Les dirigeants des 29 États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont commencé à gagner Londres pour souligner le 70e anniversaire de l’«Alliance atlantique», créée au début de la guerre froide pour défendre l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest contre l’Union soviétique.
Plus récemment, l’OTAN a déployé des troupes en Afghanistan, renversé le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi, patrouillé au large de la Corne de l’Afrique pour lutter contre les pirates maritimes et mis en place une ligne de défense en Europe de l’Est contre les agressions russes. Le Canada a participé à tous ces efforts et à bien d’autres, notamment en dirigeant une mission de formation militaire de l’OTAN en Irak et en fournissant des avions de combat pour patrouiller l’espace aérien roumain et des frégates pour patrouiller en Méditerranée et en mer Noire.
Le premier ministre Trudeau rappellera ces contributions à toutes les occasions, cette semaine, en commençant par une rencontre avec son homologue néerlandais, mardi, avant que les dirigeants se réunissent officiellement à huis clos mercredi pour discuter de l’avenir de l’OTAN.
«Nous allons parler de ce que nous faisons déjà et de la raison pour laquelle ces choses comptent et pourquoi les contributions que nous apportons sont réelles et concrètes», déclarait un haut responsable gouvernemental lors d’une réunion de breffage vendredi dernier à Ottawa.
Le Canada sera toutefois sur la défensive, alors qu’il fait face à la pression de l’OTAN et des États-Unis pour augmenter ses budgets militaires. Tous les membres de l’OTAN avaient convenu en 2014 de consacrer à la défense 2,0 % de leur produit intérieur brut (PIB) d’ici 2024. Pourtant, le Canada devrait consacrer cette année environ 1,31 pour cent de son PIB à la défense, pour la deuxième année consécutive. Il figure toujours dans la moitié inférieure des membres de l’alliance, à la 20e place sur 29 pays.
Le Canada, un pays sérieux?
Les dépenses militaires du Canada devraient atteindre 1,4 pour cent du PIB en 2024-2025, même si le président américain, Donald Trump, presse Ottawa de faire davantage sa part. Le haut responsable du gouvernement rencontré vendredi n’a pas précisé si la Maison-Blanche avait envoyé une nouvelle lettre à Ottawa avant le sommet de cette semaine à Londres. «Mais je dirai que nos investissements dans l’armée et nos contributions à l’OTAN sont importants et que nous le préciserons très clairement et que nous continuerons à le dire chaque fois que ce type de questions sera soulevé», a déclaré le responsable.
De tels arguments sont peu susceptibles d’influencer M. Trump ou d’autres alliés de l’OTAN qui contribuent davantage. Le risque, c’est qu’à un moment donné, les États-Unis ne considèrent plus le Canada comme un pays sérieux en matière de défense et commencent à poser des gestes unilatéraux pour protéger l’Arctique, la frontière canado-américaine ou d’autres zones de préoccupation partagée - avec leurs propres militaires, selon leurs propres conditions.
L’OTAN elle-même a fait face elle aussi à des pressions ces dernières années, alors que les pays membres se demandaient comment traiter la Russie et la Chine, et que le président Trump soulevait des questions sur l’engagement de Washington à l’égard de l’alliance militaire.
«Mort cérébrale de l’OTAN»
Le mois dernier, le président français, Emmanuel Macron, a lancé un pavé dans la mare lorsqu’il a laissé tomber en entrevue qu’«on est en train de vivre la mort cérébrale de l’OTAN», en raison d’un manque de coordination et de communication entre ses membres. Il citait en particulier le retrait militaire américain du nord-est de la Syrie et l’invasion ultérieure de la région par la Turquie - sans aucune consultation avec les autres membres de l’OTAN.
M. Trudeau ne devrait par ailleurs faire aucune annonce au sommet de l’OTAN avant son retour au Canada, mercredi soir, juste à temps pour la reprise des travaux au Parlement jeudi. Le premier ministre cherchera plutôt à souligner l’importance de l’Alliance atlantique, considérée comme essentielle pour assurer la paix, la sécurité et une prospérité relatives en Amérique du Nord et en Europe occidentale depuis la fin de la guerre froide.