De mercredi à jeudi, 109 Québécois ont succombé au nouveau coronavirus. Journée la plus meurtrière pour la COVID-19 au Québec depuis samedi dernier. Cela porte le décompte des corps à 1243.
Sur 109, 93 vivaient dans un lieu d’hébergement pour aînés, centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), résidence privée pour aînés (RPA) ou ressource intermédiaire (RI).
Depuis le début de la pandémie, 1009 résidents sont repartis les pieds devant à cause de ce coronavirus, soit quatre décès sur cinq (81 %). Pas moins de 788 (63 %) provenaient des CHSLD.
«C’est quelque chose de tragique pour nous tous», a reconnu la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, lors du point de presse de jeudi. Cela à propos des morts, mais plus largement des personnes âgées fragiles souvent laissées à elles-mêmes dans certains établissements.
Mercredi, le directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda, avait apporté une nuance éclairante sur le nombre de morts dans les CHSLD.
«Chaque année, en temps ordinaire, il y a environ 1000 personnes par mois qui meurent dans les CHSLD. Dans le fond, il faut comprendre que des décès actuels qu’on comptabilise, associés à la COVID-19, seraient survenus malgré la situation», avait affirmé le Dr Arruda.
Jeudi était la 37e journée depuis la confirmation du premier décès de la COVID-19 au Québec, annoncé le 18 mars.
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Plus forte hausse des hospitalisations
Avec 133 nouveaux patients pris en charge en 24 heures, jeudi a aussi marqué la plus forte hausse des hospitalisations reliées à la COVID-19 depuis le début de la crise, le 15 mars. Passant de 1278 à 1411, la capacité d’accueil de nos hôpitaux demeure bien au-delà avec quatre à cinq fois plus de lits qui avaient été libérés.
La situation précise des soins intensifs reste presque stable à 207, huit de plus que la veille.
Le nombre de cas répertoriés continue quant à lui de grimper à coup d’un peu moins du millier par jour. Jeudi, c’était 873 de plus que la veille pour faire 21 838, dont 16 111 sont toujours considérés comme «actifs» par l’Institut national de santé publique du Québec.
«Revenez nous aider!»
M. Legault parle encore de «deux mondes au Québec», soit les CHSLD de Montréal et de Laval et le reste de la province. Ces deux régions englobent près de 60 % des cas confirmés et 75 % des décès.
Le premier ministre a encore demandé du renfort pour les CHSLD et tout le réseau de la santé, soulignant l’absence de 9500 travailleurs. Dont 800 nouvelles absences enregistrées juste mercredi! De ces 9500, 4000 sont infectées par la COVID-19.
Il fait donc appel aux 5500 autres, dont plusieurs craignent d’attraper le virus. «S’il vous plaît, revenez nous aider! Nous avons besoin de vous!» les a-t-il priés.
«Je le répète, on a tout l’équipement de protection individuelle. Puis, il y a des directives claires qui sont envoyées partout pour ne prendre aucune chance, aucun risque pour votre sécurité. Donc, je vous le demande. On a besoin de vous. Le réseau ne peut pas fonctionner avec 9500 personnes absentes.
«J’en profite aussi pour dire que la prime ou les primes [salariales] de 4 % et 8 % qui devaient se terminer le 30 avril vont se prolonger jusqu’au 31 mai. Donc, je comprends que ce n’est pas nécessairement une question d’argent, mais, quand même, cette situation-là... C’est comme une reconnaissance qu’on vous donne», a affirmé M. Legault, reconnaissant par ailleurs que l’aide financière fédérale peut «avoir eu un certain impact» haussier sur ces absences.
Immuniser 60 % à 80 %
À l’aube de dévoiler son plan de déconfinement du Québec la semaine prochaine, le premier ministre Legault s’est évertué à expliquer le concept d’immunité de groupe. La base d’une stratégie de réouverture graduelle avec les personnes plus à risque qui restent confinées plus longtemps, 97 % des personnes décédées ayant 60 ans ou plus.
«Ce qu’on a fait au cours du dernier mois, c’est de ralentir la propagation. [...] Par contre, si tout le monde reste à la maison, la situation reste la même. Et on se retrouve dans une situation où on doit attendre le vaccin, qui va arriver peut-être dans un an, peut-être deux ans. L’idée, c’est d’y aller très graduellement pour que les personnes qui sont moins à risque puissent développer des anticorps, être capables de devenir immunisées», a-t-il expliqué.
Le Dr Arruda, qui rencontrait les trois leaders des partis d’opposition jeudi après-midi, estime pour sa part que l’immunité de masse visée se trouve entre 60 % et 80 % de la population qui aura été atteinte de la COVID-19. Un virus plus virulent comme la rougeole a besoin d’un taux d’immunité dans la population aussi élevé que 95 % pour éviter les épidémies, a comparé le scientifique.
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