Coronavirus: l’OMS refuse toujours de déclarer une pandémie mondiale

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus

LONDRES — Le nombre de cas de COVID-19 étant en progression dans de nombreuses régions du globe, de nombreux scientifiques soutiennent qu’il est clair que nous sommes aux prises avec une pandémie.


L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’oppose encore à l’emploi de ce mot pour décrire la situation actuelle. Elle craint qu’il n’effraie davantage de personnes et incite certains pays à perdre tout espoir de contenir le virus.

«À moins que nous soyons convaincus que c’est incontrôlable, pourquoi appellerons-nous cela une pandémie?» a déclaré le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, cette semaine.

Selon l’OMS, une pandémie survient lorsqu’il y a «transmission accrue et durable dans la population générale» à l’échelle mondiale.

De nombreux experts estiment que ce stade est atteint depuis longtemps. Le COVID-19, identifié pour la première fois en Chine, se répand librement dans quatre régions du globe. Il a atteint tous les continents, sauf en Antarctique. Sa progression semble inévitable. Le virus réussit à se multiplier rapidement même dans des pays dotés d’un système de santé relativement efficace.

Vendredi, le virus a franchi un nouveau seuil. Le nombre de personnes infectées a dépassé les 100 000 dans le monde, bien plus que le SRAS, le MERS ou l’Ebola.

«Il est clair que nous sommes dans une pandémie. Je ne sais pas pourquoi l’OMS résiste à l’idée», dit Michael Osterholm, d’un centre de recherches de l’Université du Minnesota.

Même certains pays qui s’étaient empressés à restreindre les liens avec la Chine ne sont pas épargnés par le COVID-19. En quelques semaines, le nombre de cas s’est notamment multiplié en Italie, en Iran et en Corée du Sud.

«Nous avons été le premier pays à arrêter les vols vers la Chine et nous avons été complètement surpris par cette maladie, raconte Massimo Galli, un professeur de l’Université de Milan. Il est dangereux pour le monde entier que le virus peut se propager comme ça.»

Avec plus de 3800 cas, l’Italie est l’épicentre de l’épidémie en Europe. Des écoles, des stades ont été fermés. Les autorités ont exhorté les personnes âgées à ne pas sortir à moins que cela ne soit absolument nécessaire. Malgré tout, elle a exporté le coronavirus dans au moins 10 pays, dont l’Autriche, la République tchèque, l’Espagne, l’Afrique du Sud et le Nigéria.

Devi Sridhar, une professeure de santé publique mondiale à l’Université d’Édimbourg, qui a coprésidé un examen de la réponse de l’OMS à l’épidémie d’Ebola de 2014-2016 en Afrique de l’Ouest, dit que cette propagation «répond à toutes les définitions d’une pandémie».

En conférence de presse, le Dr Mike Ryan, le directeur général du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, avait dit en février qu’une pandémie était «une situation unique, dans laquelle tous les citoyens de la planète seront probablement exposés à un virus dans un laps de temps défini».

Pour les autorités américaines, une pandémie est «une épidémie qui s’est propagée sur plusieurs pays ou continents, affectant généralement un grand nombre de personnes».

+

SIX NOUVEAUX CAS DE COVID-19 IDENTIFIÉS EN COLOMBIE-BRITANNIQUE

Deux résidents d’une maison de soins de santé de longue durée de North-Vancouver sont infectés du COVID-19, ont indiqué samedi les autorités sanitaires de la Colombie-Britannique.

La médecin hygiéniste en chef de la province, Bonnie Henry, a dit que ce diagnostic survient après que les tests d’un employé du Lynn Valley Care se sont révélés positifs.

L’établissement a établi un protocole en cas d’épidémie.

«Ces deux cas nous causent le plus d’inquiétude, a reconnu la Dre Henry, qui a essuyé quelques larmes au cours de sa conférence de presse. Voici un très important message pour les gens de la Colombie-Britannique, aujourd’hui: vous devez rester chez vous si vous êtes malades. Nous sommes dans une situation extraordinaire. Tout le monde doit être vigilant.»

Deux des autres cas sont liés à un voyage en Iran.

Quant aux deux nouveaux patients, ce sont des passagers qui ont été infectés lors d’une croisière sur le Grand Princess, ce navire qui attend au large de San Francisco.

La Colombie-Britannique a annoncé vendredi qu’elle déclenchait son plan de coordination d’intervention contre l’épidémie.

À l’heure actuelle, 27 cas ont été recensés dans la province. Quatre d’entre eux sont guéris tandis que trois patients sont hospitalisés, dont une octogénaire placée dans une unité des soins intensifs, mais dont la condition s’améliorait.

Au large de San Francisco

Un navire de croisière transportant 237 Canadiens confinés au large de San Francisco compte 21 cas confirmés de COVID-19.

La société Princess Cruises a publié vendredi soir un communiqué pour indiquer que 45 passagers et membres d’équipage avaient subi la première phase des examens de santé.

Ces tests ont permis de découvrir que deux passagers et 19 membres d’équipage ont été infectés par le nouveau coronavirus. La nationalité des personnes malades n’a pas été dévoilée.

Le navire accueille 3533 personnes à son bord, dont 2422 passagers et 1111 membres d’équipage provenant de 54 pays.

Le vice-président des États-Unis, Mike Pence, a ensuite déclaré que les autorités du pays prévoyaient amener le bateau dans un «port non commercial» où tous les passagers et membres d’équipage subiront des tests.

Cinq des 60 cas confirmés au Canada ont séjourné sur ce navire lors d’une croisière qui s’est déroulée du 11 au 21 février. Le port d’attache du navire est San Francisco.

L’Agence de la santé publique du Canada a depuis tenté de retrouver plus de 260 Canadiens qui ont participé à cette croisière. La Presse canadienne