Nos laboratoires académiques : de véritables PME du savoir pour la relance post-pandémie

Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec

Avec la pandémie de COVID-19, la science et la recherche font partie de la solution pour mettre fin à cette crise planétaire. Le Québec amorce son processus de déconfinement pour remettre en marche une grande partie de son économie et ainsi couper court à la récession. Avec ses PME du savoir, la science et la recherche font partie de la solution à une relance économique durable.


Selon un tout récent rapport de KPMG (2019), l’impact de la recherche publique sur le PIB du Québec s’est élevé à près de 6,4 G$ en 2018, tout en contribuant à soutenir près de 47 000 emplois. Tenant la comparaison avec le secteur de l’aéronautique (41 000 emplois), ces données n’incluent pas sa contribution à la productivité des entreprises.

Les laboratoires académiques sont de véritables PME du savoir. Les 212 laboratoires soutenus par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) comptent plus de 7 000 chercheurs et chercheuses, un personnel professionnel et technicien de près de 1 000 personnes et de nombreux étudiants et étudiantes. Elles représentent une véritable capacité de recherche dans une grande variété de domaines, allant de l’infectiologie et de l’épidémiologie aux technologies vertes et à l’intelligence artificielle, en passant par l’éducation, l’économie ou les arts médiatiques.

L’obtention de subventions et de contrats de recherche est le signe de l’excellence de ces laboratoires, comme le chiffre d’affaires l’est pour les PME en général! Dans les concours annuels au fédéral, la communauté scientifique québécoise s’est vue octroyer 679M$ en 2018-2019, soit 27% des octrois en recherche alors qu’elle représente 23% du corps professoral canadien. À cet effet de levier financier remarquable s’ajoutent plusieurs autres subventions aux niveaux canadien et international, et contrats de recherche. Ces investissements créent des milliers d’emplois en recherche et en innovation.

Ces PME du savoir génèrent des produits médicaux, technologiques, pédagogiques, bref des innovations, qui conduisent à la création d’entreprises comme Médicago (vaccins) et Enerkem (biocarburants) ou d’organismes comme INO (optique-photonique) et MILA (intelligence artificielle). Nos universités et collèges sont bien placés pour témoigner de leurs liens féconds avec les entreprises. Le cercle vertueux de la recherche, de l’innovation et de la création de richesse est ce que le gouvernement vise avec son projet de zones d’innovation dans lesquelles pourraient s’implanter diverses approches d’économie circulaire (réduction à la source, réutilisation et recyclage) développées par la recherche. Dans cette optique, le continuum du laboratoire académique à l’innovation et au marché peut certainement être mieux structuré pour donner une plus grande valeur économique et sociale à nos résultats de recherche.

Les laboratoires académiques sont de véritables PME du savoir. Les 212 laboratoires soutenus par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) comptent plus de 7 000 chercheurs et chercheuses, un personnel professionnel et technicien de près de 1 000 personnes et de nombreux étudiants et étudiantes.

Enfin, ces PME du savoir offrent aussi leurs expertises aux réseaux de services publics, aux organismes et entreprises qui veulent améliorer leurs services, leurs pratiques et leur productivité. La pandémie de COVID-19 amènera à une révision des soins aux personnes âgées, une réorganisation, grâce notamment au numérique, des services de santé et d’éducation, du travail, de nos pratiques : nos équipes de recherche ont l’expertise nécessaire pour s’y affairer. Les créations récentes de la Biobanque et du Réseau québécois COVID contribueront à cette révision.

Une relève nécessaire à une relance économique durable

Les laboratoires de recherche sont des lieux sans pareil de formation de notre future main-d’œuvre hautement qualifiée! Un grand nombre des étudiants et étudiantes soutenus par les FRQ sont titulaires d’une bourse d’excellence. Les 2 700 bourses octroyées en 2019-2020 représentent autant d’emplois à temps plein, car elle permet aux titulaires de se consacrer à temps complet au développement de leurs expertises dont bénéficieront nos entreprises et organismes. De plus, nos boursiers et boursières veulent se lancer en affaires! L’entrepreneuriat scientifique fait partie de leurs perspectives de carrière: incubateurs et « start-up » sont des avenues valorisées par nos futurs diplômés.

La recherche fondamentale pour le positionnement économique du Québec

Une part des activités de ces PME du savoir porte sur la recherche fondamentale qui est le moteur du développement des nouvelles connaissances, le « pipeline » des futures innovations. Le cas de l’intelligence artificielle démontre que la recherche fondamentale peut conduire à un positionnement international majeur du Québec et générer une grappe industrielle de premier plan : les grandes entreprises de partout au monde ont investi des millions de dollars au Québec et créé des milliers d’emplois. Où en serions-nous si le gouvernement du Québec, par l’entremise des FRQ et d’autres organismes, n’avait pas soutenu la recherche en mathématiques et en science des algorithmes à une époque où plusieurs questionnaient leur pertinence sociale?

Au même titre que la santé et l’éducation, la recherche est un bien public qui bénéficie au plus grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes. La pandémie actuelle met au jour l’importance d’une souveraineté en matière d’agriculture, d’équipements médicaux et autres. Il en va aussi de notre souveraineté scientifique. Si le Québec est très présent en recherche contre la COVID-19, c’est parce qu’il peut compter depuis de nombreuses années sur des PME du savoir performantes et reconnues sur la scène internationale. Les grands défis de société que sont les changements climatiques, le vieillissement de la population, les mouvements migratoires, les inégalités sociales, la santé mondiale (autre que le coronavirus), la biodiversité ou l’environnement demeurent toujours aussi présents et nécessitent des solutions de la part de nos PME du savoir.