Peut-on «ré-attraper» la COVID-19?

Un patient atteint de la COVID-19 en traitement en Italie. 

La COVID-19 suscite énormément de questions chez nos lecteurs et lectrices. Nous vous invitons à les envoyer à notre journaliste Jean-François Cliche (jfcliche@lesoleil.com) et il répondra à une par jour au cours des prochaines semaines.Le coronavirus en questions


Q «Une personne qui attrape la COVID-19, mais qui guérit, sera-t-elle immunisée pour le reste de l’épidémie ou pourra-t-elle être réinfectée?», demande Yves Rousseau, de Québec.

R Il est encore très tôt pour répondre à cette question, mais il y a déjà au moins une étude qui suggère que oui, les anciens malades sont immunisés. Elle est parue sur le site de prépublication bioRxiv [bit.ly/33Btaw1] et a consisté à infecter quelques macaques avec le virus de la COVID-19. Une fois guéris, la moitié ont été réexposés à la même «dose» de virus qui leur avait été administrée au départ (et qui les avait rendus clairement malades), mais ils se sont montrés complètement immunisés.

Il s’agit toutefois d’une très petite étude en «prépublication», ce qui signifie qu’elle n’a pas encore été revue par d’autres scientifiques, alors il faut prendre ces résultats avec beaucoup de prudence. C’est d’autant plus vrai que, même si ce qui vaut pour le macaque devrait a priori valoir aussi pour l’humain, on n’en sera certain que lorsque l’on aura constaté la même chose chez notre espèce.

Cela reste tout de même un signe encourageant et, compte tenu de ce qu’on sait des coronavirus et du système immunitaire, «en principe, l’immunité devrait perdurer au moins de six à douze mois, sinon plus, dit Dr Guy Boivin, titulaire de la Chaire sur les virus émergents de l’Université Laval. Mais on ne le sait pas encore avec certitude.» 

Avant d’être sûr que les malades restent immunisés pendant plus d’un an, il faudra étudier des gens guéris depuis au moins un an — or l’épidémie dure depuis à peine trois mois. Encore un peu de patience, donc, afin de confirmer ces résultats encourageants, certes, mais très préliminaires.

Un autre aspect de la chose à considérer sera de savoir à quelle vitesse le virus mute et si cela peut lui permettre, éventuellement, de réinfecter une personne même si elle possède déjà des anticorps — on parle alors d’un nouveau «sérotype» du virus, qui n’est pas affecté par les anticorps des anciens sérotypes. On sait que des virus comme l’influenza et d’autres coronavirus humains en sont capables, et «il pourrait éventuellement apparaître un nouveau sérotype [de la COVID-19] par accumulation de mutations, mais ce n’est pas encore le cas présentement», indique Dr Boivin.