«Règne artificiel IV»: le froissement des méduses

«Règne artificiel IV» de Rosalie D. Gagné

Une nouvelle installation occupe le ciel du Studio, cet espace polyvalent récemment aménagé au Grand Théâtre de Québec. «Règne artificiel IV» de Rosalie D. Gagné comprend 45 organismes de plastique, semblables à des méduses, qui réagissent au passage des visiteurs sur les étages supérieurs.


Qu’on la regarde du rez-de-chaussée ou du 4e étage, cette constellation sous-marine est vertigineuse, mystifiante et vaguement inquiétante. Les créatures bleutées, transparentes, pulsent et s’agitent, transmettant leur nervosité à leurs voisines. Chacune d’elles est connectée par un tuyau à un grand système posé au plafond.

Rosalie D. Gagné compare la mécanique de son œuvre à celle d’un système vivant. «C’est comme si les capteurs étaient les organes de perception, qui prennent connaissance de ce qui se passe dans l’environnement. Puis ces informations sont envoyées au contrôleur, au circuit maître, qui est comme le cerveau. Celui-ci prend des décisions et envoie des influx électriques aux moteurs qui activent les organismes.»



Des capteurs détectent la présence de chaleur et de mouvement. «L’idée est de donner la sensation au spectateur qu’il va perturber l’activité de ces créatures-là par sa présence», indique l’artiste. Elle reproduit les comportements d’êtres vivants (un banc de poisson, par exemple) avec des moyens numériques. De la nature, elle emprunte aussi les formes, «d’une beauté et d’une justesse mathématique».

«Règne artificiel IV» de Rosalie D. Gagné

Une évolution

Les machines vivantes de Rosalie D. Gagné ont évolué depuis Règne artificiel I. Les premières créatures ressemblaient à des organismes unicellulaires. Trois mutations plus tard, elles ont grossi, se sont multipliées et ont raffiné leurs comportements.

Lorsque le silence se fait et qu’on tend l’oreille, on perçoit le bruissement des corps de plastique qui se plient et se froissent doucement. Le matériau a été choisi pour ses propriétés flexibles, mais créer des créatures marines artificielles avec une substance qui pollue et étouffe les océans a une portée plus large, qui incite à la réflexion. 

À voir les soirs de spectacle jusqu’au 3 mai. Il y aura une rencontre entre le public, l’artiste et la commissaire Ariane Plante le vendredi 7 février à 17h.