Les familles québécoises ressortent plus fortes de la pandémie

Plus de la moitié des 2000 parents sondés ont perçu des effets positifs sur leur gestion familiale depuis le début de la pandémie.

La majorité des pères et des mères ont tiré des conclusions positives de leur vie parentale en période de COVID-19. C’est ce qui ressort d’un sondage mené par le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP). Encore plus chez les parents de la génération Y, qui croient majoritairement à la durabilité de ces changements.


La pandémie n’a pas eu que du négatif. Plus de la moitié des 2000 parents sondés ont perçu des effets positifs sur leur gestion familiale depuis le début de la crise. «C’est la plus grosse surprise, commente en entrevue au Soleil Raymond Villeneuve, directeur général du RVP. Avec le fait de brasser les cartes et de mettre les familles ensemble pendant un bout de temps, on anticipait plus les problèmes que les avancées. On avait sous-estimé l’impact positif qui pouvait y avoir avec cette situation-là et les prises de conscience que ça pouvait entraîner.»  

Le sondage a été réalisé en ligne du 22 mai au 2 juin dernier, auprès de parents d’enfants âgés de 0 à 17 ans. Ces résultats sont dévoilés dans le cadre de la Semaine Québécoise de la Paternité, qui se tient du 15 au 21 juin. 

Près des trois quarts des répondants voient un changement positif dans le temps passé auprès de leurs enfants. La moitié des parents trouvent que leur relation avec leurs enfants est positivement modifiée, un score un peu plus élevé chez ceux dont les enfants sont âgés entre 0 et 5 ans. Dans 40 % des cas, les parents estiment que leur compréhension des besoins de leur enfant s’en est trouvée bonifiée.

Les pères et les mères ont des réponses très semblables sur la reconnaissance, la communication, l’engagement des pères ou encore le soutien affectif. Cependant, le partage des tâches et la charge mentale sont les deux points qui présentent le plus d’écarts significatifs entre les pères et les mères. 75 % des hommes estiment que le partage des tâches est équitable, contre seulement 50 % des femmes. 

Ce sondage met par ailleurs en évidence que la norme sociale de la parentalité égalitaire, dite «coparentalité», est une valeur de plus en plus forte. «Ça devient le modèle de référence, particulièrement chez les parents de la génération Y, de 18 à 34 ans, détaille Raymond Villeneuve. Là pendant la crise, on y a goûté, on voit que c’est agréable et qu’on veut le renforcer.»

Parmi les familles qui ont fait des apprentissages positifs pendant cette période, les 2/3 pensent que ce changement va durer. «Plus les familles sont jeunes, plus c’est le cas, poursuit-il. Donc, on croit qu’on est en train d’assister à un changement social sous nos yeux, confirmés par un ensemble de vecteurs.»

Pour Carl Lacharité, professeur de psychologie à l’UQTR et membre du comité scientifique qui a développé le sondage, la pandémie a tout simplement servi de catalyseur. «Le phénomène était déjà en marche, explique-t-il. C’est une lame de fond que la situation actuelle a poussée plus loin.»

Ce constat survient malgré le fait qu’un peu plus de 20 % des parents sondés ont estimé faire face à de la détresse psychologique, du stress ou de l’anxiété depuis le début du confinement. «Il ne faut bien sûr pas minimiser les familles qui ont été négativement impactées par la crise, précise Raymond Villeneuve. Les inégalités sociales ont aussi joué un rôle et les personnes défavorisées ont été frappées plus durement.»

La coparentalité

Le terme de coparentalité désigne le «travail d’équipe» des parents. Selon Carl Lacharité, plusieurs décennies de recherche montrent que les enfants ont besoin que plusieurs personnes s’occupent d’eux et qu’elles puissent se coordonner. Cela donne des conditions optimales pour le développement de l’enfant. La coparentalité est une façon de nommer la manière dont des adultes combinent leurs ressources pour permettre aux enfants de se développer. «C’est une belle et grande idée parce qu’elle est très inclusive, explique Raymond Villeneuve. Elle comprend toutes les formes de famille, que l’on soit en couple, séparé, ou recomposée.» Selon lui, cette période de confinement a été un terrain d’expérimentation qui a montré aux pères et aux mères qu’un autre modèle était possible. «Un modèle dans lequel ils pourraient former un meilleur partenariat pour, ensemble, s’occuper de leurs enfants», commente le président du RVP.

Commanditaire du sondage, le RVP regroupe près de 250 organismes du Québec. Il se donne pour mission de valoriser le rôle des pères et promouvoir leur importance dans la famille et dans la société pour le développement des enfants, dans une perspective d’égalité entre les parents.