R: Tout d’abord, il est difficile de mesurer présentement toute l’ampleur des ravages causés par le virus SRAS-C0V-2, inconnu il y a quelques mois à peine des scientifiques. Il faudra suivre les patients guéris à long terme pour obtenir une véritable réponse.
Néanmoins, on sait que pour d’autres virus respiratoires, «les patients ayant eu des infections pulmonaires sévères récupèrent généralement avec une restitution complète du tissu pulmonaire. Un an après la guérison, les tests de fonction respiratoire démontrent que c’est presque revenu à la normale», dit le pneumologue Mathieu Simon, de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Selon les premières constatations, les poumons ne sont pas les seuls affectés par le nouveau coronavirus : il pourrait aussi atteindre d’autres organes tels que les reins, les intestins (environ 20 % des patients ont des diarrhées) et le cerveau.
Le Dr Simon constate, chez les patients atteints de la COVID-19 qui se retrouvent à l’unité des soins intensifs, des pneumonies sévères et une réponse inflammatoire exacerbée. «On observe ce qu’on appelle le syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS) particulièrement prolongé et intense chez ces patients. C’est l’une des caractéristiques de la maladie comparativement à d’autres infections importantes», souligne le médecin. Ce SRIS est une façon de l’organisme de répondre à l’agression, dans ce cas-ci, le virus. Cette réponse inflammatoire sévère et prolongée peut ensuite mener à une cascade de défaillances dans d’autres organes.
«Les patients vont développer de l’insuffisance rénale, du délirium et des neuromyopathies, c’est-à-dire que les muscles et les nerfs s’atrophient lorsque vous êtes couchés trop longtemps. C’est pour cette raison que les personnes auront besoin de beaucoup de temps de réadaptation une fois guéries», explique le Dr Mathieu Simon. Le 9 mars dernier, lors d’une conférence de presse de l’Organisation mondiale de la santé, les médecins indiquaient que cela pouvait prendre jusqu’à 6 semaines avant d’être complètement rétabli. Dans les cas plus graves, il faut compter des mois.
Le cas du cerveau
Quant au cerveau, une revue publiée dans Viruses en décembre dernier soulignait que les virus respiratoires comme les coronavirus ont la capacité d’envahir le système nerveux central. Questionné à savoir si SRAS-CoV-2 pourrait résulter en une hausse de cas de maladies neurodégénératives à long terme, le professeur Pierre Talbot, l’un des auteurs de l’article, a indiqué que c’était «une possibilité théorique».
«Je ne le sais pas pour l’instant; il faudrait effectuer des études. Cependant, on a rapporté la perte d’odorat chez les patients atteints. Cela pourrait être une indication que le virus peut entrer dans le cerveau par le nerf olfactif». Dans le passé, ce directeur du Laboratoire de neuro-immunovirologie de l’Institut national de la recherche scientifique a montré que les souris infectées par un coronavirus étaient touchées par une maladie équivalente à la sclérose en plaques chez l’humain.
En date du 24 avril, à travers le monde, il y avait au moins 750 000 personnes guéries de la COVID-19. Selon les experts, ce nombre serait sous-estimé, car plusieurs malades ne se sont pas fait tester, par exemple, ou ne sont pas encore inclus dans les statistiques vu le long temps de guérison.
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