[GÉRER LA CRISE] Surmesur: personnaliser la relation styliste-client 

Surmesur est une chaîne de boutiques de vêtements sur mesure et personnalisés pour hommes, fondée par les frères Vincent et François Thériault il y a neuf ans.

La pandémie de coronavirus change tout pour les entrepreneurs d’ici qui en souffrent, mais qui rebondissent aussi devant la tempête, se serrent les coudes avec leurs employés et, parfois, font jaillir de nouvelles façons de faire. Nous allons à leur rencontre dans cette série «Gérer la crise».


  • Entreprise: Surmesur 
  • Type d’entreprise: boutiques de vêtements pour hommes 
  • Contact: Louis-Charles Plante, directeur général

Q  Votre situation avant la crise?

R  Surmesur est une chaîne de boutiques de vêtements sur mesure et personnalisés pour hommes, fondée par les frères Vincent et François Thériault, il y a neuf ans. Nous avons des franchises à Québec, à Montréal, à Laval, à Ottawa, à Mississauga, à Toronto, à Vancouver et à Pittsburgh, aux États-Unis. Nous employons une centaine d’employés. De ce nombre, une cinquantaine travaillent au Québec, dont 20 à notre siège social situé à Québec.

Q  Comment avez-vous réagi à la crise? 

R  Ce fut une période difficile émotionnellement. On rentrait dans notre plus grosse période de l’année. C’est de la mi-mars au mois de juin que les hommes magasinent le plus pour leurs vêtements. Et il a fallu fermer toutes nos boutiques. La vente en ligne avait toujours été une plus value chez nous. Mais dans notre domaine, les gens cherchaient peut être moins de complets et davantage de vêtements plus relax. Il a fallu mettre à pied temporairement tous nos employés. Depuis, nous avons pu réembaucher progressivement nos gens. Trente-six personnes ont recommencé à travailler et dès la semaine prochaine, toutes nos boutiques seront ouvertes.

La crise de la COVID a été un accélérateur pour tout le monde au niveau de la vente en ligne. Nous devrons nous concentrer là-dessus pour être prêts si une nouvelle crise se produit. C’est pour cette raison que notre plan de développement de cinq ans a été changé en plan de six mois. Nous mettons beaucoup d’énergie sur la vente en ligne et nous essayons toutes sortes de choses.

Q  Comment avez-vous pu garder la tête hors de l’eau pendant la crise? 

R  Dès le début de la crise, nous nous sommes demandé comment nous allions faire pour sauver l’entreprise. Et l’idée de vendre des masques a été évoquée. Et c’est à la suite d’une opportunité que nous nous sommes tournés vers la vente de masques réutilisables fabriqués en tissu antibactérien. Nous croyions nous être approvisionnés pour un mois avec notre première commande. Mais après trois jours, il ne nous en restait plus. Ce fut une belle surprise. Nous avons donc acheté davantage de masques dans notre deuxième commande parce que ce ne sont pas juste des particuliers qui nous en demandent, ce sont aussi des entreprises pour protéger leurs employés.

Louis-Charles Plante, directeur général de Surmesur explique que la crise de la COVID-19 a incité son entreprise à se concentrer sur une formule à 100 % rendez-vous.

Q  Comment la COVID-19 vous a-t-elle incitée à changer?  

R  On se concentre maintenant sur une formule à 100 % rendez-vous d’abord pour protéger nos gens et nos employés, mais aussi parce que l’on veut offrir un service encore plus personnalisé. Nos stylistes sont très bien formés en mode masculine. Nous voulons développer encore davantage leur relation avec nos clients.

On s’est aussi adapté aux besoins de nos clients. Je pense qu’il faut être créatifs. Ça faisait un petit bout de temps que l’on travaillait sur la mise marché d’une nouvelle gamme de produits. Dans trois semaines, un mois, nous offrirons une nouvelle collection qui répondra plus aux besoins actuels de notre clientèle composée de vêtements plus agréables et confortables à porter en télétravail qu’un complet. On y retrouvera notamment des jeans personnalisés sur mesure, des pantalons de coton extensible, des chemises en bambou, etc.

Q  Comment vivez-vous la réouverture de vos boutiques? 

R  On a mis beaucoup de mesures sanitaires en place dans nos boutiques. On a travaillé en s’inspirant de l’Europe et de l’Asie, on a appelé à la CNESST et regardé ce qui se fait dans les autres provinces et aux États-Unis. Nous avons décidé de réduire nos heures d’ouverture, d’obliger le lavage de mains et la distanciation de deux mètres au niveau des essayages et des mesures. Nous avons des masques jetables pour nos clients et les visières ou les lunettes et les masques de protection sont obligatoires pour nos stylistes et les gants sont suggérés. Les postes de travail et les cabines d’essayage sont désinfectés entre chaque rendez-vous. On n’utilise plus de vêtements d’essayage et les vêtements achetés par les clients vont en quarantaine après les essayages ou après que les couturiers les aient manipulés. Nos équipes d’opérations ont vraiment fait un beau travail. Nous sommes confiants dans ces mesures offrirons un environnement sécuritaire.

Q  Comment voyez-vous le retour à la «normale»?

On est réouvert depuis le 5 mai à Québec et c’est extraordinaire de voir la clientèle revenir chez nous, soit pour prendre une commande ou soit pour faire des achats, et de constater combien elle est heureuse que nous puissions à nouveau la servir. Nous sommes cependant inquiets de l’achalandage dans nos boutiques à court et moyen terme. On sait que depuis leur réouverture, les magasins en Asie font environ 30 % de leur objectif de ventes. On a donc tout revu nos objectifs et refait nos chiffres pour cet été avec ces statistiques-là. On est positifs, mais réalistes. On sait que nous allons être durement touchés, que ça va être difficile d’emmener les gens dans nos boutiques.

Q  Qu’est-ce que la crise vous aura-t-elle apporté?

R  Elle nous aura obligés à développer notre boutique en ligne et à y offrir des produits finis plus casual. Mais le plus grand legs sera la relation un à un entre nos stylistes et les clients. On veut que nos stylistes connaissent bien les clients, leurs besoins et leurs intérêts pour arriver à vraiment bien bâtir leur garde-robe. Pas juste au niveau du travail, mais aussi pour leurs loisirs et les évènements spéciaux de leur vie. On veut devenir des références pour les hommes.