Bibliothèques publiques: qui freine la réouverture et pourquoi?

La Maison de la littérature

POINT DE VUE / Lundi dernier, Le Soleil publiait dans sa section «Opinions», un texte dans lequel je demandais au maire Labeaume de rouvrir les bibliothèques publiques. Le jour même, le maire disait que s’il n’en tenait qu’à lui, il rouvrirait les bibliothèques municipales, mais qu’il dit attendre le feu vert de la Santé publique. 


Cette lueur d’espoir s’est bien vite atténuée puisqu’une semaine plus tard, leurs portes sont toujours closes. On veut bien croire que la situation soit «compliquée» et qu’il y ait «un aspect légal sur lequel personne ne s’entend», mais on ne parle pas ici de centrales nucléaires ou d’hôpitaux infectés. Simplement de bibliothèques et de livres, un service public dont nous sommes privés depuis huit semaines, bien que plusieurs citoyens, dont je suis, le considèrent comme un service «essentiel».

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Le maire refile le ballon à la direction de la Santé publique, qui est si muette sur le sujet qu’on se demande si elle ne l’a pas échappé ou, pire, oublié dans le vestiaire. On croirait que la clique des Kesski (néologisme français importé par Joseph Facal), ces gens ultra prudents qui ont un million de questions pointues en réserve sur chaque problème lié à la COVID, règne sans partage sur cet organisme, qui semble emberlificoté dans des interrogations anxiogènes de ce type :

  •  Kesski va arriver si le coronavirus infecte un ouvrage?
  • Combien de temps le coronavirus peut-il demeurer sur ou dans un livre?
  • Kesski va arriver si un emprunteur apporte chez lui un ouvrage infecté?
  • Comment contrôler la contagion par un livre ayant été en contact avec une personne infectée puis rapporté à la bibliothèque?

Soulignons d’abord que personne ne sera forcé de fréquenter les bibliothèques publiques. Rappelons ensuite que le virus, composé de matière inerte, ne «vit» pas éternellement sur une surface, mais tout au plus quelques heures, 48 heures au grand maximum sur la couverture ou les pages d’un livre. Il suffira donc de déposer les livres à l’écart (dans un sac) pendant deux ou trois jours, puis de se laver les mains et, pour les plus anxieux, de nettoyer chaque couverture. Et de se laver les mains à nouveau. Rien de bien compliqué! De toute façon, les mêmes périls s’appliquent certainement aux livres vendus dans les librairies, qui sont ouvertes, elles.

Pendant cette interminable attente, la Ville pourrait profiter de ce que les locaux sont désertés pour y faire installer des plexiglas destinés à protéger les employés, qui deviendront la norme pour ce genre d’endroits dans l’avenir.

Quousque tandem, pour reprendre Cicéron, M. Labeaume, devrons-nous attendre? Si on attend le risque zéro, on va tout mourir idiots.