Livre
Pas même le bruit d’un fleuve ***1/2, Roman, Hélène Dorion
Depuis 1983, Hélène Dorion a multiplié les publications, mais plus souvent en poésie qu’en prose. Ainsi ne faut-il guère s’étonner que, pour ce cinquième roman, elle pose cette question fondamentale : les poèmes peuvent-ils nous sauver du naufrage? Une interrogation au propre comme au figuré dans ce récit dont la genèse prend sa source dans le naufrage de l’Empress of Ireland en 1914, là où le fleuve Saint-Laurent devient une vaste mer, aussi merveilleuse que dangereuse. Son déroulement est rythmé par l’(en)quête d’Hanna qui, à la mort de sa mère, tente de découvrir la vraie nature de cette femme «absente de sa propre vie». Dans une langue limpide, dépouillée et signifiante, l’auteure nous entraîne dans les profondeurs, parfois abyssales, de la psyché humaine pour mieux remonter à la surface. Un court roman d’une grande beauté pour la récipiendaire du prix Athanase-David 2019, la plus haute distinction décernée par Québec en littérature. Éric Moreault
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/GFBX2CCNQZFNPCGPIQBQ6TOLNE.jpg)
Livre
21 leçons pour le XXIe siècle ****, Essai, Yuval Noah Harari
Après les best-sellers Sapiens et Homo deus, Yuval Noah Harari, l’un de plus brillants intellectuels de notre époque, met encore une fois ses vastes connaissances au service d’un regard sur les défis sans précédent qui attendent notre monde au cours des prochaines décennies. Mettant à profit le passé pour mieux éclairer l’avenir, l’historien aborde entre autres les thèmes du terrorisme, de l’intelligence artificielle (les fameux algorithmes), de l’immigration, de la religion, de la guerre, du nationalisme, de l’éducation, de la propagation des fake news (non, aucune allusion à une éventuelle pandémie...). Point ou si peu de défaitisme dans ses propos, mais une mise en garde bienveillante à l’humanité sur l’importance de se préparer à voir les anciens modèles mis au rancart. Les foisonnantes idées de Harari se boivent comme du petit lait, jamais banales, toujours empreintes de sagesse, de lucidité et de philosophie. Après voir dévoré ce bouquin, impossible de voir notre univers du même œil. «Pour être à la hauteur du monde de 2050, il faudra non seulement inventer des idées et des produits, mais d’abord et avant tout se réinventer sans cesse […]. Car si le futur de l’humanité se décide sans nous, nos enfants n’échapperont pas à ses conséquences.» Normand Provencher
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/YRVOTQ2ZRRAYBHKY6PVDBNAFZM.jpg)
Musique
Earth ***, Pop-rock, EOB
EOB est l’alias d’Ed O’Brien, guitariste (discret) de Radiohead. Et quatrième membre du groupe après Thom Yorke, Jonny Greenwood et Phil Selway à tenter l’aventure solo avec Earth. Beaucoup moins aventureux que les premiers, justement, il livre un album qui saura charmer ceux qui trouvent le quintette anglais beaucoup trop expérimental. Fort en douces mélodies, interprétées à la guitare acoustique et chantées d’une voix caressante, ce premier effort mise aussi sur des claviers pop. Parfois dans la même chanson, comme sur Brasil, dont la deuxième partie ressemble à s’y méprendre à du Depeche Mode! Olympik, par contre, avec son rythme répétitif, penche vers l’électronica de plancher de danse. À l’autre extrême, O’Brien clôt ce premier effort avec Cloak of the Night, une ballade en duo qui évoque la collaboration entre Billie Joe Armstrong et Norah Jones sur Foreverly (2013). Earth ressemble à un mixtape, mais un peu trop désordonné pour susciter un intérêt prolongé. Comme si EOB avait surtout voulu éviter toute comparaison avec son band. Sur cet aspect-là des choses, c’est très réussi. Éric Moreault
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/TTAZ35YBYVDEZFNPKNWJWH2RFE.jpg)