulté à s’approvisionner auprès de nos fournisseurs qui étaient back order.. C’était la même folie partout.»
Les semences et les «smart pots» - des pots de jardinage en géotextile permettant de cultiver de tout, partout, et à faible coût – ont particulièrement été populaires sur le site de l’organisme.
La popularité du jardinage participe de la «convergence de plusieurs phénomènes», croit M. Girault.
«La crise (de la COVID) a amené de l’anxiété en lien avec la sécurité alimentaire. Les gens ont commencé à se demander s’ils allaient manquer de bouffe. Ils ont vu le prix des aliments augmenter. Ils ont eu peur et, tant qu’à rester à la maison, ils se sont dit autant se lancer dans le jardinage. Une crise comme celle qu’on vit amène beaucoup de questions philosophiques. Les gens se demandent pourquoi ils courent tout le temps. Avec un potager ou un jardin, ils prennent le temps de s’émerveiller de petites choses.»