Qu’est-ce que les personnes âgées ont fait à la COVID-19?

Passé un certain âge, les cellules pulmonaires deviennent moins efficaces pour capter l’oxygène. En outre, la vieillesse fait perdre de la souplesse aux poumons et aux voies respiratoires.

La COVID-19 suscite énormément de questions chez nos lecteurs et lectrices. Nous vous invitons à les envoyer à notre journaliste Jean-François Cliche (jfcliche@lesoleil.com) et il répondra à une par jour au cours des prochaines semaines.


Q «J’ai 81 ans et mon mari aussi. Nous sommes confinés à la maison. Pourquoi est-ce moins risqué pour notre fils de 46 ans d’aller à l’épicerie que pour nous?» demande Olyve Legendre, de Québec.

R  C’est une règle générale absolument implacable en infectiologie : toutes les personnes qui, pour une raison ou pour une autre, sont affaiblies de quelque façon que ce soit, courent un plus grand danger face aux infections. Et parmi ces facteurs qui amenuisent les gens figure, bien sûr, un âge avancé.



«Les personnes âgées sont à la fois plus à risque de contracter une infection, mais aussi plus à risque d’avoir une maladie sévère et d’en mourir, si elles l’attrapent, indique le gériatre David Lussier. [Cela vaut] pour toutes les infections, mais [en ce qui concerne la COVID-19 en particulier], nous avons des informations des autres pays montrant que le taux de complications et de mortalité est beaucoup plus élevé chez les personnes âgées.»

Il n’est pas encore très clair pourquoi la COVID-19 est à ce point sévère chez les aînés, mais de manière générale, ceux-ci sont vulnérables aux infections respiratoires — qu’il s’agisse des coronavirus, de l’influenza ou autre —, et ce, de plus d’une façon. D’abord parce que leur système immunitaire vieillit, lui aussi : passé 70 ans, le corps produit de moins en moins de cellules immunitaires et celles qui sont présentes, en plus d’être moins nombreuses, sont individuellement moins «performantes», lit-on dans un tour d’horizon sur la question parue en 2013 dans le Journal of Clinical Investigation. Les microbes ont donc moins de mal à s’implanter dans l’organisme des personnes âgées.

Et dans le cas des maladies respiratoires comme la COVID-19 en particulier, l’infection vient s’ajouter à d’autres «facteurs aggravants», pour reprendre l’expression juridique consacrée. Passé un certain âge, en effet, les cellules pulmonaires deviennent moins efficaces pour capter l’oxygène. En outre, la vieillesse fait perdre de la souplesse aux poumons et aux voies respiratoires (comme au reste du corps, d’ailleurs), avec pour résultat final que les muscles intercostaux et le diaphragme doivent travailler plus fort pour remplir les poumons d’air. Or justement, ces muscles-là vieillissent comme les autres muscles : ils faiblissent.

Tout cela rend la respiration plus ardue chez les personnes âgées, en plus de nuire à l’expectoration (toux et éternuement) quand les voies respiratoires doivent être dégagées, comme cela arrive souvent en cas de rhume ou de grippe.

Alors au final, quand arrive un virus, les personnes âgées sont déjà plus proches que la moyenne de l’insuffisance respiratoire ou d’autres complications comme la pneumonie. Encore une fois, peut-être que la COVID-19 a des caractéristiques qui la rendent encore plus grave pour les aînés que la grippe ou le rhume, mais voilà pourquoi, de manière générale, les infections respiratoires sont plus sévères chez les gens qui ont passé 75 ou 80 ans.