Coronavirus: Ottawa veut rassurer la population

Les autorités fédérales conseillent à l’ensemble des voyageurs canadiens de «toujours prendre des précautions contre les maladies respiratoires et les autres maladies pendant leur voyage».

OTTAWA — Les autorités fédérales ont cherché à rassurer les Canadiens à la suite de la découverte d’un premier cas du nouveau coronavirus chinois au Canada en affirmant que les risques de le contracter demeurent faibles.


L’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, et son adjoint le DHoward Njoo, ont louangé les autorités ontariennes pour la rapidité de leur réaction à contenir le premier cas présumé connu qui a été rapporté samedi à Toronto.

Selon eux, cela prouve que les protocoles mis en place par les autorités sanitaires fonctionnent bien.

«La prise en charge du patient est conforme à toutes les procédures de contrôle et de prévention de l’infection, de sorte que le risque de propagation au Canada est faible», a déclaré le DNjoo.

Le Laboratoire national de microbiologie a mis au point un test diagnostique pour le nouveau coronavirus et collabore avec les laboratoires provinciaux pour étendre les capacités d’analyse à tout le pays, a-t-il rappelé. «Santé publique Ontario est en mesure d’effectuer des tests de dépistage, mais un échantillon doit être envoyé au laboratoire national à des fins de confirmation additionnelle.»

La Dre Tam a mentionné que le patient n’avait pas rapporté ses symptômes à son arrivée à Toronto. Toutefois, après avoir réclamé le lendemain une aide médicale, il a révélé aux premiers intervenants qu’il avait séjourné à Wuhan. L’homme demeure hospitalisé et a été placé dans une chambre à pression négative.

Le patient ontarien s’était rendu à Wuhan, en Chine, épicentre du coronavirus. Il a présenté des premiers symptômes lors du vol le ramenant au Canada.

L’hospitalisation de ce patient n’a pas provoqué de changements à la routine de l’hôpital Sunnybrook de Toronto, a indiqué le DJerome Leis.

«Nous poursuivons normalement nos activités. Cela n’affecte pas les soins que nous procurons aux autres patients.»

Suivi

Santé Canada est en train d’assister les autorités ontariennes avec le suivi des autres passagers qui étaient en contact étroit avec le cas.

«On a obtenu la liste des passagers et les autorités sont en train d’analyser la liste. On veut cibler les passagers qui étaient assis à deux mètres autour du malade. Il est possible que ceux-ci habitent une autre province ou territoire. Si c’est le cas, on va envoyer les renseignements aux autorités de cette province ou ce territoire», a dit le Dr Njoo.

Ces personnes feront l’objet d’un suivi au cours des 14 prochains jours afin de voir si elles présentent des symptômes de type grippal.

La maladie a tué 80 personnes dans ce pays. Près de 3000 cas, dont trois en France et cinq aux États-Unis, ont été recensés dans le monde. Malgré cela, L’Organisation mondiale de la santé n’a toutefois pas déclenché une alerte sanitaire à l’échelle mondiale.

Contrairement à ce qu’ont décidé de nombreux pays, le Canada n’a pas annoncé pour l’instant son intention de rapatrier ses ressortissants de Wuhan, a indiqué la ministre fédérale de la santé Patty Hadju qui participait à la conférence de presse.

En fin d’après-midi, Affaires mondiales Canada a publié un communiqué affirmant que «les agents consulaires canadiens suivent de près la situation et sont en contact avec les autorités locales et nos partenaires internationaux pour obtenir plus d’information et fournir du soutien dans la mesure du possible». Le Canada n’a pas de présence consulaire à Wuhan.

«Nous comprenons les préoccupations des Canadiens dans la région, ainsi que celles de leurs familles et de leurs proches. Nous sommes en contact avec les Canadiens qui sont sur place et leur fournissons de l’aide», écrit-on dans le communiqué.

Le Dr Njoo a dit qu’il ne serait pas surpris si d’autres cas étaient déclarés à court terme au Canada, «compte tenu des habitudes de déplacement» des Canadiens.

Il a tenu à rappeler que le nombre de cas à l’extérieur de la Chine demeurait peu élevé et que la propagation de ce virus «exige un contact étroit».

Les autorités fédérales ont aussi conseillé à l’ensemble des voyageurs canadiens de «toujours prendre des précautions contre les maladies respiratoires et les autres maladies pendant leur voyage».

«Il est très important qu’une personne tombant malade après un voyage informe à l’avance son fournisseur en soins en santé, y compris les ambulanciers, si elle a voyagé dans l’une des régions de Chine touchées et présente des symptômes de type grippal», a dit le Dr Njoo.

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DÉSINFORMATION

Avant même l’annonce d’un premier cas présumé identifié de coronavirus au Canada, la communauté médicale canadienne était sur un pied d’alerte, mais pas seulement à cause de la maladie.

Les responsables de la santé publique disent surveiller les réseaux sociaux parce que la désinformation est devenue une menace contre la prévention des maladies. Ils sont conscients des répercussions qu’une rumeur ou une fausse nouvelle peut avoir dans la lutte contre une maladie qui a affecté au moins 2000 personnes et tué plusieurs dizaines de malades.

«Dans le domaine des soins de santé, nous devons généralement lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux et sur tous les autres fronts. Ce ne sera pas différent dans ce cas-ci», dit le DSohail Gandhi, président de l’Association médicale de l’Ontario. 

De nos jours, il existe une pléthore d’endroits où les Canadiens peuvent obtenir des informations. Tous ne sont pas crédibles, toutes les nouvelles ne sont pas vérifiées par des experts médicaux. Un message relayé sur Twitter ou Snapchat peut convaincre quelqu’un de ne pas respecter une hygiène appropriée ou susciter la peur de contracter une maladie.

La désinformation sur les coronavirus est particulièrement importante à surveiller puisqu’on commence à peine à comprendre le problème. Les médecins et les chercheurs étudient toujours les origines du coronavirus, sa transmission et ce qui peut être fait pour l’éradiquer.

Pour lutter contre la propagation de la désinformation, le gouvernement fédéral garde le contact avec les médias ethniques et essaie d’être aussi transparent que possible avec des mises à jour sur la maladie, a mentionné la ministre fédérale de la Santé Patty Hajdu lors d’une conférence de presse à Ottawa dimanche.

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LE NOUVEL AN LUNAIRE CÉLÉBRÉ

Les célébrations entourant le Nouvel An lunaire se sont amorcées dimanche matin dans le Chinatown de Vancouver, mais au moins un événement a été annulé dans le reste de la Colombie-Britannique en raison des craintes soulevées par le nouveau coronavirus chinois.

L’association chinoise de Langley, dans les Basses-Terres continentales de la Colombie-Britannique, a même annulé son gala.

L’annonce d’un premier cas présumé de coronavirus au Canada a soulevé de nombreuses craintes au cours des dernières heures dans diverses parties du pays.

À Vancouver les activités se sont déroulées comme prévu.

Jason Ng y a participé en compagnie de sa femme, son père et son fils âgé de trois ans afin de voir son autre fils, âgé de cinq ans, qui dansait dans le défilé.

«C’est quelque chose que l’on garde en tête sans causer une trop grande inquiétude», a-t-il dit au sujet du coronavirus.

Un autre spectateur du défilé, Ethan Donnelly, portait un masque.

«Je voulais participer à la fête, mais il vaut mieux prévenir que guérir», a-t-il lancé.

Lui-même disait connaître quelqu’un qui a préféré chez lui en raison des craintes soulevées par le virus.