Des cafés étudiants dans le pétrin à l'Université Laval

Selon Cyndelle Gagnon, employée du Toast Café au pavillon Paul-Comtois, pour parvenir à boucler le budget, le café doit diminuer ses heures d’ouverture et monter les prix.

2323 $, c’est le montant prélevé chaque jour par l’Université Laval aux quelque 16 cafés, comptoirs et carrefours alimentaires étudiants. Depuis le mois de novembre, la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) implore l’administration de diminuer les frais de bail facturés à ces concessions qui peinent à joindre les deux bouts.


La faillite continue de planer au-dessus des bannières de certains cafés et des comptoirs alimentaires étudiants à l’Université Laval. Près d’un an après la fermeture du Prolo Cuisine en raison de «difficultés financières», la requête semble toujours d’actualité. Le prix des loyers mettrait certains en péril, selon Laurence Vaillancourt, présidente de la CADEUL.

Depuis l’envoi de sa demande initiale en novembre, la CADEUL estime les frais de loyer facturés aux concessions à plus de 260 000 $. Annuellement, ce montant atteindrait tout près de 850 000 $, au dire de la plus importante association étudiante de l’Université Laval. 

Une action de mobilisation a eu lieu lundi devant le pavillon des sciences de l’éducation, où la vaste majorité des membres de l’administration travaille. Quelques dizaines d’étudiants, représentants des associations et des concessions alimentaires s’étaient alors réunis «pour les sensibiliser à l’enjeu».

Une situation répandue

«Ça presse d’arriver à une entente», martèle la présidente de la CADEUL, qui représente les 33 000 membres étudiants du premier cycle. Selon l’organisation, certains loyers sont jusqu’à trois fois plus élevés que le marché de la restauration à Québec.

«Au Toast Café, la situation financière est problématique. On ne fait pas suffisamment de revenus, alors on diminue les heures d’ouverture et on monte les prix», explique Cyndelle Gagnon, une employée, qui confirme que ces mesures ne font pas l’unanimité auprès de la clientèle du pavillon Paul-Comtois. 

«L’Association générale des étudiants en agriculture, alimentation et consommation [AGETAAC] doit payer le loyer», ajoute l’étudiante en agronomie, elle-même vice-présidente aux affaires internes à l’AGETAAC. «L’argent est donc malheureusement pris directement de la poche des étudiantes et des étudiants.»

Son de cloche similaire du côté du Cétéris Paribouffe, alors que les enjeux financiers assombrissent le paysage. «Le prix trop élevé des loyers nuit à notre survie et les personnes travaillant au Cétéris le font bénévolement», témoigne Noémie Collin-Paré, coordonnatrice du café du pavillon Charles-De Koninck.

La CADEUL, propriétaire de certaines concessions comme Saveurs Campus, affirme aussi avoir été contrainte d’entamer des réflexions «au détriment de la communauté étudiante». Les heures de services ont donc été restreintes.

«Réflexion de plusieurs mois»

Avant les Fêtes, la CADEUL envoyait une lettre à l’attention du vice-recteur à l’administration, André Darveau. «L’Université se doit de voir ses installations alimentaires étudiantes comme un service à la communauté et non pas comme une vache à lait dans ses revenus», a revendiqué l’association par écrit. 

Puis, devant la «sourde oreille» de l’Université Laval, l’association a lancé la campagne Sauvons nos caf’s et cafés, en janvier, afin de mobiliser la communauté étudiante autour de l’enjeu, par le biais du mot-clic #ByeBail.

«On a eu quelques rencontres avec l’UL depuis février. On voit que le dialogue est ouvert, mais on nous mentionne une réflexion de plusieurs mois», déplore Laurence Vaillancourt, craignant que cette inaction entraîne la fermeture d’autres concessions.

Du côté de l’Université Laval, on affirme prendre des «décisions afin de favoriser l’atteinte d’objectifs au bénéfice de la communauté». Par courriel, on mentionne que les associations étudiantes «ont adhéré aux conditions d’affaires en vigueur sur le campus». «Si des ajustements auxdites conditions sont requis en raison d’un changement à l’environnement d’affaires, l’Université évaluera la situation», termine-t-on, ajoutant que les discussions en cours «depuis plusieurs mois» avec la CADEUL se poursuivent. «L’Université dit appuyer les initiatives étudiantes, mais nous appuyer serait d’offrir un loyer plus représentatif de nos profits», insiste Cyndelle Gagnon.

«On espère que ça se règle d’ici la fin de la session», laisse tomber Laurence Vaillancourt.