Un nouveau projet-pilote, annoncé jeudi par le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, vise à recruter à l’étranger 550 préposés aux bénéficiaires, qui viendront prêter main-forte au personnel soignant des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
Le ministère veut procéder rapidement et a déjà entrepris des missions de recrutement virtuelles à l’étranger pour identifier les candidats potentiels à court terme.
Idéalement, les recrues devront avoir deux années d’expérience équivalente à celle d’un préposé, acquise dans leur pays d’origine, et elles devront s’engager à travailler pendant au moins deux ans dans un CHSLD.
D’autres, sans expérience, pourront s’engager à suivre une formation de préposé au Québec et s’engager à oeuvrer pendant au moins un an en CHSLD.
Le nombre de 550 préposés est le maximum que la loi permet pour ce type de programme donnant accès à un certificat de sélection.
La veille, le premier ministre François Legault avait annoncé son projet de former et recruter 10 000 préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD, d’ici le 15 septembre.
Un PEQ nouveau
La création du nouveau programme-pilote a été annoncée par le ministre Jolin-Barrette, en conférence de presse, jeudi, en marge de la présentation de sa nouvelle mouture du programme PEQ (programme de l’expérience québécoise).
En principe, le PEQ permet d’acquérir plus rapidement la résidence permanente au Canada.
En novembre, le ministre avait annoncé une réforme controversée du PEQ, qui contenait une liste contestée des emplois recherchés par le Québec chez les candidats à l’immigration. Le but était d’arrimer les candidats aux besoins économiques spécifiques du Québec.
Le ministre renonce désormais à cette liste. Il a dit avoir entendu les critiques et écouté les arguments des milieux concernés, le monde des affaires et celui de l’éducation.
En novembre, certains lui avaient reproché de n’avoir consulté personne avant d’élaborer sa réforme.
En vertu des nouvelles règles, pour se qualifier au PEQ les candidats devront avoir une expérience de travail accrue. Les travailleurs étrangers temporaires présents au Québec devront cumuler une expérience de travail de 36 mois, à temps plein, au cours des 48 derniers mois précédant leur demande de résidence permanente, au lieu d’une seule année.
Les étudiants étrangers déjà au Québec, ayant leur diplôme en poche, devront acquérir une expérience de 12 ou 24 mois à temps plein avant de présenter une demande de résidence permanente.
L’exigence de la connaissance du français sera rehaussée. Les candidats devront démontrer leur niveau de connaissance. De plus, fait nouveau, les conjoints des requérants devront pouvoir démontrer qu’ils ont un niveau 4 de connaissance du français (sur une échelle de 12), soit la capacité de tenir une conversation.
Le ministère s’engage à traiter les demandes dans un délai de six mois.
La nouvelle mouture du PEQ a été bien accueillie par le milieu des affaires.
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain et le Conseil du patronat ont surtout salué la décision d’ouvrir désormais le programme à tous les domaines de formation et d’emplois.
Le député libéral Moncef Derraji s’est questionné quant à lui sur l’approche gouvernementale, particulièrement en ce qui a trait au programme de recrutement de préposés à l’étranger, dans le contexte d’une fermeture des frontières en raison de la pandémie.
«Est-ce que c’est de cette façon qu’on va aller répondre rapidement à la pénurie de main-d’oeuvre? Je tiens à vous rappeler que plusieurs pays où on avait l’habitude de recruter, il n’y a pas de vol encore. Comment on va aller faire des missions de recrutement? Comment on va les recruter ces gens dans des bassins francophones, sachant que des rassemblements sont interdits dans ces pays?», a-t-il demandé, en point de presse.